racine uZine

Imprimer
imprimer toute la rubrique
 
Les chroniques de Pierre Madrid
4 janvier 2001
Le Nouvel Observateur sent la poussière (1)
L’horreur journalistique, chapitre 1
 
par Pierre Madrid
 

 

Je suis passé à l’Obs cet après midi. J’ai été très gentiment reçu, mais il y a fort peu de chances que mes photos noir et blanc passent. Première raison évoquée : le chef, Perdriel, n’aime pas le noir et blanc. Tant pis pour l’info. Seconde raison, le papier les sort mal. Troisième raison : ça ne va pas à côté des multiples petites pubs en couleur.
A part ça l’ambiance est assez hall de gare. On discute dans les couloirs, c’est le pas de course. Heureusement qu’ils ne font pas un quotidien. Il fait trop (...)

 
lire la suite
18 décembre 2001
par Pierre Madrid
 

Les agences photographiques Sygma, Gamma et Sipa ont incarné pendant des dizaines d’années le photo-journalisme dans le monde entier. Les trois étoiles françaises de la photo ont été rachetées ces dernières années par des conglomérats de l’information. Qui s’apprêtent à licencier les photographes qui ont fait leur renommée et à s’approprier leurs archives. C’est la fin d’un monde, d’une vision du monde. L’annonce de lendemains qui ne chantent pas. Une défaite de l’intelligence et de la culture. Chronique d’un (...)

 
lire la suite
24 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 15
par Pierre Madrid
 

Voilà, c’est fini. J’arrête cette chronique qui raconte de l’intérieur la misère ordinaire, et sans rémission, des journaux. Avec une foule d’impressions que beaucoup auront trouvé sans intérêt. Cette chronique aura été comme un journal, un titre alléchant et un contenu modeste, quelquefois un peu médiocre, un peu léger. Drôle pour certains, pathétique pour d’autres, c’est à peu de choses près ce que je me dis quand j’achète un canard : un contenu modeste, quelquefois un peu médiocre, un peu léger, et rarement (...)

 
lire la suite
23 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 14
par Pierre Madrid
 

Chers tous, j’aurais voulu vous parler de tous les autres titres qui font l’honneur et l’avancée intellectuelle considérable de notre pays, la gloire de notre profession, de notre corporation plutôt. On a l’esprit de corps dans la profession, comme les flics et les enseignants, on couvre tout, quoi qu’il arrive.
Dans la presse, ceux qui sont dehors veulent rentrer, ceux qui sont dedans veulent rester, parce que les pseudos ça sert pas qu’à protéger les vengeurs masqués. Au quotidien, ça permet de (...)

 
lire la suite
22 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 13
par Pierre Madrid
 

« La presse redécouvre le photojournalisme. » Non, non, vous ne rêvez pas ! C’est le titre du quotidien de référence, « Le Monde », le 8 novembre dernier, qui annonce la sortie de son petit frère « Le Monde 2 ». Et c’est signé par l’ami des photographes, Michel Guerrin. Bon là j’y comprends plus rien.
J’étais persuadé que la presse dans son ensemble publiait des photos de photojournalistes. Alors c’était quoi, des photos de vacanciers, de plombiers en voyage ? Toutes ces finesses sont un peu trop compliquées (...)

 
lire la suite
19 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 12
par Pierre Madrid
 

La vie change, ça vous le saviez déjà. Eh bien La Vie Catholique c’est pareil. À un poil près, même si quand on le regarde on ne s’en aperçoit pas tout de suite. Ça ressemble au Pélerin en moins moderne, et avec un papier moins beau. Mais faut pas le dire, c’est le groupe concurrent qui l’édite. C’est un journal, je me demande toujours comment il vit, à force de ne le trouver nulle part.
Vous me direz que j’ai pas les bonnes fréquentations. Vous aurez raison. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Quand (...)

 
lire la suite
13 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 10
par Pierre Madrid
 

L’équipe a renouvelé ses effectifs en embauchant des jeunes. Mais sont-ce de vrais djeunes, et que peuvent-ils faire vraiment ? La cheftaine du service photo est incontournable. Comme elle est d’une grande prétention depuis qu’elle est chef et depuis qu’elle écrit des papiers sur la photo dans son journal de retraités pas encore morts, et que c’est devenu une pointure en créant un magazine photo pas encore mort lui non plus : c’est le calvaire.
Pour publier il faut soit être très patient, soit très (...)

 
lire la suite
13 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 11
par Pierre Madrid
 

C’est loin d’abord, pour aller montrer des photos dont on sait d’avance qu’elles n’ont qu’une infime chance de passer. Quand on se lève le matin, ça ne motive pas. Match est installé à Levallois, dans une « Yuppie-Valley » aseptisée, qui est à la communication et aux entreprises de la nouvelle économie ce que La Courneuve a été en son temps pour les mal logés du centre-ville : une espérance de confort et de bien-être au quotidien.
L’entrée est somptueuse, en face deux hôtesses plus ou moins souriantes (...)

 
lire la suite
12 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 7
par Pierre Madrid
 

L’Huma est mort mais son cadavre bouge encore. C’est ainsi qu’on pourrait résumer la survie de ce journal. L’ambiance n’est pas au beau fixe, entre les nouveaux arrivés plein d’espoir au début et un peu déprimés à l’arrivée, on se demande si tout le monde n’attend pas dans son siège d’être licencié pour se refaire une vie ailleurs et oublier.
A la photo, c’est pas trop différent. Il faut chercher en vain au fond de l’oeil de son interlocuteur la lueur de « révolution prolétarienne », le regard sympathique de « (...)

 
lire la suite
12 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 9
par Pierre Madrid
 

J’ai rendez-vous avec La Croix. J’angoisse un peu à l’idée de l’accueil que je vais recevoir. L’entrée est en simili marbre, l’accueil ennuyé. Il y a au dessus de la tête de l’hotesse black à tresses décolorées un panneau qui prévient que le batiment est sous surveillance vidéo, comme dans les banques ou les supermarchés. Ca rend l’accueil moins sympa. Déjà qu’elle a l’air d’enregistrer des poireaux après la pesée. Il faut laisser ses papiers comme à la préfecture et prendre un badge, puis un tourniquet.
C’est (...)

 
lire la suite
12 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 8
par Pierre Madrid
 

Chez Karl Zero, c’est comme au supermarché. Il y a des chefs de service et le chef de rayon. Dans la grande distribution comme dans la presse, ce qui revient de plus en plus au même, il faut « gérer » les stocks. Rien de mieux dans ces cas-là qu’un grand manitou, un chef d’orchestre, un gourou. Ou tout à la fois.
C’est exactement le cas au Vrai journal. A la nuance près qu’un gourou normal est rare, discret, effacé. Le Karl lui est tonitruant, omniprésent, quasi partout. Il fait maintenant partie du (...)

 
lire la suite
11 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 6
par Pierre Madrid
 

Bonjour, je voudrais parler à Machine. Bon, je rappellerai. Bonjour, je voudrais parler à Machin. Bon, je rappellerai. Bonjour, je voudrais parler à Machine. Bon, je rappellerai.
Je ne sais pas ce qu’ils foutent à l’Express, mais y a jamais moyen de les joindre. Quand enfin on y arrive, il faut toute la persuasion et l’énergie du monde pour arriver à leur parler plus d’une minute. Ils sont une floppée, tous plus occupés les uns que les autres, avec chacun des piles de photos urgentes à classer. La (...)

 
lire la suite
10 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 5
par Pierre Madrid
 

Quand je reconnais sa voix au téléphone, je me retiens pour ne pas soupirer trop fort. Elle est bavarde, genre crécelle-crétine. A tous les coups elle va me demander un truc que j’ai pas, la photo terrible et très simple à la fois.
Ca ne loupe pas. Je n’ai jamais ce qu’elle me demande. Ce n’est pourtant pas faute de venir montrer, de dire ce que je fais. Et ben non, elle me demande toujours des photos que je n’ai pas. Et pour finir, deux jours plus tard, je découvre dans le journal qu’elle a fini par (...)

 
lire la suite
9 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 4
par Pierre Madrid
 

Ca ressemble à un parking où il n’y a pas assez de place pour tout le monde. Les places sont chères. Il y a des embouteillages pour y arriver, mais quand on a fait trois fois le tour on veut plus en sortir. De l’extérieur, c’est propret. A l’intérieur c’est moins terrible, mais y a que ça dans le quartier et tout le monde est persuadé que c’est ce qu’il y a de mieux, alors dans la fumée, sans savoir où on va on prend son tour.
Pour s’y faire une place quand on est photographe c’est pareil, faut (...)

 
lire la suite
8 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 3
par Pierre Madrid
 

Ca y est, les photos sont faites. Mais j’ai encore failli me gaufrer ! J’avais oublié le papier où j’avais marqué toutes les adresses. Heureusement j’avais noté tous les détails dans mon agenda au fur et à mesure des rendez-vous pris. L’inconscient c’est à double tranchant.
J’ai fait mes images, je suis content. J’aime bien les gens que j’ai rencontrés. Ils ont l’air heureux, chacun à leur place. Ils ont l’air de faire ce qu’ils aiment. Ils ont été gentils, se sont prêtés au jeu. Par contre je suis un peu (...)

lire la suite
5 janvier 2001
L’horreur journalistique, chapitre 2
par Pierre Madrid
 

A 19h13 je trouve sur le répondeur de mon téléphone portable un message me demandant de rappeler urgemment le service photo du Nouvel Obs. A 19h26 je rappelle, faisant fi de la soupe que j’ai à préparer et des courses à faire.
Mon esprit s’élève. Je rappelle dans l’allégresse. Aurais-je été choisi entre tous pour mener à bien une mission particulièrement difficile ? Oui c’est bien le cas. Nous sommes jeudi. Je dois faire un portrait le lendemain, puis encore un autre, puis probablement d’autres photos (...)

 
lire la suite
SPIP
Web indépendant