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vendredi 5 janvier 2001

Le Nouvel Observateur sent la poussière (2)

L’horreur journalistique, chapitre 2
par Pierre Madrid

A 19h13 je trouve sur le répondeur de mon téléphone portable un message
me demandant de rappeler urgemment le service photo du Nouvel Obs.
A 19h26 je rappelle, faisant fi de la soupe que j’ai à préparer et des
courses à faire.

Mon esprit s’élève. Je rappelle dans l’allégresse. Aurais-je été choisi
entre tous pour mener à bien une mission particulièrement difficile ? Oui
c’est bien le cas. Nous sommes jeudi. Je dois faire un portrait le
lendemain, puis encore un autre, puis probablement d’autres photos
encore. Mais ma charmante interlocutrice ne sait pas trop encore. Elle
n’a pas lu les papiers qui sont en cours d’écriture. J’accepte.

Avec 2 photos je paye presque mon loyer. Avec 3 mon loyer et la moitié de ma
note de téléphone en plus. A partir de 4 je rembourse mes dettes. Comme
ça pue la poussière chez eux je déposerai les photos à l’accueil ou un
coursier passera les chercher chez moi. Hier je disais que je n’y
mettrai plus les pieds. Même plus besoin puisque c’est eux qui
m’appellent.

De toute façon on ne va pas avoir le temps de tergiverser. On est jeudi
soir et je dois rendre toutes mes photos lundi et mardi matin. Le
bouclage a lieu mardi soir. En combien de temps est-ce qu’un
hebdomadaire se fabrique ? C’est une question qui mériterait d’être
posée dans les écoles de journalisme, et accessoirement aux pigistes.

Concernant les photos en question, et si je compte bien, ça fait 5 jours
dont 2 ouvrables. Mais comme chez moi aussi ça sent la poussière, si je
fais de belles images, je vais pouvoir m’offrir un aspirateur.
Allez j’déconne, en vérité j’ai toujours rêvé d’avoir mes photos encadrées de pages de pub
pour des restos. De pouvoir raconter à mes petits enfants que dans mon
jeune temps j’ai collaboré avec un journal de gauche qui offrait des
pantoufles, des vibromasseurs et des postes radio, des abonnements à
internet gratuit pour ses nouveaux abonnés.

Allez j’déconne. J’ai toujours rêvé de rencontrer Jean Daniel, ce
monument de la pensée et des courants d’opinion français. Un homme
courageux et lucide. Respecté et admiré de tous pour ses positions plus
qu’ambigües sur les étrangers et les sans papiers. Bon, voilà je mets un
poil de torse dans l’engrenage de la machine jusqu’à lundi et après je
reprends la poudre d’escampette pour retourner vers les "vrais gens",
hors actualité.

Elle est pas belle la vie en technicolor ? Chut ! Il faut que je me
concentre. On m’a demandé des portraits de vrais gens vraiment
formidables, avec des belles couleurs, des belles lumières, etc... Tout
ça pour le mettre entre deux pages de pub pour bagnoles et deux pages de
parfum Truc. Truc, vous savez, celui qui obtient une grâce pour ses
impôts grâce à Schmoll qui est aussi le mari de Bidule. Mais si, vous
savez, des copains de Jean Daniel. Allez, j’déconne, je vais essayer de
ne pas oublier de mettre un film dans mon appareil. Les actes manqués,
ça arrive même avec des journaux qu’on adoreeee. Ca reste entre nous,
j’vais encore passer pour un dingue.

 
 
Pierre Madrid
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Photographe

18 décembre 2001
 
SPIP
Web indépendant


Des chiffres objectifs qui en surprendront plus d’un
8 janvier 2001, message de Emmanuel Marin
 

Ainsi donc le Nouvel Obs ne serait qu’un
catalogue de pub...

Prenons alors le Nouvel Obs en kiosque et
feuilletons. Que trouve-t-on ? Par exemple,
que de la page 36 à la page 68 il n’y a pas
la moindre page de publicité. Et encore aucune
de la page 70 à la page 82. Et la page 69
n’est pas une pub à photo "agressive" mais
la fameuse page des petites annonces douteuses
(le numéro de page est-il un gag du maquettiste ?)

Bref, les dossiers sur les villes de l’extreme
droite, le conflit israelo-arabe, Emile Louis
et bien d’autres choses encore, ne sont pas
encadrees par des pages de pub non, loin de
là... De la page 36 à la page 82 (presque
50 pages, donc), toutes les photos sont des
photos ayant trait à un travail de journaliste,
pas de publicitaire. Pas de confusion possible.

Seul le dossier sur le stress, annoncé en
une, a beaucoup de publicité du point
de vue de la densité.

En résumé, le Nouvel Obs, c’est donc cette semaine
en tout cas, 100 pages dont 18 de publicité.

A vous d’en déduire ce qu’il faut en déduire
sur l’objectivité de cette chronique d’Uzine.

Je ne serais pas étonné d’ailleurs que le
Nouvel Obs soit en fait l’un des newsmagazines
français avec le plus de pages d’articles
sans coupure pub...

(PS : Le groupe LVMH a retiré son budget
publicité du Nouvel Obs suite à un article
de celui-ci osant parler de la stratégie
Internet de B. Arnault sous un jour trop
critique, peut-être dans les numéros précédents
faut-il donc ajouter quelques pages de pub
par rapport aux numéros récents).

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> réponse à "Des chiffres objectifs qui en surprendront plus d’un", Fabien, 8 janvier 2001

Je ne sais pas si dans ma campagne natale on veut nous familiariser avec le grand luxe plus qu’ailleurs mais, dans le dernier "Obs" que j’ai lu, il y a de cela moins d’un mois, il me semble que nous n’ayons pas eu la chance d’avoir le même nombre de pages de publicité. En effet, j’ai pu compter prè de 40 pages de pub, contre un peu plus de 70 pages de rédactionnel, ce qui fait dans les 35% (de tête). Pourtant, je suis à peu près sûr de n’avoir pas confondu l’éditorial de Jean Daniel avec les belles pages ventant les mérites du dernier parfum de Défréchy ou ceux de la Penault Pruno. Il me reste quand même une explication possible de mon erreur : il y a quelques pages intitulées "choses de la vie" _mais sûrement pas une vingtaine_ qui ressemblent, on ne peut le nier, un peu plus à de la promotion pour LVMH qu’à une quelconque enquête traitant d’un problème de société.
Auriez vous compté, par hasard, les pages de pubs de l’excellent TéléObs ? Mais il me semble qu’il comporte un peu moins d’une centaine de pages...

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La peur de savoir ?, 8 janvier 2001

Le Nouvel Obs en question est encore en kiosque.
Les 50 pages sans la moindre pub y sont, vous
pouvez juste feuilleter pour vérifier, vous
n’êtes même pas obligé de l’acheter.

Il faut simplement savoir remettre en question
ses idées reçues, et il est notoire que c’est
très difficile.

Pour ma part, répondez moi en e-mail dorénavant
si vous voulez que je sois sur de lire, je
considère hélas de mon bref séjour sur Uzine
que c’est une sorte d’Usenet fr.* sans les
avantages...

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> Le Nouvel Observateur sent la poussière (2)
5 janvier 2001
 

Comme d’autres l’ont fait remarquer, cet article est sans intérêt. On pourrait appeler ça "Oui-Oui fait du journalisme". On apprend qu’un magazine éh ben ça ressemble beaucoup à une boîte. Il y a des gens qui fument devant la machine à café, des gens qui se font chier, d’autres qui s’échangent des ragots. Comme dans la vraie vie, quoi. C’est dingue.

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> Le Nouvel Observateur sent la poussière (2) , Lefayot, 8 janvier 2001

Je suis assez d’accord avec Antoine. Il est bon de savoir qu’on s’emmerde dans un journal. Il est bon de savoir que c’est une entreprise comme une autre. Je n’ai pas eu la chance de pénétrer dans le saint des saint, et c’est toujours agréable de trouver confirmer ce que l’on subodorait.

Il est bon de savoir que l’ennui, la soumission, et disons le, la médiocrité accouche d’un journal médiocre. Et veule. A force de théoriser à outrance, on perdait cette vérité première de vue.

Et pourquoi le Nouvel Obs’ ? Parce que c’est le plus beau fleuron de la presse de gauche propre sur elle qui se ment à elle-même (dans le meilleur des cas) et qui se permet de prendre la pose pour faire la leçon. Alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi. Et une plongée dans cet univers impitoyable (quoique chiant) n’est pas - dans cette optique - inutile. Au contraire.

Quant à ceux qui protestent que cet article n’apporte rien, ni infos, ni éclairage nouveau, ils faudraient bien qu’ils comprennent qu’il n’y a rien de neuf à ajouter. Pas de complot, pas de machiavélisme : une simple soumission morose, un conglomerat d’esprits passables et soumis au quotidien. Tout a déjà été dit, mille fois. Ok, c’est banal. Mais c’est cette banalité même qui est symptomatique. Il n’y a que la presse a tenter de nous faire croire le contraire. En ce sens, cette série d’articles est salutaire ...

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> Le Nouvel Observateur sent la poussière (2) , Catherine Schratz, 12 janvier 2001

Il n’y a pas qu’à la rédaction d’un journal qu’on s’emmerde. On s’emmerde en beaucoup d’autres lieux, notamment à uZine2, et gravement, depuis la première chronique de Pierre Madrid.

Je ne rappellerai pas en détail les critiques : non informatif, cancanier, insignifiant, superficiel et absolument sans surprise. En outre, dépourvu de la vraie férocité ou du talent humoristique qui fait tenir ce genre de papier debout tout seul - quel que soit le sujet.

D’abord on se demande : "Pourquoi ces textes ?" et ensuite : "Pourquoi ici ?", et enfin : "Encore une ?"

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On règle ses comptes sur Uzine2 ?
5 janvier 2001, message de Pieu
 

Après la charge de Marc Laimé contre "99 francs", voici Pierre Madrid qui attaque le Nouvel Obs (Que je méprise tout autant que lui mais là n’est pas la question).
Quel est le but de cette série d’articles à l’écriture facile mais sans informations capitales ?
C’est devenu la tribune du fiel ?

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> On règle ses comptes sur Uzine2 ?, 5 janvier 2001

C’est agréable à lire, mais ça manque effectivement d’info. Je ne dirais pas qu’on est pas là pour s’amuser, mais si les rédacteurs d’uzine2 se mettent à parler pour ne rien dire, on va confondre avec le nouvel observateur. Mais moi, l’internaute anonyme, je te pardonne pour cette fois, parcequ’il est toujours courageux du dire du mal de ses patrons. Mais SVP, pour la prochaine fois, on veut des faits, de la reflexion, des prises de positions, un éclairage nouveau et personnel sur un monde de plus en plus incompréhensible, injuste, mais aussi de plus en plus passionnant...

Question : est-il possible de faire un journal indépendant et/ou intéressant, sinon esthétique, bourré de publicités ? Pourquoi est-ce que l’on a l’impression que les auteurs de la plupart des articles de l’obs se font chier en les écrivants ? Pourquoi est-ce que les autres auteurs (ils se reconnaîtront) continuent à se déshonorer en écrivant pour ce titre ? Pourquoi est-ce que je ne trouve aucun hebdomadaire qui m’intéresse dans les kiosques (à part Politis, Charlie et le Canard, à la rigueur et pour être gentil) ? C’est encore la fote au kapitalisme ?

Signé :
Un lache anonyme qui critique comme il le pense...

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> On règle ses comptes sur Uzine2 ?, 5 janvier 2001

Eh les gars, je croyais que uZine voulait renouveler le journalisme, pas le ragotage. Tu vouvoies Machine, c’est bien. Tu trouves que Jean Daniel se la pète, c’est bien. Quelles analyses fines. Quelles montagnes d’infos. On dirait "Sur la télévision" : deux impressions, un curriculum vitae qui en impose ("je suis journaliste, je sais de quoi je parle"), un peu de haine et voilà.
Et après ? Tu vas révolutionner le Nouvel Obs ? Lancer un autre hebdo ? Devenir chroniqueur mondain spécialisé dans les petites histoires du deuxième arrondissement ?

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> On règle ses comptes sur Uzine2 ?, Albert Dakar, 5 janvier 2001

"Sur la télévision" allait beaucoup plus loin que ce que vous semblez
en retenir.
Il parlait, par exemple, du dispositif d’interview, dispositif scénique et
dispositif de pouvoir. Une analyse évidente, mais malgré tout pas très courante.
Et puis il ne faut pas oublier que, pour un intellectuel français de gauche, la
télévision n’est qu’un objet de mépris, et beaucoup plus rarement un objet
d’étude, : ) Contrairement à ce qui se passe aux Etats Unis, où on a compris
que le combat, l’effort critique, devait concerner principalement le
média dominant, c’est-à-dire la télévision. Et non pas se focaliser uniquement
sur les quelques journaux lus par une minorité de gens aisés et cultivés.
Ce qui n’a pas grand intérêt.
Ceci dit, j’aime bien les tribulations de Pierre Madrid en Madridie.
C’est sympathique à lire. C’est vrai que c’est un peu frustrant parce que l’on
attend un peu plus de description des journaux, de leur fonctionnement, et
un peu moins d’états d’âme, mais bon. Peut-être que ça changera dans les
prochains épisodes.

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> On règle ses comptes sur Uzine2 ?, Antoine, 6 janvier 2001

Et puis il ne faut pas oublier que, pour un intellectuel
français de gauche, la télévision n’est qu’un objet de mépris, et beaucoup
plus rarement un objet d’étude

Il y a même des soi-disant intellectuels, soi-disant de gauche, qui encensent
la télévision ! Cf. l’inénarrable Dominique Woltouze...

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> On règle ses comptes sur Uzine2 ?, 2000, 17 janvier 2001

on dirait que quelques intervenants concernés au premier chef soient effarouchés par ces chroniques plutôt marrantes et pétries de mauvaises foi. Donne l’impression que tout le monde se soumet à la méthode unique (copinage etc...) de fonctionnement de ces institutions et s’énerve lorsque un intrus lève le voile et décrit les arrières cuisines.

Encore une fois, personne ne vous force lire cs chroniques et ce genre d’endroit est idéal pour ces billets d’humeur.

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