racine uZine

Dans la même rubrique
Les médiateurs, nécessaires garants de la médiation
12 février 2001
28 janvier 2001
 
lundi 29 janvier 2001
Oubliez les « dérives », c’est la liberté qu’il faut dénoncer !

Val et Wolton font du bateau...

par ARNO*

Le 24 janvier dernier, une semaine après avoir réussi l’exploit d’insulter plus d’un million de français (tarés, nazis, paranoïaques...) au seul motif qu’ils avaient un « petit site Web personnel », Philippe Val était interviewé au téléphone par Pierre Assouline en direct sur France Culture (un Philippe Val qui eut droit à une introduction à peine enthousiaste : « On peut dire qu’il est passé maître en matière de contestation, Philippe Val, râleur professionnel, opposant quasi maladif à tout esprit grégaire... »). Après avoir répété ses conneries, avec des amalgames finauds (« c’est vraiment la Gestapo ! », « on se croirait dans l’affaire Dreyfus ! ») et nous avoir rendu un hommage appuyé (« Regardez, "minirézo", comment ça s’écrit : "M-I-N-I-R-É-Z-O", c’est de la novlangue d’Orwell ! On est en plein 1984, quoi... »), l’ami Val recevait les félicitations de l’ami Assouline : « En tout cas, il fallait oser le dire, parce que vous êtes l’un des rares à oser le dire et à oser l’écrire. » Supposément rougissant au téléphone, l’oseur Val conclut sobrement : « Ben... peut-être qu’à un moment donné ou à un autre, quand une chose prend une telle place dans les rapports entre les gens, et dans la société, faut mettre en doute quelque chose, sinon à quoi on sert ? »

Le 26 janvier, l’ami Val recevait le « fraternel soutien » de l’ami Marcelle dans Libération (oui, le canard avec lequel Charlie cobrande ses bandeaux de pub, oui, le même Marcelle gratifié des félicitations de Val au bas d’un édito lorsqu’il est passé de la rubrique Livres à une chronique quotidienne, le même Marcelle qui préfaçait le hors-série de Charlie Hebdo consacré à la télévision...) pour avoir osé poser une « question judicieuse ».

Décidément, pour susciter le soutien confraternel d’autant de grands médias en si peu de temps, le judicieux râleur professionnel avait dû faire preuve d’un courage d’airain, prendre la parole « à un moment donné » pour dire stop ! Stop à tout ce consensus médiatique qui n’arrête pas de répéter, inlassablement, qu’internet c’est génial parce que les citoyens peuvent s’y exprimer (c’est vrai, à la fin, ça ne cause que de ça dans les journaux !). Bien évidemment, tous ces fraternels chroniqueurs de médias « cousins » ont omis de rappeler qu’à l’origine, il s’agissait d’une petite gueulante de la part de lecteurs de Charlie contre l’introduction de la publicité dans leur hebdomadaire qui avait déclenché les foudres de Val – comme quoi, le courage des uns s’arrête là où commence le copinage avec les autres.

On ne peut donc être qu’ému devant autant de courage (décider de perdre un million de lecteurs quand on n’en a plus que 50 000 en les traitant de tarés nazis paranoïaques, c’est effectivement courageux).

Sauf que ben oui mais non, Val n’est ni le seul, ni le premier, et encore moins « un des rares » : depuis quelques mois, c’est toute la presse « de gôche » qui dénonce l’internet parce qu’il permet à « n’importe qui de dire n’importe quoi ». C’est là l’unique raison pour laquelle il faut continuer de pointer les délires de Val et de ses acolytes : qu’il nous pète un boulon au sujet du net, ça n’a rien de nouveau. Mais la thématique qu’il a développée tombe en plein dans ce que Marc Laimé nomme « les nouveaux marqueurs sémantiques ». Ce dernier avait en effet pointé, dans son article « La grande peur des bien-pensants », ces nouveaux thèmes répressifs développés par les éditorialistes. C’est là le fond de la question.

Auparavant, les discours répressifs qui visaient l’internet dénonçaient de véritables dérives de l’expression publique. Certes ces dénonciations étaient outrées, exagérées, montées en épingle, mais les faits dénoncés étaient, dans l’absolu, des faits indéfendables : pédophilie, néo-nazisme. Dénoncer les pédo-nazis à tout bout de champ, à la longue ça prête à sourire, mais après tout, les pédo-nazis c’est pas bien. On a eu aussi droit à de nombreux discours sur les droits à l’image, le droit des marques, les droits d’auteurs... toutes choses à la gravité nettement surestimée, mais dont la dénonciation est fondée sur nos lois. Clairement, c’étaient bien des « dérives » (délits, crimes) de l’expression publique qui étaient pointés.

Mais depuis quelques temps, nombre d’éminents journalistes (souvent au passé trouble d’agitateurs gauchistes, c’est bien le comble) ne s’attaquent plus aux « dérives » réprimées par la loi, mais à la liberté d’expression elle-même lorsqu’elle est accessible à tous les citoyens. C’est un changement d’angle d’attaque inouï, ultra-réactionnaire (mais je crois qu’ils ne s’en rendent pas compte) et anti-démocratique. En clair : lorsque la parole publique est réservée aux professionnels, tout va bien ; quand tous les citoyens peuvent s’exprimer publiquement, c’est le chaos, l’anarchie (dans son acceptation négative), la fin de haricots.

L’idée que la liberté d’expression laissée aux mains des citoyens est une chose forcément néfaste est désormais l’idée la plus répandue dans l’Hexagone. Un phénomène ahurissant, qui aura la particularité d’être franco-français : si dans tous les pays du monde, on s’interroge sur les dérives possibles de la liberté d’expression, en France c’est le principe même de la liberté d’expression des citoyens qui est critiqué !

Au rayon « j’ose et j’assume », Dominique Wolton se lançait déjà courageusement « à contre-courant » dans Libération, deux ans avant Philippe Val : « Sans que presque personne ose les [les NTIC] critiquer, ni se poser la question de savoir si elles méritent une telle place dans l’espace public » ; le lecteur attentif remarquera qu’en mettant bout à bout la phrase d’Assouline et celle de Val, on obtient le résultat suivant : « En tout cas, il fallait oser le dire, parce que vous êtes l’un des rares à oser le dire et à oser l’écrire : / quand une chose prend une telle place dans les rapports entre les gens, et dans la société, faut mettre en doute quelque chose ». Ou comment, à deux années d’intervalle, on peut dire exactement la même phrase en ayant l’air d’oser...

Dans toutes ses déclarations, Val tombe systématiquement dans les « nouveaux marqueurs sémantiques » pointés par Marc Laimé. Tout y passe, et souvent mot pour mot...

Bien entendu, « ami lecteur » (comme aime à t’interpeller Philippe Val), tu n’es qu’une bande de cons. Si Val a cru déceler en toi « la psychologie rudimentaire de l’internaute de base, agité par les deux instincts les plus primitifs : le rut et la domination », d’autres l’ont précédé. Selon Wolton (Libération) : « personne n’est un citoyen mondial intéressé par la totalité du monde » ; personne, donc pas vous. Si vous n’êtes pas un citoyen mondial intéressé par la totalité du monde, qu’êtes-vous d’autre qu’un crétin reclus dans son coin qui ne s’intéresse à rien ?

Pierre Marcelle confirme : « on vérifie vite qu’il y a sur la Toile plus de cons et de salauds que d’honnêtes gens ». Notez que, lorsqu’on parle de proportions, ça passe déjà mieux : le con de l’internet, avec un peu de chance, ça n’est peut-être pas vous.

On s’est amusés à suivre les débats que notre article a provoqués sur la liste Jliste, peuplée de journalistes : au plus fort de la polémique, la question centrale est : « cet article - « Val tragique à Charlie, un mort » - fait 45 000 signes, est-ce que ça n’est pas un peu long, les gens ne peuvent pas comprendre. »

Bref, un article trop long pour vouzautres, bande d’ahuris, qui en plus aurait dû parler un peu plus fort « parce que, pour se faire entendre quand on est petit dans le monde ultralibéral, il faut parler avec vigueur » (Pierre Marcelle). Vous n’êtes pas que des cons et des salauds, vous êtes également sourds.

Val enfonce le clou sur France Culture : « en plus, on peut parler de n’importe quoi, bon, tout le monde s’en fout un peu ; mais alors ça... ». Val nous cause dans le poste des chasseurs, des corridas, de Dominique Voynet, et tout le monde s’en contrefout. Ingrats de lecteurs ! On dirait du Knobel (« Non à l’internet de la haine », Libération, 21 juillet 2000) : « Comme si peu leur importait que le nazisme soit une barbarie ! Peu leur importe que des dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants aient été tués au nom d’idéologies monstrueuses, dans des brasiers immenses ou dans les dédales des usines de la mort ! Peu leur importe que le racisme ait été la cause d’innombrables malheurs et souffrances ! » Bref, tout le monde (sauf Val et Knobel) s’en fout de tout : des corridas au nazisme, rien ne nous intéresse (sauf le cul et les bourses). Jésus Christ et la caravane passe.

Mais le pli est pris : laissés face à leur libre arbitre, les lecteurs sont de dangereux tarés qui risquent de croire, s’ils le lisent sur le réseau, que la Terre est plate. De fait, il semble que le rôle des médias traditionnels consiste désormais à mettre au niveau de ces crétins de lecteurs une information trop compliquée.

Fort logiquement, tous les groupes de pression s’emparent de cet a priori abject pour obtenir des décisions de justice, sur la base de la présupposée immaturité des utilisateurs. L’association IRIS dénonçait, suite au jugement Yahoo, « une non-réponse technique infantilisante » : « Ce jugement les réduit à la condition de mineurs irresponsables soumis à un système de filtrage logiciel sur mots-clés. Il prive surtout des êtres humains de leur bien le plus précieux : leur capacité de citoyens à penser une communauté universelle refusant le racisme par d’autres moyens qu’un ensemble de filtres techniques. »

Voilà ce que nous sommes : des mineurs irresponsables.

Qu’obtient-on, si tout le monde accède à cette liberté définie par l’article 11 de notre Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ? Forcément n’importe quoi...

Si, pour Françoise Giroud, « l’internet [...] est un danger public puisque ouvert à n’importe qui pour dire n’importe quoi » (Le Nouvel observateur, 25 novembre 1999), Jean-Claude Guillebaud se demande gravement « comment organiserons-nous une résistance de l’esprit face à ce possible n’importe quoi ? » (Le Nouvel observateur, 18 novembre 2000) et, pour Pierre Marcelle, « En ce bordel ambiant, tous les arguments sont réversibles. » Val résume sur France Culture : « la langue qui s’emploie sur le net, c’est des... c’est une... enfin comment dire, c’est une pensée médiocre, quoi. C’est la langue médiocre d’une pensée médiocre. C’est médiocre en général, c’est terrifiant. C’est un bavardage, c’est euh..., c’est l’illustration de l’industrie culturelle qui prospère sur le divorce entre l’homme et la culture, quoi. C’est, c’est... »

« N’importe quoi, n’importe qui, possible n’importe quoi, bordel ambiant, médiocre », on comprend que l’expression publique offerte au plus grand nombre ne peut être qu’une cacophonie. Tout ce que peuvent produire les citoyens lorsqu’ils s’expriment, c’est donc une cacophonie médiocre.

Wolton est, encore une fois, le plus clair sur ce point : la liberté d’expression c’est bien joli, mais refiler ça à cette bande de cons que sont les gens, c’est une perte de temps absolue : « Cela flatte les rêves de liberté individuelle. Mais c’est illusoire. » (Libération). Vos libertés individuelles, on vous les donnera quand vous serez grands (c’est-à-dire journaliste encarté).

Mais le thème central de la nouvelle thématique répressive, c’est l’anonymat. Nos nouveaux spécialistes surmontent cette contradiction épatante : d’un côté l’internet permet le flicage de nos vies par une tripotée d’intervenants (marchands, services secrets, police), d’un autre on pourrait s’y livrer avec facilité aux délits les plus abjects dans l’anonymat le plus total.

Qui dit anonymat, dit impunité, dit lettres anonymes, dit Gestapo...

Philippe Val explique : « C’est là où, sans preuve, anonymement, sous pseudonyme, on diffame, on fait naître des rumeurs, on dénonce sans aucun contrôle et en toute impunité. Vivre sous l’Occupation devait être un cauchemar. On pouvait se faire arrêter à tout moment sur dénonciation d’un voisin qui avait envoyé une lettre anonyme à la Gestapo. » Il récidive sur France Culture : « J’ai lu des choses sur moi, ils ont été chercher même dans ma vie personnelle, enfin c’est incroyable, c’est vraiment la Gestapo, quoi ! »

On se souvient que cette thématique de l’anonymat est la base du discours sur l’identification obligatoire (amendements Bloche) et de la volonté de responsabiliser les intermédiaires techniques. C’est toujours le même vieux mensonge technique. Rappelons donc l’évidence, d’ailleurs signifiée par un juge de Nanterre en janvier 1999 : « L’anonymat des éditeurs de site est donc des plus précaires et ne peut être considéré, à lui seul, comme favorisant l’émergence de sites illicites ». En clair, sur l’internet, vous n’êtes pas anonyme. Tout ce que vous pouvez faire, c’est user d’un pseudonyme, sachant qu’une enquête de police pourra vous retrouver. On pourra avantageusement se référer aux explications suivantes : « L’"anonymat" au croisement des bases de données ». On y verra en particulier que réclamer la fin des pseudonymes et l’identification systématique est, justement, ce dont rêvent les marchands.

Mais, à lire la presse, la possibilité nouvelle pour les citoyens d’accéder directement à l’expression ne peut aboutir qu’au retour de l’Occupation. Chacun en profiterait (sous couvert d’un anonymat qui n’existe pas) pour dénoncer, calomnier, répandre des rumeurs...

Surtout, cet accès nouveau à l’expression publique, ça n’est pas un progrès démocratique : c’est un piège du libéralisme !

Pourquoi ? Parce que les publicitaires et les libéraux se prétendent eux aussi partisans de la liberté d’expression.

Philippe Val « ose » s’élever contre cette confusion : « Séduisant, parce qu’une fois de plus on confond - et toute la publicité pour Internet encourage cette confusion - le sens du mot "liberté" avec le sens politique qu’a pris le mot "libéral". Internet, c’est sauvagement libéral. » Il se contente là de paraphraser très exactement Laurent Joffrin du Nouvel Observateur, commentant l’affaire Yahoo : « Aussi respectables qu’ils soient, les libertaires, dans cette occurrence, ne sont que les éclaireurs involontaires des libéraux. Les méchantes langues diraient : les idiots utiles du capitalisme sauvage. » (Bon, là c’est clair, ils nous prennent pour des cons.)

Il semble que cet amalgame (que l’on résume aux États-Unis par la notion de libertarian) provienne d’une lecture hâtive d’un article de Serge Halimi publié dans le Monde Diplomatique en août 2000 : « Si chacun s’illumine à l’énoncé du mot "réseaux", ce qui éveille chez les uns un rêve d’internationalisme social déchaîne chez les autres - infiniment plus puissants - des appétits d’interconnexions marchandes. Un tel enchâssement du "libertaire" et du libéral constitue au demeurant la marque de notre époque. » Là où l’auteur s’interrogeait sur les risques d’une contestation limitée aux seuls apports du réseau, les nouvel-obsiens qui se sont déchaînés dès la rentée suivante se sont contentés d’en tirer une lecture univoque et alarmiste (« Armand Mattelart l’a souligné : "La techno-utopie se révèle une arme idéologique de premier plan dans les trafics d’influence, en vue de naturaliser la vision libre-échangiste de l’ordre mondial. [...] Il faut la myopie des techno-libertaires pour prêter main-forte à la représentation simpliste d’un Etat abstrait et maléfique, opposée à celle d’une société civile idéalisée, espace libéré de la communication entre individus pleinement souverains." »)

Lucas Delattre, dans Le Monde, trouve un autre biais pour passer de l’expression pour tous au libéralisme : « Les NTIC accélèrent l’avènement d’un espace public plus ouvert et plus volatile, voire éclaté. Elles accentuent une tendance historique lourde : d’une société dominée par les classes sociales, les Eglises, les familles, on passe à une société de réseaux, composée d’individus connectés (ou déconnectés) entre eux. C’est la "société libérale" qui monte en puissance, avec l’individualisme qui l’accompagne. »

L’argument principal est le suivant, parfaitement résumé par Val sur France Culture : « On pense que c’est un moyen de démocratie... D’ailleurs c’est amusant parce que quand on en parle avec quelqu’un comme Jean-Marie Messier, il défend le net avec des arguments, c’est la liberté, etc. Et dans les sites, même, enfin, d’extrême-gauche, où je suis attaqué, par exemple, ils défendent avec les mêmes arguments que Jean-Marie Messier, ce qui devrait les faire réfléchir. »

Le message de Val : vous défendez la liberté d’expression, Jean-Marie Messier prétend être pour la liberté d’expression, donc vous êtes des méchants libéraux qui faites le jeu de Jean-Marie Messier. Rappelons que Messier se dit également partisan de la pluralité de la presse ; est-ce que, à partir de là, Charlie Hebdo doit être opposé à la pluralité de la presse ? Messier prétend soutenir José Bové, Charlie Hebdo doit-il désormais dénoncer ce social-traître à la solde de Vivendi ? Que les marchands récupèrent à leur profit toutes les valeurs et tous les désirs, y compris les plus nobles, cela n’a rien de nouveau.

Inutile de dire que le gouvernement s’engouffre dans cette brèche lorsqu’il veut faire passer des textes répressifs sur le réseau. Par une perversité mentale qu’on peine à imaginer, on prétend lutter contre le libéralisme en limitant la liberté d’expression.

Nous nageons là en plein dans ces marqueurs sémantiques :
- les lecteurs/utilisateurs du réseau sont des cons irresponsables ; il faut donc leur pré-mâcher l’information ;
- si tout le monde s’exprime, on n’obtient qu’une cacophonie médiocre ;
- l’anonymat (qui existe moins sur le réseau qu’ailleurs) mène à la délation, à la rumeur, à la Gestapo ;
- défendre la liberté d’expression, c’est faire le jeu de l’ultra-libéralisme, donc il ne faut pas défendre la liberté d’expression.

Comme vous le constatez, on ne parle plus de « dérives » (pédophilie, révisionnisme), on parle directement de ce qui fait la base même du réseau, de ce qu’on peut en espérer de plus beau (l’accès à l’expression publique pour tous), pour le dénoncer en tant que tel. C’est la liberté d’expression mise à la portée des citoyens qui est directement visée ! Ce phénomène est le centre du débat, c’est la raison pour laquelle il ne faut laisser passer aucune des conneries de Val et ses amis : tant qu’ils dénonçaient l’omniprésence des pédonazis, pourquoi pas ! Mais aujourd’hui, c’est la liberté d’expression elle-même qui est dénoncée par ceux qui en font le métier.

Alors, quelle solution ? Quel avenir radieux est-ce qu’ils nous promettent ? Facile : une bonne grosse régulation.

Val « ose » casser le silence pesant, briser ce tabou, et explique : « Sans une régulation démocratique mondiale d’Internet, débattue par les représentants des peuples de tous les pays ayant pour mission de garantir les droits des individus, dans un avenir proche, nous deviendrons les victimes aliénées d’une révolution technologique dont la propagande nous martèle qu’elle est la clef de la liberté. »

Bon, tout le monde avait déjà osé avant lui, puisqu’on a déjà bouffé de la conférence des régulateurs de l’internet organisée par le CSA, du Forum des droits de l’internet de Christian Paul (mis en place actuellement, on va se faire coréguler dans la joie), et d’innombrables colloques, déclarations, Rebonds et tout le tintouin hurlant à une régulation du réseau.

En face, beaucoup d’internautes et les associations refusent la régulation a priori des contenus, qui ne doivent être régulés qu’a posteriori par la justice, mais aimeraient bien voir quelques courageux chroniqueurs oser réclamer une régulation de l’économie du réseau, la redistribution, un service public du réseau, etc.

Non, ce que veulent nos amis journalistes, c’est une régulation des contenus (réguler l’économie du réseau, en revanche...). Il faut filtrer, trier, organiser.

Catherine Trautmann explique en novembre 1999 devant un Hervé Bourges ravi : « Nous souhaitons que nos concitoyens sachent comment est filtrée, traitée, l’information qui leur est proposée. »

Pierre Marcelle ne « filtre » pas, il éradique : « Alors, jusqu’à éradication des malfaisants qui, sur le Web, dénaturent et modélisent la culture à leurs exclusifs profits, que Philippe Val trouve ici l’expression de mon fraternel soutien. » (notez que l’éradication ne s’applique pas à des dérives de l’expression, mais à ceux qui « dénaturent et modélisent la culture à leurs exclusifs profits », ce qui est certes amoral, mais n’est pour l’heure interdit sur aucun autre média – Pierre Marcelle a-t-il jamais réclamé l’éradication d’un présentateur débile de la téloche ?). Il rejoint dans la finesse l’avocat de l’UEJF : « Si on ne peut pas filtrer, alors qu’on éradique ! »

Bref, filtrons l’information avant même qu’elle ne soit diffusée publiquement. Validons, filtrons, faute de quoi éradiquons.

Pourquoi n’avons-nous pas besoin de valider, filtrer, éradiquer la presse et les médias traditionnels ? Tenez-vous bien : parce qu’elle est faite par des journalistes... Dominique Wolton pronostique, dans La Vanguardia de Barcelone : « Qui offre cette information ? Des journalistes ? J’en doute ! Quelle garantie avons-nous de sa véracité ? Dans un journal, les journalistes répondent de ce qu’ils publient. Mais l’Internet, c’est le règne de la rumeur, du mensonge, de l’erreur... » Au moins c’est clair : les journalistes, eux, ne font jamais d’erreur...

Par exemple, quand une fausse lettre d’adieu de Gabriel Garcia Marquez est diffusée sur le Net, l’information n’est pas fiable, puisqu’aucun journaliste ne l’a validée (et pour cause, puisque que c’est un faux). En revanche, lorsque Charlie Hebdo reproduit très fidèlement ce même faux, en fin d’année dernière, ce faux devient de l’information validée par des journalistes : vous pouvez désormais la rebalancer sur le réseau, c’est certifié conforme par Charlie...

Wolton répond, dans le journal de Barcelone, à la question « Quelle solution proposez-vous ? » : « Un contrôle centralisé de l’information à l’échelle mondiale par des journalistes, qui répondront de la véracité de toute cette information. » (« Un control centralizado de información mundial a cargo de periodistas, que responda de la veracidad de toda esa información », en castillan, ça le fait encore plus...)

Comme ça c’est clair. Dénonçons l’information non-professionnelle, dénonçons la parole des citoyens (qui ne peut être que fausse, diffamatoire, et médiocre), et faisons tout valider par l’Ordre des journalistes.

Pascal Fortin explique dans l’article « Quelle déontologie pour l’information en ligne ? comment les journalistes renâclent depuis toujours à s’imposer statutairement une charte de déontologie. Mais visiblement, s’ils ne veulent pas se priver de leur propre liberté d’expression, ils se préparent joyeusement à nous priver de la nôtre.

 
 
ARNO*
Imprimer
format impression

Vainqueur 1982 du concours « Chateau de sable » du Club Mickey des Pingouins à Sainte-Cécile.

28 septembre 2003
6 octobre 2003
 
SPIP
Web indépendant


Plaidoyer pour le net...
5 février 2001, message de Fred
 

Internet est un média jeune,avec déjà une certaine mâturité. Il ne faudrait pourtant pas qu’il succombe aux travers des autres médias... C’est-à-dire se regarder le nombril.

Avez-vous remarqué ? A la tél, on parle sans arrêt de télé. A la radio, on parle beaucoup de la radio. la presse examine... la presse. Et, ô, surprise, dès les débuts (je suis un vieux de la vieille par mon expérience universitaire mais à la limite on s’en fout ça ne change rien à l’affaire), l’Internet s’est mis à parler de lui-même.

OK. Quand on utilise un média, c’est important de réfléchir sur la nature de ce média. Mais sinon, que dire si ce n’est que l’intention de départ de ce média est avant tout la CREATION DE CONTENUS propres. C’est ce que j’aime, personnellement sur Internet. Avec ou sans grosse bécane, on trouve des écrits (ici et ailleurs), des images, du son, de la vidéo qu’on ne trouve pas ailleurs. Parce que tout le monde peut porter son court-métrage, son son, sa thèse de doctorat, ses articles de réflexion, ses photos de vacances ou ses poèmes à la vue de qui ça peut intéresser. C’est ça l’intérêt du web. Point barre.

Et maintenant, au boulot les amis !

Fred

Répondre


tant pis pour les has been...
1er février 2001, message de jn
 

Ces largués (& les autres) n’ ont sans doute jamais dû écrire le mot "freeware" dans un moteur de recherche parce qu’une des choses qui fait qu’internet vaut infiniment + que tout le bourrage de crâne (startup etc.. ) auquel on a eu droit ces dernières années est là, hé oui y a des gens qui se cassent le cul à créer des jeux, des éditeurs html, des fonds d’écran marrants etc. etc. gratuitement !!! Sans rien espérer grand chose en retour qu’un "merci" dans un livre d’or étonnant non ? Evidemment c’est pas eux qu’on verra à « envoyé spécial », même pas « zone interdite »…
Internet est d’abord fait pour les gens passionnés & qui veulent partager, que cette passion soit Audrey Hepburn, les Pixies, Siouxie and the Banshees, John Carpenter, Ally Mc Beal, Prince ou Grosquick (il faut sauver Grosquick), c’est à chacun de voir, ben oui le revers de la médaille est qu’il yen a aussi pour les (gros)cons & les salauds mais pourquoi se focaliser sur eux & même pire les instrumentaliser & se la jouer cassandre à 2 balles.
Après avoir tapé "white supremacy" (je préviens chuis un noireu made in « l’île Maurice ») dans un moteur de recherche (oui celui là..) et vu les résultats je me suis dis qu’on pouvait utiliser toute cette propagande merdique pour éduquer les jeunes en montrant les erreurs/horreurs qui ont été commises dans le passé mais c’est vrai qu’il n y avait pas de fachos (ni de pédophiles ni de mafia) avant l’invention du net…
Bref merci 2 nous foutre la paix, on arrivera à penser sans vous

Répondre


> Val et Wolton font du bateau...
1er février 2001, message de Québécois anonyme
 

Oufff !

C’est un travail à plein temps de suivre les épisodes du feuilleton Val & Co contre Minirezo & Co. C’est comme Dallas ou les feux de l’amour, on attend patiemment les nouveaux épisodes.On peut facilement devenir "addict" comme on dit ici en québécois.

Personnellement, je trouve très dommageable les débats qui ont lieu autour de cette "affaire Val". Val a droit de dire que les internautes sont des idiots. Il a même le droit de le penser. Il y a peut-être même beaucoup de raisons pour comprendre son point de vue. Je suis internaute. Je passe beaucoup de temps dans la semaine sur le web pour le travail et je ne vois pas pourquoi je ne continuerai pas à lire charlie certaines semaines (même si ici, il faut débourser 30francs pour un charlie). Val n’est pas le saint-Exprit, l’homme qui connait tout et qui ne dit jamais de conneries. Il n’y a que les silencieux qui ne disent jamais de connerie.

Après. Val a dit une connerie. Est-ce une raison pour faire une chasse aux sorcières ! Est-ce une raison pour l’agresser ! Pour régler des problèmes personnels entre journalistes indépendants qui veulent être reconnus comme plus indépendants que leurs voisins !

Au lieu d’essayer de se manger le bec comme le font deux vendeurs de yaourts allégés pour obtenir une part de marché (les lecteurs des journaux papiers ou électroniques alternatifs), vous devriez vous concentrer sur les vrais òbjectifs qui justifient votre existence et qui justifient que des gens vous lisent.

Que ce soit dans Charlie ou Minirezo, j’en ai rien à foutre des querelles intestines du monde des journalistes indépendants. Le web et son rôle économique et donc social sont peut-être des sujets plus intéressants en tant que tels, sans que ce soient des pretextes à réglements de compte.

Mardi soir sur TV5 à Montréal, j’ai eu le mauvais goût de tomber sur l’émission d’Ardisson durant les 3 heures que je consacre à ma télé par semaine. Il y a biensur le top model habituel qui vient se faire traiter de tête creuse bonne qu’à baiser par Ardisson et Baffie. Puis, voici qu’arrive la crapule de Jean-Marie Messier. C’est une star et tout le monde l’encense. Le top model est même outragé parce qu’il gagne que 7 millions par an et que l’impôt lui en prend 13. Il vient faire la morale en disant que les hommes politiques sont des escrocs ! C’est clair qu’avec la CGE, ils sont à bonne école les hommes politiques.

Le pire dans l’affaire, c’est qu’à côté de ce bonhomme, Jacques Dutronc vient se prostituer pour vendre son dernier bouquin (le cours du cigare à augmenter cette année, il lui faut augmenter ces recettes !) et apparemment, cela ne lui pose pas de problème de cotoyer un tel gars.

La terre tourne à l’envers et je trouve dommageable que le journalisme indépendant ou presque (Minirezo pourrait avoir une petite bannière pour aller consulter la météo du Quercy qu’on lui en voudrait pas trop !) se tire dans les pattes. Il y a tellement d’autres choses à faire, non ?

Québécois anonyme

Répondre
> Val et Wolton font du bateau..., 1er février 2001

Pas d accord avec toi,cher quebecois anonyme:dans ce cas precis,ce n est pas reellement un reglement de compte entre PERSONNES,sinon entre CONCEPTIONS:et Val est du cote de la grande presse(par les idees qu il defend) ;il est donc legitime,de la part des journalistes "independant",de l attaquer,lui et ses congeneres(lui etant le plus virulent actuellement) ;d ailleurs ce sont bel et bien ses TEXTES qui sont mis en question par le portail,pas sa PERSONNE ;

bien atoi et a vous,
gilles

Répondre
> Val et Wolton font du bateau..., Mikeul, 3 février 2001

Maaaah, oui nous sommes d’accord !

Il est vrai que vu de loin, même si tout le monde est d’accord pour trouver que la position de Val et d’autres concernant Internet est dangereuse et fausse, on a parfois l’impression de voir une guerre d’influence entre journalistes indépendants, une lutte de pouvoir ?

Ce n’est peut-être pas le cas, mais ça y ressemble parfois pas mal...

 
en ligne : Bernie Mag
Répondre


> Val et Wolton font du bateau... MAIS c’est pas l’internet qui et craignos
31 janvier 2001, message de Spartakus Freemann
 

Salut !!!

Oullalalala, quel prose ! Après 100 millénaires d’essais je n’y arriverais pas...

100 000 bises pour ce délice !

MAIS : au-delà de l’attaque d’internet (Val n’est pas un innovateur dans ce combet et il ne fait que rejoindre la clique autoritaire apeurée par l’apparition d’une liberté d’expression mise sous muselière
- plus ou moins serrée - depuis l’apparition de la presse grand public.) c’est bien la liberté d’expressionen tant que droit humain absolu que l’on cherche à brider et à mettre sous la botte des beaux-penseurs post-gochos ou pré-buschiens (merci Vykinge !).
La liberté fait peur à ceux qui vivent du système socio-carcéral actuel. On n’est peut-être pas si mal en déocratie mais putain on y pas si bien que ça non plus. Que des journaleux essayent de conserver leur gagne-pain, ok, je n’ai rien contre, mais à partir du moment où ils se permettent de prendre les gens pour des cons et des médiocres, alors là, je dis non ! Nous payons leurs salaires d’escrivassiers, alors un peu de respect.
Et si ces Messieurs du Grand Journalisme d’Information Culturelle et de Qualité se rangent aujourd’hui au côté des défenseurs de la répression culturelle et politique sous couvert que le populo est trop con pour comprendre kedalle alors, on doit vraiment paniquer et penser à se défendre
afin que nos successeurs sur cette Terre n’aient pas à se battre pour récupérer un droit que l’on aura laisser se perdre sous prétexte que la seule info elle est dans la presse "officielle" qui seule peut diffuser l’information que l’on veut bien laisser passer.

Alors, prolos de la cultures, sous-hommes de l’écritures, tarés de l’information inutile, unissez-vous et bombardez l’internet de vos oeuvres médiocres jusqu’à en faire crever les plumitifs-fonctionnaires bonzes de la Grande Presse.

A tous, salut !!!

Spartakus Sôter

PS : désolé pour le style mais j’bosse en même temps ;-)

Répondre
> Val et Wolton font du bateau... MAIS c’est pas l’internet qui et craignos, Diogene, fanatique du copyleft, 31 janvier 2001

<< Alors, prolos de la cultures, sous-hommes de l’écritures, tarés de l’information inutile, unissez-vous et bombardez l’internet de vos oeuvres médiocres jusqu’à en faire crever les plumitifs-fonctionnaires bonzes de la Grande Presse. >>

Bravo... que la révolte commence et rira bien qui rira le dernier (c8

PS : qui nous pond un article sur Porto Allegre et la toile... j’ai pas le temps (et pas le talent, mais ça on s’en fout) de l’écrire. ...ou comment relativiser ce que l’on vient de dire juste avant.

Répondre


> dis coco,...
31 janvier 2001, message de pablo
 

...il fait combien de signes ton article, la ?

Surement pas encore assez pour degouter les lecteurs : il
y avait tellement d’acces a minirezo que pendant 2 jours
je n’ai pas pu le lire.

Répondre


> Val et Wolton font du bateau...
30 janvier 2001, message de Nicolas
 

Excellent article ! Bravo. Il cristallise tout ce qui commence à me ... pèter les couilles graves (putain c’que c’est libéral le net, on lirait pas ça dans lemonde).

Sérieusement. Vous en voyez souvent des sites nazis ? Des sites pédophiles ?

Ah du porno, y’en a des tonnes. Bon ces braves bienpenseurs n’ont peut-être jamais visité un kiosque à journaux et remarqué que les publications à caractère érotico-porno y représentaient 50% du rayonnage ... mais bon y’a du porno sur le net.

De la pédophilie ? J’en ai jamais vu. J’ai pas vraiment cherché, mais enfin, il me semble que SI c’était un problème aussi grave, j’en aurais quand même trouvé par hasard ...

Les nazillons ? Ouais, les newsgroups sont pleins de fachos. Le café du coin aussi.

Hmm.

C’est QUOI, le problème, exactement ?

Répondre
> > Val et Wolton font du bateau..., Georges, 14 janvier 2002

> Sérieusement. Vous en voyez souvent des sites nazis ? Des sites pédophiles ?

Ils sont an majorité filtrés par votre fournisseur d’accès au net (sites nazis) ... c’est pas parce que vous ne voyez rien qu’il n’y a rien.

> De la pédophilie ? J’en ai jamais vu. J’ai pas vraiment cherché, mais enfin, il me semble que SI c’était un problème aussi grave, j’en aurais quand même trouvé par hasard ...

Si vous n’avez pas vraiment cherché, ni eu le bol de tomber dessus par hasard, cela veut-il dire que cela est dur à trouver ? Ou inexistant ?
Si un jour vous tapez les mots "white" et "power" (= pouvoir blan"c) sur un moteur de recherches, vous aurez plus de 3 millions de pages web en retour ...

> C’est QUOI, le problème, exactement ?

Y’a pas de problème ... mais vous devriez vous aller voir d’un peu plus près, vous allez vraiment vous faire peur, si vous n’avez rien vu jusqu’à présent...

Bonne lecture...

Georges

p.s. ah oui ... si vous tapez "suprémacie blanche" il n’y a que 9 pages web ... le français n’est décidément pas la lingua franca du net (contre 116 000 pour "white supremacy") !

Répondre


> Val et Wolton font du bateau...
29 janvier 2001, message de Guillaume
 

Je n’avais pas lu jusqu’à ce jour cette phrase : "Quand on ne peut pas filtrer, on éradique."

Mais là, ce matin, boum : d’un article sur la maison d’Izieu d’où Barbie éradiqua 44 enfants juifs qu’il ne pouvait pas filtrer en 1944, je passe à celui-là, et qu’est-ce que j’y trouve ? Cette phrase : "quand on ne peut pas filtrer, on éradique...".

Et ce sont des journalistes (donc pas des tarés pédophiles et nazis comme nous) qui disent cela...
Des faiseurs d’opinion, des justiciers de bureau, qui hier dénonçait... les crimes de bureau (Affaire Papon).

Quant à la novlangue dénoncée par Val (minirézo, voyez comment ça s’écrit : M.I.N.I.R.E.Z.O.), d’où nous vient-elle ? Coréguler l’Internet : c’est pas de la novlangue ça ? C’est vrai que ça sonne plus anodin que : rétablir la censure au prétexte qu’il y a Internet... Et puis Internet, c’est américain, donc ultra-libéral (forcément, ça a été inventé en Suisse au CERN, un centre de recherche européen...).

Il y avait le consensus mou. On se dirige droit vers un totalitarisme mou : on ne censure pas les journaux : on ne censure pas Internet : on corégule, parce que les internautes, vous comprenez, ce sont des gosses, il faut leur apprendre la vie, ils ne sont pas mûrs... On ne fait pas de la propagande : on fait savoir aux braves gens comment on les informe, comment sont construits leurs journaux...

Ce qui fait mal, mais vraiment mal, c’est que toute cette clique est issue de cette génération qui scandait en 68 : "nous sommes tous des juifs allemands"... D’une génération qui disait : "tous les soirs à vingt heures le pouvoir vous parle"... D’une génération qui finalement n’aura rien, mais vraiment rien compris au nazisme ni aux chambres à gaz ni à la haine faite idéologie gràce et à travers le langage.
D’une génération tellement mal à l’aise dans sa relation au nazisme qu’elle développa avec lui une ambiguité perverse, au point que certains gauchistes tombèrent dans l’antisémitisme le plus abject, que d’autres font des fantasmes de Gestapo, que certains en miment le style (Karl Zéro entretient, depuis son nom de scène jusque dans son style vestimentaire, une sorte de "nazi-nostalgie à la gainsbourg" trop facilement maquillée en dérision...).

Ca fait mal - aussi - parce que c’est la génération de mes parents.

Répondre


> Val et Wolton font du bateau...
29 janvier 2001, message de Mikeul
 

Bon, enfin là on touche plus directement au débat et aux dangers de ce type de déclarations plutôt que de perdre son temps à pleurer sur les cendres de Charlie Hebdo.

Et ces différentes personnalités qui nous balancent ce discours en pleine figure, ça commence à faire peur. On en revient à des réflexes de contrôle et de censure de l’information des régimes politiques précédents ?

Les journalistes commencent à avoir une tendance lourde et facheuse à se prendre pour des oracles infaillibles d’information...

 
en ligne : Bernie Mag
Répondre


> Grandes manoeuvres...
29 janvier 2001, message de jean-françois
 

Je ne crois pas aux hasards... en l’espace de quelques jours on a droit à un article de Val, un article dans Libération, un sur france-culture, tous les trois martelant la même diatribe et s’abstenant de la moindre analyse un tant soit peu sérieuse sur le sujet.. Toute cette énergie dépensée par des gens importants pour réagir à une critique de Val publiée sur un petit webzine perdu au fond de la toile ?? C’est sans aucun doute un gage de grande notoriété pour Minirézo..

Mais je ne crois pas que ce soit là la vraie raison de cette « déferlante ».. Comme par hasard cela arrive au moment où notre gouvernement nous prépare la mise en place de ce fameux « organisme de corégulation de l’internet » (dont on ne sait plus rien depuis la remise du rapport de Christian Paul...), mise en place prévue pour le 1er trimestre 2001. (pour plus d’info, lire www.iris.sgdg.org/documents/coregulation.html )

Alors..une petite couche supplémentaire de « préparation de l’opinion » ne peut pas faire de mal, surtout en ces périodes électorales...

Réglementer (pardon, coréguler) un repaire de « T.N.P.S » ne peut être qu’une démarche saine et nécessaire aux yeux de cette même opinion, n’est ce pas ?

Et puis, peut-être même qu’il y a quelques sièges à pourvoir dans cet organisme de corégulation .. mais bon, là je vais quand même un peu loin...

Allez, chacun est libre de croire aux hasards, hein !

jean françois

 
Répondre
> Grandes manoeuvres..., Serge Halimi, 29 janvier 2001

Quand Val et Wolton font du bateau, je vois mal pourquoi je devrais être
éclaboussé. Je ne partage en effet aucunement la manière de voir un peu
fruste qui assimile au nazisme tout et n’importe quoi : hier l’opposition à la
guerre de l’OTAN au Kosovo, aujourd’hui les forums interactifs sur le Net...
Je croyais inutile de préciser que l’idée de censurer les propos des
internautes m’est complètement étrangère, et que celle de les comparer à
des "tarés" et à des "paranoïaques" l’est tout autant.

Alors qu’est-ce que je viens faire dans cette galère ? Au fond,
vous me reprochez UNE phrase, ou plus exactement le titre d’un article
paru dans Le Monde diplomatique d’août dernier ("Des cyber-résistants
trop enthousiastes") qui, selon vous, se résumerait à une asssimilation
entre les "cyber-résistants" et la "Banque centrale américaine" - dont,
au demeurant, je ne dis pas un mot...

Je crois que vous m’avez mal lu ou mal compris. Discuter le bien-fondé
d’un discours qui exagère le bien-fondé de certains espoirs
démocratiques (et anticapitalistes) liées à la libre expression sur la
Toile n’a rien à voir avec prétendre que cette possibilité d’expression
mériterait d’être remise en cause en raison de l’usage qu’en feraient
des "pédophiles" et des "nazis".

Quant à m’assimiler à ceux qui, comme Laurent Joffrin et je ne sais plus
quel journaliste du "Monde", voudraient préserver le privilège des
"professionnels de la parole publique", c’est un trait d’humour, non ?

Répondre
> Grandes manoeuvres..., ARNO*, 30 janvier 2001

Effectivement, je me suis planté. Il est évident que tel n’est pas le cas : vous mélanger avec les Val, Wolton et Joffrin est d’un goût très douteux.

Je voulais placer cette référence, car il me semble que votre article (août 2000) a permis à cet amalgame « libéral-libertaire » de devenir une mode systématique. Si, auparavant, d’autres s’y étaient essayés (Bourges par exemple), il leur manquait le moindre commencement de théorisation (seulement une vague évocation des « libertarians » américains, mouvement qui ne s’est pas installé durablement en France). Dès la fin 2000, ils disposaient de tout le matériel (détourné de votre propos) sur les techno-neuneus et cyber-crétins qui sauteraient sur leur chaise en faisant le jeu du libéralisme.

C’est ce tournant que je voulais indiquer. Introduit sans précautions et
avec une citation vague (et inversée, en plus, le président de la Banque mondiale se plaignant de l’impact de la facilité de circulation de l’information).

J’ai modifié le paragraphe en question pour le rendre plus clair et éviter l’amalgame avec le reste des propos cités dans l’article.

Répondre
> D’accord avec Val, michel, 30 janvier 2001

C’est vrai qu’il faut des journalistes pour surveiller la qualité de l’information ! Et même il faudrait des stars du porno pour surveiller la qualité de nos ébats amoureux !

Répondre
> Grandes manoeuvres..., ColoC, 1er février 2001

Les forums autour des articles publiés sur Minirezo font toute la richesse de ce site, en plus de la qualité des articles eux-mêmes.
Quand Serge Halimi écrit pour contester un propos qu’il n’a pas tenu, ou tout du moins pas sous la forme indiquée, et que l’auteur de l’article incriminé, en l’occurence ARNO*, assume cette erreur et la corrige, je trouve ça très bien. Le débat est vraiment existant.
Mais cela montre également tout le danger de l’information sur internet. En effet, ARNO* a donc décidé de corriger son article en modifiant le paragraphe incriminé. Seulement dans le titre de l’article, la date de publication reste celle de la première édition.
J’aurais donc aimé qu’ARNO dans le titre de son article actualise la date, voire indique qu’il s’agissait d’une version modifiée.

Mieux vaut éviter de donner des armes à nos ennemis.

Répondre
Pas d’amalgames SVP …, Bernard Langlois, 1er février 2001

Je me permets de mettre mon grain de sel … On a l’impression à vous lire que tous les canards ("de gôche", comme dit un de vos intervenants) sont à mettre dans le même sac. J’aimerais bien qu’on évite les amalgames …

Je connais un hebdo qui a toujours veillé scrupuleusement à citer ses sources lorsqu’elle venaient de forums du net ;
qui a largement fait la promotion d’un certain nombre de sites, de listes, alternatifs, notamment du minirezo, et ce n’est pas d’hier ;
qui a mobilisé ses lecteurs sur l’affaire Valentin, ou plus récemment sur les démélés judiciaires du réseau Voltaire ;
et, last but not least, a même confié sa rubrique web à deux animateurs du minirezo, en alternance, l’ami Lazuly et Christine Tréguier.

Cet hebdo, c’est Politis (où j’exerce quelques responsabilités). Popurquoi ne pas le dire ?

Répondre
> hum, Hum, 1er février 2001

J’ai découvert le mini rézo par hasard le jour où la pub a fait une apparition discrète et hypocrite dans Charlie. Depuis, outre d’autres articles, je viens une fois par semaine me renseigner sur ce conflit Gauche Ultra vs Val.
J’ai l’impression que dans ce débat, il y a beaucoup de passion, que ce soit de la part de Val ou du minirézo.
Val a de toute évidence le comportement de quelqu’un qui a été vexé. L’édito du Charlie du 31 le prouve. Le besoin de citer le minirézo en vous attaquant sur votre nom "orwellien" est d’une mesquinerie difficilement concevable. La critique des forums est elle aussi exagérée, on dirait vraiment qu’il veut vous faire passer pour des débiles incapables d’aligner deux mots.
Il omet de préciser que les forums sont précédés d’articles plutôt bien foutus, pour se concentrer sur le forum proprement dit, qui "va détruire la pensée verticale". Mais qu’est ce qu’il raconte ? Le forum, bien que tapé avec les doigts et non pas parlé avec la langue, se rapproche plus de l’oral, et ne prétend aucunement se substituer à la réflexion écrite. J’ai l’impression que les discussions qui ont lieu ici pourraient se tenir dans un salon entre amis. Bien sûr, on paufine moins sa pensée sur un forum que quand on écrit un article structuré, des idées ne sont pas expliquées, ça part dans tous les sens, mais bordel, on discute ! Val a eu besoin de vous inférioriser, pour ne pas avoir à répondre rationnellement à vos interrogations bien méritées. Les questions que se posent Val ne sont pas pour autant toutes stupides.
Internet, l’avenir de la presse indépendante professionnelle, le refus de se remettre en question une seconde chez pas mal de militants du web, ne cernant pas toutes les conséquences que celui ci va avoir sur nos vies (et PERSONNE ne peut dire sur ce sujet qu’il a déjà tout prévu, tout analysé, ni Val ni vous), voilà des sujets intéressants, malheureusement tordus par sa haine visible contre le minirézo et la peine qu’il a eu avec tous les mails de protestation que le pauvre philippe a reçu. Dans le plus pur style "la voix de la Raison passe à travers ma bouche", cher au rédacteur en chef de Charlie Hebdo, se glissent l’air de rien cette semaine des grosses frustrations.
Mais de votre côté, vous faites la même chose ! C’est nous qu’on est les plus purs, c’est eux là bas qui sont des vendus traîtres pourris, Philippe Val est le dernier des mongoloides, il pratique la sodomie avec Jean marie Messier tous les soirs, torture la rédaction de Charlie hebdo avec des tenailles rouillées offertes par Dassault, et se branle tous les matins en regardant son poster de Spinoza.
Vos propos, à vous aussi, puent parfois un peu la haine.

Répondre
> hum, 2 février 2001

A mon humble et limité avis, Val n’est pas aussi con que vous le supposez. Sur plusieurs sujets, il se trompe. Sur plusieurs autres, ses idées sont pour le moins discutables. Alors discutons en. Val était un enfant plutot faible et fragile, il l’a dit plusieurs fois dans Charlie Hebdo. Il fait ce qu’il fait (Charlie, spectacles...) pour qu’on l’aime (et je ne crois vraiment pas qu’il soit le seul dans son cas). Un torrent d’insultes, provenant en plus de son propre camp, lui a légèrement fait pêter les plombs.
Vous êtes des militants, ce qui induit, pour tout ce qui touche à vos combats, que vous voyez les phénomènes de l’intérieur. On ne peut critiquer, bien penser, bien tout voir, que de l’extérieur. Val adopte une vision surplombante, censée analysée les évènements vu d’en haut. Le danger de ce point de vue est de virer à la paranoïa. A force de se faire une conception abstraite du net, sans se balader sur les milliers de site chouettes, sans chercher à compenser ses visions pessimistes par d’autres chemins de réflexion( pas moins valables logiquement) un peu plus positifs, il s’est créé une vision quelque peu monstrueuse du web, uniquement constituée de mots, mots qu’il pensent plus réels que la réalité.
Le mini rézo d’un côté, Val de l’autre, vous ouvrez tous deux des pistes pour réfléchir. Il y a matière à beaucoup de questionnements, si on laisse de côté le dogmatisme et les pulsions de repli stupide. Nous n’avons pas besoin uniquement des journalistes "professionels", nous n’avons pas besoin uniquement des "amateurs" militants. Il y a entre vous nombre de positions inconciliables, et pas qu’à propos d’Internet, mais vous pouvez réfléchir ensemble, si vous arrêtez de vous cracher mutuellement à la gueule.

Répondre
> hum, Mikeul, 3 février 2001

>> J’ai découvert le mini rézo par hasard le jour où la pub a fait une apparition discrète et hypocrite dans Charlie. Depuis, outre d’autres articles, je viens une fois par semaine me renseigner sur ce conflit Gauche Ultra vs Val.

Si j’ai bien compris le raccourci (dis-moi si je me trompe), uZine=gauche ultra ??

Lis les contributions d’un peu tout le monde et balade-toi un peu sur les sites persos des auteurs et des visiteurs qui interviennent. Outre le fait qu’il y en a qui ne souhaitent pas être étiquetés (dont je suis), un certain nombre ne sont pas plus de la gauche ultra qu’un cookie est une tarte aux poires (j’en suis également).

Si je conteste les propos de Val (je fais un effort là parce cette discussion sur Val n’a que trop duré), ça n’est pas parce que j’appartiendrai à une viurtelle gauche ultra (rien mais alors rien à battre), c’est simplement en tant qu’internaute et webmaster, et que là encore, ces étiquettes collées par Val, je les refuse en bloc.

 
en ligne : Bernie Mag
Répondre
> hum, Malure, 6 février 2001

Ce soir, je n’ai ni l’envie, ni le courage de férailler.
Simplement, en lisant ton message, j’éprouve un grand sentiment de tendresse...comme si l’on s’arrêtait soudain de me taper sur la tête avec un marteau.
Il y a quelques temps, j’ai découvert un site, <presselibre.org> pour ne pas le nommer, qui se déchaînait dans une diatribe nauséabonde contre la personne de Philippe Val. Dans des envolées haineuses, accompagnées de textes empruntés à d’autres sites visiblement "indépendants" et de gauche, le dossier visait à nous convaincre que Val était la pire immondice exerçant dans les rédactions parisiennes. Les méthodes et le ton utilisés (nécro de Val, publication de lettres personnelles, évocation d’embrouilles minables entre anciens de Charlie ou de la Grosse Bertha, citations d’articles bileux bien choisis, jeux de mots douteux,etc...) ne l’étaient que dans l’unique but de détruire Val, et rejetait le débat de fond qu’au deuxième, voire dixième plan (il s’agissait, je crois de revenir sur l’affaire des frappes de l’Otan). Je m’en étais alors profondément choqué, non que je sois un ardent partisan de Philippe Val, mais parceque j’imaginais que la presse indépendante de gauche, qu’elle soit électronique ou papier (le support n’étant que secondaire à ce moment-là), supposait le respect de valeurs communes que les gens concernés éumèreront eux-même.
Pourtant, à l’époque, la sortie de Val sur le Net n’avait pas encore eu lieu.

Evidemment, Arno et ses collaborateurs font preuve d’une démarche argumentaire bien construite, réfléchie et documentée, et, sur le fond du débat, ma petite connaissance de l’Internet ne m’autorise pas encore à porter des jugements qui s’en trouveraient bien hâtifs.
Je regrette toutefois des tendances au règlement de compte personnel et à l’insulte qui ne servent pas le propos des auteurs. Et cette sensation de malaise me revient, encore accrue à la lecture du forum, comme jadis elle m’avait saisi sur <presselibre.org> .

Puis, au bout du compte, je me demande bien pourquoi. Pourquoi cette haine monomaniaqaue à l’égard de Val, pourquoi ce renoncement au débat désarmé, pourquoi tant de temps et de colères gaspillées ?

Répondre
> malure (erratum), malure, 6 février 2001

le site que je site 2 fois c’est presselibre.org, mais il ne doit pas s’afficher dans sa typo officielle, c’est à dire entouré des signes > et <.
Puis désolé pour les deux trois fautes que je viens de déplorer à la relecture, mais il est tard...

Répondre
> Pas d’amalgames SVP …, ARNO*, 2 février 2001

C’est juste, et justement Politis n’est pas un canard de « gôche », mais de « gauche » pour de vrai.

Répondre
> oups, 3 février 2001

pardon pour "ultra gauche", je l’ai écrit un peu vite et effectivement le minirezo et les sites autour vont bien au delà de ce microcosme.
Hum

Répondre