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Procès anti-racistes contre Internet

Le point de vue du naïf

par Laurent Martinez
 

Depuis les premières attaques contre les fournisseurs d’accès, en passant par les hébergeurs, puis dernièrement l’affaire Yahoo et la suppression de la prescription abrégée... la justice sert largement contre Internet. Mais que sert-elle ? Qui sert-elle ? Et, au fait, à quoi ça sert ? On nous explique qu’elle permet la lutte contre le racisme... De très nombreux arguments juridiques, éthiques, techniques, philosophiques sont déjà venus contrer efficacement l’argumentaire manipulateur et hypocrite des partisans de ces méthodes répressives. Je voudrais y ajouter le point de vue du naïf.

La source du racisme

Faisons au plus simple, en partant de ce qui rassemble tout le monde : le but visé est de lutter contre le racisme. Pour éteindre un feu, on vise sa base. Pour régler efficacement un problème, on cible sa source.

As-tu déjà été attentif au discours et au comportement d’un intolérant (au sens le plus large) ? C’est frappant ! Ce qui en ressort est une totale divergence entre la réalité et sa vue du monde filtrée par la haine... elle-même issue en général d’une peur soit éduquée ou carrément tatouée dans l’esprit, soit immiscée lors d’expériences vécues plus ou moins douloureusement.

C’est naturel, on se dit qu’il manque de la compréhension, qu’il manque de la communication. Si seulement l’auteur de l’amalgame intolérant pouvait vérifier par lui-même les multiples exceptions qui détruisent sa règle... si seulement il pouvait rencontrer certaines de ces âmes amies qu’il croit ennemies... si seulement il pouvait briser cette image superficielle et subjective pour se laisser toucher par l’intérieur d’un être...

Qui, voulant plus que tout résoudre le problème réel, penserait à insulter le raciste ? Va-t-il entendre raison ? Alors l’emprisonner ? Si ça l’empêche de passer ou repasser à l’acte (on en parlera plus loin), il est clair que ça n’est pas une solution au racisme.

Bien évidemment, il ne s’agit pas pour moi de juger les actions compréhensives que nous sommes tous amenés à faire ou désirer faire face au danger réel de l’horreur raciste. Actions qu’on peut tout autant être poussé à réaliser, face à la bête provocation ou à l’expression sans danger. Il serait bon d’ailleurs de faire la distinction entre un acte liberticide et un acte seulement immoral, mais peu importe, mon propos ici est très simplement de prendre le recul qui convient à toute solution globale. Recul que la Justice se doit absolument de prendre ! On ne résout pas un seul cas spécifique comme on met en place une loi ou une jurisprudence qui va, par nature, concerner tous les cas.

C’est cette première étape qui me semble fondamentale : distinguer la lutte contre le racisme et la lutte contre les effets du racisme. Le premier problème étant par, définition, la cause du deuxième, il me semble inconscient de ne s’attaquer qu’aux symptômes !

L’histoire de la néo-nazie repentie

Je laisse planer la pensée précédente... en introduction à une histoire vue au journal télévisé (qu’il m’arrive de regarder quand mes neurones font grève). (c ;

Une allemande ex-néo-nazie raconte son enfance « bercée » par la haine du « juif »... l’ennemi, le danger, c’est « ça » ! Non pas un ou des individus, juste une entité, une notion de l’esprit à combattre pour survivre. Aucune place pour la représentation d’individus, ça risquerait d’éveiller son humanité. Elle a appris, comme le chien de Pavlov, que certains critères devaient lui faire peur, c’est tout ! Empêtrée dans cette paranoïa, elle explique comment et pourquoi elle était continuellement prête à agir pour se défendre... dans sa tête, il ne fait aucun doute : c’est de la légitime défense. Ainsi un jour, un ordre est lancé et elle commet la profanation d’un cimetière juif. Elle est jugée pour ça et condamnée !

Sans bien sûr remettre en cause la légitimité de cette condamnation, je trouve intéressant de constater un fait : jamais cette sentence de la société n’a entamé ses convictions, bien au contraire. On l’a vu, la répression ne combat pas le racisme, elle ne combat que ses effets.

La suite le prouve encore bien davantage lorsque, sortie de prison, notre membre d’une pensée unique est tout à fait prête à recommencer, « c’est une question de vie ou de mort » (sic). Pourtant, un événement anodin va faire basculer sa vie. L’actrice principale de notre histoire se trouve précisemment derrière un jeune enfant qui bascule d’un perchoir quelconque et tombe. Son humanité enfouie, que rien ni personne ne peut faire disparaître au coeur d’un individu, déclenche un réflexe tout naturel ; la femme rattrape l’enfant pour le protéger. Mais c’est le choc... elle l’a évité à l’enfant, et c’est elle qui le prend en plein coeur ; l’enfant est noir, elle n’avait pas eu le temps de le remarquer...
En un éclair, toute l’évidence de sa haine injustifiée transparaît ! Ce qui était flagrant pour tout être équilibré le devient subitement pour elle aussi. Ce qu’elle croyait, du plus profond d’elle-même, un état de défense permanent et vital, lui apparaît sous son visage réel, celui de la haine. Une haine dorénavant écoeurante... Là où la punition a échoué, les valeurs humaines positives ont réussi !

Depuis, la nouvelle femme libre se bat pour expliquer et dénoncer ce qu’elle a vécu, mettant sa propre vie en danger. On imagine bien que ses anciens amis n’en soient pas spécialement heureux. Toute sa vie était motivée par la peur agressive d’un danger virtuel, maintenant elle mène un combat sans peur contre un danger réel. On pourra noter au passage qu’elle a entraîné dans sa prise de conscience son compagnon de vie. En plus, c’est contagieux !

Internet, révolution de la communication

Je tenais à exposer un cas exemplaire de ce que je constate systématiquement. Encore une fois, tous les arguments sincères sont bons pour dénoncer l’hypocrisie et l’inefficacité de ces procès qui, clairement pour moi, ne font rien contre le racisme. Mais critiquer sans proposer me laisse toujours en peu sur ma faim...

Ainsi, c’est en toute candeur que je vois une solution aux problèmes... aux problèmes réels. Comment lutter contre l’ignorance autrement qu’en apportant la connaissance ? Comment lutter contre la peur autrement que par la communication ? Comment lutter contre l’incompréhension autrement qu’en poussant à la compréhension ?

Quoi mieux qu’Internet apporte tout ceci sans aucune contrainte de frontière, de race, de culture, de religion ?

C’est à la fois simple et d’une ambition démesurée... à la mesure du fléau !
Je suis absolument sidéré que les associations prétendant lutter contre le racisme passent à côté d’une telle évidence... Sidéré et inquiet !

Cela fait de nombreux mois que je contacte l’UEJF, la LICRA et le MRAP. Les oeillères de l’internet pédo-nazi sont fermement mises en place ! La peur et l’ignorance quoi... ça ne te rappelle rien ? C’est une véritable honte que les représentants de la tolérance et donc de la communication en France fassent montre d’une aussi désespérante incapacité à la tolérance, à communiquer. Ceci est seulement mon avis !

Je considère que, pour la première fois, l’Humanité s’est dotée d’un outil qui concrètement permet l’application de toutes ces belles théories qui remplissent des déclarations de droits de l’Homme ou autre « papier » affichés ostensiblement davantage pour soigner une image superficielle que par conviction profonde. Pour la première fois, le moyen existe de contacter un autre individu dans le monde pour lui enseigner et pour apprendre de lui. Finis les intermédiaires gouvernementaux, finis l’intermédiaire des sociétés des médias. Dorénavant, sur terre, la communication existe d’humain à humain ! Je passe sur le déséquilibre d’accès à Internet entre les pays riches et les pauvres, surtout pas pour l’ignorer mais parce que mon discours est sur le potentiel et pas sur le réel. Ma vue, c’est dit, est celle du naïf...

Pourtant, Internet n’est rien !

Que ce soit limpide, Internet n’est qu’un moyen de communication, c’est du virtuel ! Certains disent un « média »... se référant au dictionnaire, oui, mais sûrement pas en le comparant à la réalité des autres médias. Son existence concrète n’est donc dûe qu’à l’utilisation qu’on en fait (en passant, plusieurs utilisations = plusieurs « Internet »). En soi, Internet n’est rien !! Internet n’est qu’un potentiel et c’est ce potentiel gigantesque que je voulais clamer ici, dans le paragraphe le plus petit de uZine2... en représentation de l’utilisation actuelle d’Internet, et en contradiction avec son potentiel.

L’Espoir...

Sans espoir, un naïf n’est rien... encore moins qu’Internet. Mon espoir est simple : que ce potentiel soit utilisé et par le maximum de gens. En effet, un nouvel aspect est né en plus des potentiels déjà exprimés : l’individu, en voyant ainsi sa capacité de communication agrandie, voit son pouvoir et sa responsabilité agrandis par la même occasion ! Avant Internet, comment est-ce qu’une personne seule pouvait partir dans une lutte aussi démesurée que celle contre le racisme... ou tout autre lutte gigantesque ? Auparavant il semblait inévitable de remettre la responsabilité de ces luttes sur le dos d’organisations mieux munies. Mais dorénavant, Internet nous munit tous ! La fameuse petite goutte d’eau qui pouvait participer à un océan est maintenant un peu plus grosse et un peu plus forte et sa capacité à rassembler des alliances est quasi infinie.

Pour changer le monde, on commence par se changer soi. Quand on voudrait qu’un comportement précis soit « normal », on commence par l’appliquer à soi. Voici un autre exemple, une autre petite histoire pour illustrer ceci...

L’histoire d’un individu de confession musulmane qui depuis quelques semaines participe au forum internet de l’Union des Etudiants Juifs de France. Son intention est ouvertement de venir mélanger ses réflexions à celles des individus de confession juive. Il veut apprendre et comprendre, il veut enseigner et être compris. Il dit ne plus vouloir des forums communautaires qui ne renforcent que l’incompréhension et la haine. Avec l’actualité douloureuse comme contexte, il passe son temps à se mettre dans la peau d’un juif en toute conscience que c’est la meilleure lutte contre sa propre intolérance latente. En toute humilité et en toute humanité, il change sa vie et je crois qu’il change la vie...

Naïveté et réalisme

As-tu noté comme la naïveté, la gentillesse, la candeur se « péjoratisent » de jour en jour ? A croire que leur destin est de devenir synonyme de bêtise et inconscience... Pourtant, retourne au dictionnaire, les définitions sont toutes positives.

L’inconscience serait de croire qu’Internet va nous permettre d’éradiquer le racisme, de transformer tous les racistes en individus adorables.
- Alors que ce serait déjà un progrès énorme de simplement rendre leurs arguments non convainquants, on l’a vu, par la connaissance et la communication et ainsi les empêcher d’inciter, de propager.
- Alors qu’il serait suffisant que les racistes soient réduits à une masse visible, contrôlable et donc non dangereuse, mais pour ce faire, ne les cachons surtout pas.
- Alors qu’il est essentiel de ne pas nier les semences d’intolérance que nous avons en chacun de nous et de savoir les détruire, à l’image de l’internaute sur le forum de l’UEJF.

Je pense que lorsqu’on a compris les causes de toute intolérance, on a compris qu’Internet offre les plus puissantes des solutions.

A tous ceux qui se pensent réalistes et dont le cerveau est déjà en train de chercher pourquoi cette solution échouera, je veux amicalement rappeler ceci : le réalisme s’appuie sur la réalité et le futur n’est pas la réalité. La réalité future sera ce qu’on en fera ! Le réalisme n’est pas un art divinatoire !

Toutes les cultures enseignent : « Aimez vous les uns les autres ! »... comment pouvait-on le faire à une échelle planétaire avant Internet ?

 
 
Laurent Martinez
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Homme Libre

10 juin 2001
 
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> Le point de vue du naïf
4 mars 2003, message de jack
 

le racisme existe comme le reste vouloir detruire le racisme c’est le commencement du racisme c’est tous simplement l’homme je vous apporte la solution detruire l’homme jusqu’au
dernier et puis on n’en parlera plus

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