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L’économie de guerre de l’Internet

Dans les eaux glacées du calcul égoïste
par Marc Laimé
 

Après que les thuriféraires de la Nouvelle économie l’aient portée aux nues, les mêmes semblent conspirer joyeusement aujourd’hui à la renvoyer aux poubelles de l’histoire. Cette pitoyable ruse dialectique éclaire d’un jour singulier la permanence du projet qu’elle soutient. Une refonte brutale de l’économie réelle de demain, ordonnée d’une main de fer par les « Kaisers » d’un univers financier dont les stratégies, pour opaques soient-elles en apparence, laissent néanmoins apparaître l’ampleur des mutations qu’elles dessinent.

Un très intrigant mimétisme conduit tous les acteurs concernés, de près ou de loin, par l’avènement de la « Nouvelle économie », à en sonner aujourd’hui le glas, après l’avoir, hier encore, portée aux nues... Industriels, financiers, analystes, journalistes et experts en toutes choses n’ont désormais de cesse de stigmatiser « un univers artificiellement maintenu en vie par la finance internationale et déconnecté des mécanismes économiques réels ».

Les plus grands titres de la presse internationale se gaussent à l’envi, et narrent avec une malice non dissimulée les « expériences » les plus rocambolesques, qui voient une enfant de quatre ans triompher sans coup férir à la Bourse d’un analyste et d’une astrologue. Haro sur la « folle exubérance » des marchés ! Vade retro sale Nasdaq ! Etrange figure réthorique en vérité. Reste qu’au détour d’une philippique enflammée affleure parfois l’esquisse d’une grille de lecture, dont on attendrait que nos imprécateurs en développent la possible pertinence.

M. Thierry Klein, après d’autres, écrit ainsi dans le quotidien Libération le 5 avril dernier : « En relançant l’économie mondiale, les financiers ont inventé, à leur corps défendant, le concept de néo-keynésianisme financier. Plus besoin de demander aux Etats de financer de grands travaux ou de créer des déficits budgétaires artificiels, les fonds de pension se chargent de relancer l’économie pour vous ! » [1]

De fait, force est de constater que c’est bel et bien le poids croissant de la sphère financière sur l’économie globale qui aura permis à ladite « Nouvelle économie » de prendre son essor, avant de paraître sombrer. Mais c’est ici que l’analyse pêche par défaut. De quoi s’agissait-il, en substance ? Sinon que d’une très banale logique d’externalisation des coûts de recherche-développement, prémices d’une « consolidation » qui voit désormais les « dinosaures » de la « Vieille économie » recueillir, à bon compte, les fruits des « jeunes pousses » qu’ils ont semé ? A cette aune, ladite « Nouvelle économie » ne méritait, ni cet excès d’honneur, ni cette indignité...

Reste qu’à ce stade l’absence, par trop criante, d’un « chaînon manquant » obscurcit tout entendement, et réduit le phénomène à une criarde redite « high-tech » du « Bûcher des vanités ». Car si le diagnostic précité est juste, il conviendrait d’examiner un peu plus sérieusement l’hypothèse selon laquelle « les fonds de pension se chargent de relancer l’économie pour vous ! ». C’est prêter fort peu d’ambition à la figure archétypale desdits fonds de pension que de borner leur appétit à la relance - cyclique, par trop banale -, de l’économie...

L’âge de l’accès

Considérons, par hypothèse, que lesdits « fonds de pension », « les marchés », et la très efficiente armée de professionnels hautement compétents qui exercent leurs talents dans toutes les sphères de l’industrie, du commerce, de la communication, des loisirs comme de la « gouvernance » des sociétés post-modernes, aient bel et bien conçu le projet de nous faire entrer, irrévocablement, dans « l’Age de l’accès » prophétisé par Jeremy Rifkin.

De quoi s’agirait-il ? De substituer aux très communs et ancestraux échanges et acquisitions de biens et services, encore peu ou prou régulés par la puissance étatique, une « nouvelle civilisation » dans laquelle notre temps, notre attention, nos affects, nos émotions deviendront la valeur d’échange ultime, commercialisée par voie d’abonnement - à terme quasi-obligatoire -, aux conglomérats divers qui, non seulement, répondront à toutes nos attentes, mais en anticiperont la venue sans coup férir. L’Etat n’ayant plus dès lors pour fonction que d’obvier timidement aux plus criantes inégalités vouées à se développer dans des dimensions jamais atteintes.

« Customer is king ! ». Le consommateur est roi ! Consommateur, client, abonné. Cher abonné, très cher abonné. Loin, très loin, de revêtir les atours d’une « économie assistée », la « Nouvelle économie » dessine bien plutôt dès lors la figure pure de la guerre économique. Si la maîtrise, totale, du lien avec l’abonné constitue bien l’un des enjeux centraux de la mutation économique en cours, il conviendrait d’examiner ce que recouvre ce slogan, qui est désormais au fondement du management d’entreprise et de l’économie mondialisée.

Quels sont les acteurs économiques qui détiennent aujourd’hui les plus importantes « bases de données clients », exploitées avec toutes les ressources du marketing contemporain ?

Traditionnellement, les secteurs de la banque et de l’assurance jouissaient d’une position très forte en la matière. Ils s’emploient depuis plusieurs années à la conforter. Les perspectives de dématérialisation croissante des transactions financières leur assurent de conserver un rôle majeur, en qualité d’intermédiaires obligés de tous les actes de notre vie quotidienne.

A cet égard, banques et assurances investissent donc massivement, dans le monde entier, pour répondre aux défis nouveaux du commerce et des transactions « on line ». Fusions, acquisitions, « places de marché », course à la taille et à la puissance... Rien de nouveau sous le soleil.

Money War

Sauf, peut-être, que les perspectives radieuses de l’e-commerce n’ont pas tardé à faire apparaître des problèmes nouveaux, inédits, d’une rare complexité. Acquérir ou commercialiser des biens ou des services en ligne engage nécessairement que de multiples problématiques, techniques et juridiques notamment, trouvent très vite leurs solutions. La dématérialisation des échanges financiers ne peut advenir sans que de très fortes garanties de sécurité ne soient apportées au consommateur. Des dispositions doivent par ailleurs être adoptées à l’échelle internationale...

C’est toute une architecture, novatrice, de régulation des échanges, qui voit peu à peu le jour : signature électronique, certification des transactions. Avec le lot obligé d’impairs et d’échecs qui accompagnent nécessairement une mutation de cette ampleur. Et d’inquiétantes perspectives, comme celle de voir la puissance publique autoriser des entreprises privées à constituer des monopoles marchands qui certifieront, en place de l’Etat, l’identité d’un individu...

Dans le même temps, l’explosion des communications sur toute la planète a donné naissance à de nouveaux conglomérats, tout aussi mondialisés. Opérateurs de télécommunications, fournisseurs d’accès à l’Internet, groupes multimedias, également détenteurs de portefeuilles de dizaines de millions d’abonnés à des services divers, désormais tout aussi indispensables que les services offerts au consommateur par les banques et les assurances.

Il convient d’inscrire aux côtés de ces nouveaux « moguls » les figures des compagnies d’aviation, des grands groupes spécialisés dans la vente par correspondance, comme des organismes créés par de grands groupes industriels, qui diffusent à des millions d’exemplaires des cartes de crédit à la consommation.

Autant d’acteurs dont on imagine spontanément qu’ils vont poursuivre leur activité traditionnelle, s’il leur faut néanmoins restructurer leurs « coeurs de métier », à raison des enjeux vitaux que leur pose leur entrée dans la « Société de l’information ». Voire... Depuis le mois de mai 2000 le « Mobey Forum » réunit BNP-Paribas, Barclays, Deutsche Bank, Visa, Nokia, Ericsson, Motorola... Son objectif ? Encourager et standardiser l’emploi des technologies mobiles dans le monde de la finance et du commerce. Dans le cadre du programme MET (Mobile Electronic Transaction), le forum prépare la publication de spécifications concernant deux des principaux protocoles employés dans les transactions mobiles : le « Wireless Identification Module » et le « Wireless Transport Layer System ». L’idée étant d’arriver rapidement au point où les terminaux mobiles seront devenus des plates-formes de paiement et d’investissement à part entière, sécurisées et efficaces, et ce n’importe où dans le monde.

Carte à puce et carte SIM

Reste qu’ici « l’exception française » ne contribue pas peu à obscurcir la donne. Avec le Concorde, et le Minitel, la carte à puce est l’une des « gloires technologiques » de l’Hexagone. On oublie aisément la singularité française en ce domaine. Si les cartes de paiement dotées de la fameuse puce, dont la paternité est généralement attribuée à M. Moreno, se sont considérablement répandues dans l’Hexagone, il n’en va pas de même au-delà de nos frontières. Loin s’en faut.

Aujourd’hui déjà, pour quelques dizaines de millions de cartes bancaires à puce utilisées en France, et quelques dizaines de millions d’autres à l’étranger, 700 millions de téléphones mobiles dotées d’une carte « Sim » sont utilisés chaque jour dans le monde. Deux à trois milliards prévus en 2003. Grâce à de complexes ajouts logiciels, ces cartes « Sim » vont bientôt se transformer en moyen de paiement incontournable pour tout détenteur de téléphone mobile.

Les enjeux, considérables, de la maîtrise des moyens de paiement par transaction électronique mobilisent dans le monde entier gouvernements, administrations publiques, industries. Tous fermement décidés à préserver leurs prérogatives, afin de ne pas subir l’emprise monopolistique de ceux qui se seront assurés le contrôle de cette clé de voûte de la future « société de l’information » [2].

On peut aussi tenter de déchiffrer les soubresauts de la « Nouvelle économie » à cette aune. Et poser cette élémentaire question : qui va maîtriser demain les fonctions clés en matière de transactions électroniques ? Quelles sont les stratégies que mettent en oeuvre les acteurs concernés ?

Banques et assurances craignent déjà fortement de perdre leur leadership en la matière. Opérateurs de télécommunications, fournisseurs d’accès à l’Internet, conglomérats de l’industrie et du multimedia entendent désormais maîtriser « de bout en bout » l’épine dorsale de la chaîne de relation au « client » : le moyen de paiement. En Allemagne, un opérateur de télécommunications « alternatif » vient ainsi de solliciter une licence bancaire...

À l’ombre des brokers en pleurs

On peut augurer, dans ce contexte, que la tentation va être forte (irrésistible ?), pour les détenteurs d’actifs, banques comme investisseurs institutionnels, qui ont consenti des financements considérables ces dernières années aux acteurs de l’Internet et des télécommunications, d’user de leurs prérogatives d’actionnaires ou de bailleurs de fonds, pour procéder à une restructuration, violente, de l’ensemble du secteur conforme à leurs intérêts...

L’extrême sophistication des « produits dérivés » aujourd’hui utilisés sur les marchés financiers autorise tout détenteur d’actifs... à précipiter sans coup férir la ruine d’une entreprise côtée en Bourse, surtout s’il s’agit d’une firme dont la valorisation est « délirante ». Ceci, par exemple, en « jouant à terme » sur la baisse du cours d’une action. Entreprise dont on pourra dès lors acquérir les actifs, infrastructures, technologies et clients, à un coût dérisoire.

Analyste vedette de la banque d’affaires Lehman Brothers, M. Ravi Suria a, le tout premier, en novembre dernier, stigmatisé l’effarante bulle boursière du secteur des télécommunications, phénomène auquel il ne trouve pas de précédent. Dans un long entretien récemment accordé au site d’information The Street, il reconnaît avoir pressenti les périls qui planent sur l’ensemble du secteur, et explique comment il a conseillé à ses clients, au premier rang desquels des « hedge funds », de se désengager massivement afin d’éviter le désastre. Ou comment « jouer à la baisse » tout en provoquant la baisse grâce à l’impact médiatique de ses déclarations et, surtout, par l’impact direct de ses conseils de placements. Ce faisant, la « force de frappe » financière des institutions concernées leur confère bel et bien un droit de vie ou de mort sur des conglomérats réputés dominer toute la planète...

Et de fait, c’est désormais cette figure, celle de la très brutale prédation d’actifs par tous moyens, avouables ou moins avouables, qui se déploie dans l’ensemble de la sphère économique et financière. Si la métaphore des « rapides et des lents » a fait long feu, comment ne pas convoquer l’image du commando pour évoquer les « war-teams » associant banquiers d’affaires, analystes, juristes, « brokers », experts en « intelligence économique » et lobbyistes qui, loin des regards profanes, dépècent puis recréent des empires ?

Bien loin, très loin de revêtir les atours d’une « économie assistée », déconnectée des mécanismes économiques réels, l’Internet, les télécommunications, la « Nouvelle économie » dessinent la figure pure d’une économie de guerre. Ce sont des pans entiers de l’économie qui connaissent une restructuration sans précédent. Demain, votre opérateur de télécommunications deviendra votre banquier, votre assureur, votre agent de voyages...

Des institutions comme France-Telecom ou la Poste, en France, vont se transformer, après leur prochaine privatisatisation et l’inévitable « vente par appartements » qui l’accompagnera, en pôles forts de conglomérats qui auront acquis, des anciens monopoles publics, leurs déjà quasi-filiales spécialisées dans la logistique, la maintenance d’un réseau ou... l’accès au client [3].

Loin de signer la fin de la « Nouvelle économie », les brutaux mouvement financiers qui affectent depuis quelques mois les bourses mondiales témoignent crûment d’une restructuration radicale de l’ensemble de l’économie des pays développés [4]

Se borner à vouer aujourd’hui aux gémonies un phénomène que l’on adulait hier augure mal d’une maîtrise démocratique d’une mutation qui nous affectera demain dans les domaines les plus banals de notre vie quotidienne, au-delà de ce que nous consentons à imaginer...

 

[1« L’économie assistée de l’Internet », Thierry Klein, Libération, 5 avril 2001.

[2« E-signature : seulement un début », Jérôme Citron, Internet Actu, 5 avril 2001.

[3L’agence de publicité BBDO-Paris annonçait par exemple le 6 avril le lancement de l’e-Observatoire BBDO :

« Un club de cinq grandes entreprises se sont associées à cette initiative de BBDO Paris : Auchan, Automobiles Peugeot, France Télécom, le groupe La Poste et la Société Générale. Vocation de l’e-Observatoire BBDO : anticiper les comportements des Français sous l’effet de la pratique d’Internet, comprendre et mesurer l’influence et les conséquences de l’usage d’Internet dans la vie quotidienne des Français.

La méthodologie de cet e-Observatoire BBDO se déroulera en deux phases. En amont, une étude exploratoire menée par Gatard & Associés auprès d’adolescents, de femmes et d’hommes, triés en fonction de leur niveau d’expertise d’Internet. Ces résultats seront ensuite mesurés sur un échantillon national représentatif des internautes français, avec l’IFOP. Ce baromètre sera reconduit à l’identique pendant trois ans, à raison de deux fois par an. Les premiers résultats seront communiqués en juin.

L’e-Observatoire BBDO s’est aussi adjoint un comité d’experts réunissant Jean-Michel Billaut, fondateur et président de l’Atelier BNP Paribas, Jean-Jacques Damlamian, directeur exécutif de France Télécom, Jean-Claude Guédon, professeur à l’Université de Montréal, président du chapitre québécois de l’Internet Society, Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation pour l’Internet nouvelle génération et Jean-Jacques Vincensini, professeur à l’Université, spécialiste de la sémiotique.

(Christine Weissrock – Atelier BNP Paribas – 06/04/2001)

[4Le sénateur français René Trégouet signe ainsi un éditorial alarmiste dans sa lettre d’information en date du 6 avril. Dressant un tableau absolument catastrophique de la « Nouvelle économie », il en appelle à un véritable « Plan Marshall ». L’éditorial du sénateur illustre bien la réthorique de la période. En substance, l’Etat doit impérativement voler au secours des acteurs du marché qui ne rêvent que de le réduire à néant...
« Nouvelle économie : le temps des discours est maintenant terminé, il faut passer à l’action ».

 
 
Marc Laimé
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Journaliste, coordinateur du dossier « La Folie de l’Internet » du Canard Enchaîné

 
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> L’économie de guerre de l’Internet
12 avril 2001, message de Patrick Charles
 

Très bel article. Un modèle d’écriture. Marc Laimé pourrait en apprendre à quelques uns.
Comme on dit y’a pas photo

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L’économie d’idées de Marc Laimé
9 avril 2001, message de PRIVATE JOKER
 

Non-cher Mr Ledétesté,

Encore et toujours la Main du Malin qui frappe, ou "quand je tiens un truc, je l’utilise jusqu’à plus soif !".

Alors comme ça, les "Kaisers" ont pensé à tout depuis le début, c’était un complot ourdi des années à l’avance... Aidés sans doute par les Raéliens, pi aussi la NSA, pi le gouvernement Chinois !

Je trouve ça un peu trop cousu de fil blanc, désolé. Enoncer ce genre de rhétorique, c’est oublier un peu vite que :

1) le capitalisme n’existe pas sans la Concurrence™, ce qui veut dire que tous ceux qui portaient hier aux nues la NewEcoAïe cherchaient à en profiter selon le capital qu’ils pouvaient en retirer : les "industriels" pour le hard/soft-ware à imposer, les "analystes" pour leurs conseils (ils sont payés pour ça) à vendre, les "financiers" pour les plues-values bien grasses à réaliser, les "journalistes" (dont vous faites partie, ne vous en déplaise) pour leurs informations/opinions à monnayer... Mais tout cela dans le désordre et sans forcément vouloir reformer le GrandSatan™ : mimétisme idiot n’est pas synonyme d’entente frauduleuse.

2) quand on spécule en Bourse™ , on joue à la Hauss, ou à la Baiss, ou les Deu, en cherchant à avoir le plus d’infos dispos mais en n’allant jamais contre le marché : si le marché commence à monter et qu’on y croit, on joue la Hauss, ce qui la conforte ; si ToutLeMonde™ y croit, ça monte de façon exponentielle... Et c’est idem-itou pour la Baiss : la tendance générale est à la chute, no problemo, on s’aligne ; si ToutLeMonde™ s’aligne, patatras... Le blème c’est que d’ordinaire (dans la OldEcoAïe), la Hauss se fait jusqu’à ce qu’on arrive au maximum de rentabilité de la société (ou du marché) qui est fondée sur des chiffres réels (PER, trésorerie, bénéfices, ...), de même la Baiss s’effectue jusqu’à un minimum quantifiable lui aussi (en gros, l’activité mini-survie de la société). La NewEcoAïe, pas pareil : valorisations basées sur du vent sans savoir si c’est pérenne pour la Hauss (ho, le gratte-ciel), valorisations basées sur la réalité (FAILLITE !) lorsque la Baiss survient (ho, le champs de fouilles)...

3) les fonds de pension ne sont pas des hedges funds, ce qui veut dire qu’ils ne font pas n’importe quoi, dans les "limites capitalistiques" qui sont les leurs. En substance, les fonds de pension n’ont le droit d’investir ni sur certains produits financiers, ni sur certaines entreprises : ceci afin de développer des gardes-fous. Je rappelle à nos aimables lecteurs qu’un hedge fund demande un ticket d’entrée à queques Millions de dollars par personne (morale aussi, hein...) à des fins purement spéculatives. Un fond de pension, c’est l’équivalent d’une SICAV ou d’un FCP, très fortement lié à un banquier ou un assureur, avec une fiscalité avantageuse pour les petits porteurs qui en font parties, et qui impose des critères de rentabilité aux sociétés dont il achète des actions : "OK, on prend 20 % chez vous, on fait en sorte que le prix de l’action se stabilise entre 10$ et 20$, mais on veut 15 % de la rentabilité hors impôt". Pour rappel, un hedge fund comme LTCM s’est précipité sur les GKO russes (emprunts d’état court terme) à cause de la rentabilité de 240 %... Pas la même cible.

Effectivement, je suis d’accord pour dire que "c’est bel et bien le poids croissant de la sphère financière sur l’économie globale qui aura permis à ladite « Nouvelle économie » de prendre son essor", mais il s’agissait à l’époque (la Hauss) de se faire des gonades en or massif en vendant du Concept™ à des solvables ("les petits porteurs", par exemple ; mais ce n’est pas le seul) et pas "d’une très banale logique d’externalisation des coûts de recherche-développement". D’une part car cela ne sert à rien de monopoliser un banquier, un incubateur, et un introducteur pour se faire racheter par un vieux de la OldEcoAïe à vil prix. D’autre part, parce que la R&D hi-tek externalisée, ça va faire 15 ans et + que ça existe dans la "Silly-Con Vallée" (cf. début de Microsoft) et que ça pourrait durer encore longtemps : ce qu’on a vu dernièrement n’était PAS cela !

Bon, pour l’anecdote, cette chère "enfant de quatre ans" que vous citez un peu librement n’a pas triomphé "sans coup férir à la Bourse d’un analyste et d’une astrologue", elle a simplement perdu moins d’argent qu’eux en jouant TOTALEMENT au hasard : le fait qu’il s’agissait d’une expérience des "plus rocambolesques" n’autorise personne à transformer un "-" en un "+" , n’est ce pas... Sinon, "l’Age de l’accès" de Refkin c’est effectivement à lire, mais ce n’est qu’une démonstration supplémentaire que nos zolies multinationales les plus avancées ont pour projet de posséder/breveter l’intégralité du Mort (la Kultur) et du Vivant (le Jénome)... Quant au rapport avec l’Etat, ça me semble un peu téléphoné, si évidemment on est partisan de l’existence de ce genre de chose, sinon on s’en fout ! Pi "la figure pure de la guerre économique", zut alors : moi qui la voyais se tordre de rire depuis longtemps déjà, j’me doutais pas que c’était EN ATTENDANT de démarrer les hostilités !

Maintenant, en ce qui concerne la seconde partie de votre article(sic) : l’enjeu de la MoneyElectronic™. Il serait bon de rappeller qu’est ce que la monnaie ?!? C’est à l’époque moderne, une unité d’échange fixant le prix des biens/services, mais aussi une réserve de valeur, qui est sous le contrôle des Banques Centrales : celles-ci peuvent la (laisser) créer de plusieurs façons. D’une part, elles peuvent accepter des dépôts en Or/DeviseEtrangère/Etc... en échange de billets de banque (1° création). D’autre part, elles peuvent accorder des crédits aux banques nationales qui elle-mêmes vont en accorder à leurs clients (2 °création). Enfin, une BC peut accorder un emprunt à l’Etat (3° création). Le problème, c’est qu’une nouveau moyen de paiement est en train de voir le jour : le tout est de savoir s’il y aura création de monnaie, ou pas. Comment ? Et si oui, QUI pourra créer cette monnaie ? Pour le moyen, il s’agira certainement du crédit, comme celui qu’aujourd’hui Incontinent ou Carrouf’ accordent à leurs clients : demain, ce sera MisoCrote dans sa galerie virtuelle, si on le laisse faire. Alors dans ce cas, devra-t’il emprunter auprès d’une BC ou auprès d’une banque nationale, et à quelle condition (taux d’intérêt, durée, ...) ? Quelle sera l’incidence de cette création de monnaie sur le déficit (emprunt auprès de la BC) des Etats ? Verra-t’on apparaître une monnaie mondiale, unique, et universelle ? Etc, etc... On voit que le problème ne se situe pas dans les solutions techniques qui, à un moment ou à un autre, seront opérantes mais plutôt dans un jeu de pouvoir du politique au financier : encore recemment, la conduite de la monnaie était une marque de pouvoir pour l’Etat... Jusqu’aux années 1980, où ce dernier cherche à réduire ses déficits publics, se coupe de sa BC et développe un marché financier liquide afin d’y emprunter directement de l’argent. Depuis, le marché international s’est développé, les taux d’intérêts ont flambé, et les Etats ont souffert. Et demain ?

Maintenant, il va falloir me dire où est le GrandComplot™ là où n’opère finalement que de la concurrence sauvage et des intérêts divergents. Pour ce qui est des problèmes techniques, je me gausse : le vrai danger n’est pas là, non-cher Mr Ledétesté, mais dans la possibilité de mettre en place UNE (au moins) monnaie universelle dans le cyber-monde (vas-y CoCo, c’est vendeur comme terme !), et par Qui...

Le bal est ouvert...

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> L’économie d’idées de Marc Laimé, Fab, 9 avril 2001

Moi je prefere assez largement les articles - pardon, les longues contributions au forum - de Private Joker a celles de Marc Laime. Elle ont le merite d’etre claires et surtout - ce qui se fait rare de nos jours -, de peser le pour et le contre des marches financiers, en bref de ne pas etre a sens unique, manicheens.

Sinon une question rapide et simple a laquelle la plethore d’article incendiaires publies sur Uzine dont le message etait en gros "les marches financiers = caca" n’ont pas fourni le moindre embryon de reponse.

Des gens - pardons, de vilains capitalistes - ont fait fortune en jouant le Nasdaq a la baisse, ils s’en sont mis plein les fouilles en achetant des options sur cet indice. Tres bien. Mais sur le dos de qui ils se sont fait cet argent ? Quel est l’imprudent qui leur a vendu ces options ? Qui a ete floue dans l’affaire ?

Sont-ce les petits porteurs ? Les Etats ? Les fonds de pension ? Ou bien ne serait-ce pas les banques par hasard qui leur ont vendu ces produits financiers ? Et si ce sont les banques, convient-il vraiment de s’apitoyer sur les mauvaises affaires de Paribas ou de Goldman Sachs qui ont si imprudemment vendu ces options ? A mon humble avis non. Cela reviendrait a s’apitoyer sur la division par 10 des primes recus par les traders londoniens ce qui me parait quelque peu indecent.

Donc finalement, pour reprendre les vocabulaire consacre, "les requins plument les requins", je ne vois pas ou est le probleme.

Sur "le doux ronron de la presse economique qui reprend la litanie des analystes annoncant - avant le krach - la montee au ciel de l’indice Nasdaq". Cela me semble absurde. J’ai souvenir d’un article des Echos qui decrivait ces analystes de la "nouvelles economies" avec toutes les hypotheses economiques sous-jacente en matiere de productivite des facteurs et autres trucs baroques (la reference est chez moi, je ne l’ai pas la). Cet article m’a fait rigoler plutot qu’autre chose. A aucun moment le journaliste ne prenait partie, et il mettait a chaque fois en balance l’avis de l’analyste "pro nouvelle economie" avec celui qui etait attache a l’analyse financier "a l’ancienne". En tant que lecteur responsable, j’avoue qu’apres lecture de l’article, les seconds m’ont paru plus credibles que les premiers. La lecture d’un article d’un journal serieux (et les Echos, to comme le FT en sont je suis desole) n’engage que celui qui le lit, mais peut-etre est-ce trop demander au lecteur d’etre intelligent ?

Autre exemple dans The Economist, parangon de liberalisme a l’anglo-saxonne. Je me souviens d’un article de debut 2000 (references chez moi la encore) qui ne disait ni plus ni moins que les start-up internet etaient tres largement surevaluees et que le krach etait inevitable. Etonnant non, comme dirait l’autre.

Le FT du 20/03/2001 (p 22 article "Shoot all the analyst", rien que ca) regrette le temps des analystes d’antan (il y a 20 ans) et suggere a la fin de cet edito que "les analystes devraient apprendre un peu l’humilite et retourner a l’analyse (comprendre l’analyse fondamentaliste, celle qui s’appuie sur des chiffres reels, des techniques eprouvees - quoique incapables de prevoir les soubresauts a court terme des marches).

Par pitie, arretons les anathemes sur la presse economique ou alors argumentons tres serieusement. Un argument n’est jamais aussi fort qu’avec des preuves a l’appui.

Une reflexion argumentee, avec des elements de preuve pour l’etayer ? Mais est-ce que ce ne serait pas ca, par hasard, le journalisme ?

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> L’économie d’idées de Marc Laimé, Antoine, 9 avril 2001


Sont-ce les petits porteurs ? Les Etats ? Les fonds de pension ? Ou bien ne
serait-ce pas les banques par hasard qui leur ont vendu ces produits
financiers ? Et si ce sont les banques, convient-il vraiment de s’apitoyer
sur les mauvaises affaires de Paribas ou de Goldman Sachs qui ont si
imprudemment vendu ces options ? A mon humble avis non. Cela
reviendrait a s’apitoyer sur la division par 10 des primes recus par les
traders londoniens ce qui me parait quelque peu indecent.

Donc finalement, pour reprendre les vocabulaire consacre, "les requins
plument les requins", je ne vois pas ou est le probleme.

Le problème c’est que quand les banques perdent beaucoup de l’argent,
c’est l’économie traditionnelle (au sens : la "vraie") qui pâtit (moins d’investissements,
moins de confiance), ainsi que directement les contribuables (exemple
crédit lyonnais).

En tant que lecteur responsable, j’avoue
qu’apres lecture de l’article, les seconds m’ont paru plus credibles que les
premiers. La lecture d’un article d’un journal serieux (et les Echos, to
comme le FT en sont je suis desole) n’engage que celui qui le lit, mais
peut-etre est-ce trop demander au lecteur d’etre intelligent ?

Bon, ben, je vais me faire embaucher dans un journal "sérieux", j’écrirai
les pires conneries, et je me défausserai en disant que ça n’engage que
l’abruti qui y croit.

Répondre
> L’économie d’idées de Marc Laimé, Fab, 9 avril 2001

La faillite du Credit Lyonnais est tout sauf une faillite speculative. C’est l’echec du concept de banque industrie qui voulait la banque investisse dans des affaires "industrielles" sur le long terme. De fait, les fiascos connus du lyonnais concernent des entreprises comme MGM, ou la compagnie d’aviation AOM, des "vraies" entreprises. Ces investissements hasardeux releve, pour la majeure partie du trou du lyonnais, plus du "pret a des entreprises en difficulte" (a la "vraie" economie comme tu dis) qu’a de la speculation sur des valorisations boursoufflees. De ce point de vue la, le lyonnais est quasiment un contre exemple. C’est une banque qui a fait son travail de banque traditionnelle (preter a des entreprises pour se developper) .... mais tres tres mal et sans aucun controle des risques (ce que tout banquier digne de ce nom aurait du faire : la la banque a completement failli a sa tache sur ce coup la).

Un exemple de faillite speculative ? La banque anglaise Barings en 1995 ruinee par son trader Nick Leeson. Et qui a paye pour ca ? Certainement pas le contribuable anglais (ce n’est pas le genre des anglais) mais la banque a tout simplement ete racheteee par la banque hollandaise ING. La perte d’independance pour avoir fait n’importe quoi, cela evite de ponctionner le contribuable non ?

Maintenant, je n’ai pas note de faillites bancaires retentissante consecutive au krach des valeurs Internet. Ce qui prouve que ces braves banques ne sont pas folles : elles savent diversifier les risques et si elles vendent des options a la baisse du Nasdaq, elles se debrouillent pour les recuperer sur d’autre operations. La principale consequence de ces mauvaises affaires sur l’indice Nasdaq sera la baisse du profit de la banque et celle de la prime du trader. J’ai beau me forcer, cela n’arrive pas a m’emouvoir.

Quant a se faire embaucher par un journal "serieux" ! Eh bien bon courage, sans etre "dans le milieu", je pense que les places sont assez cheres. Et si tu te mets a ecrire les pires conneries apres avoir ete embauche dans ce meme journal, je te fiche mon billet que tu n’y feras pas long feu.

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> L’économie d’idées de Marc Laimé, 10 avril 2001

La principale consequence de
ces mauvaises affaires sur l’indice Nasdaq sera la baisse du profit de la
banque et celle de la prime du trader. J’ai beau me forcer, cela n’arrive
pas a m’emouvoir.

Tu n’as pas compris. Tu raisonnes comme si le milieu boursier et bancaire
fonctionnait en circuit fermé. Quand une banque perd du fric, elle réduit
ses investissements dans l’économie traditionnelle (sans compter qu’elle
peut également virer des gens, augmenter les tarifs de ses services aux
particuliers...). C’est là le problème. Il n’est pas question de "s’apitoyer" ;
mais les pertes survenues à cause d’investissements foireux dans des
projets inutiles se répercutent sur l’attitude qu’ont les banques vis-à-vis
de l’économie véritable.

Quant a se faire embaucher par un journal "serieux" ! Eh bien bon
courage, sans etre "dans le milieu", je pense que les places sont assez
cheres. Et si tu te mets a ecrire les pires conneries apres avoir ete
embauche dans ce meme journal, je te fiche mon billet que tu n’y feras
pas long feu.

"Est-ce trop demander au lecteur d’être intelligent ?"
... et de comprendre l’ironie ?

Répondre
la bourse ou la vie, calvz, 10 avril 2001

Tout a fait d’accord avec Antoine. Un tel recul generalise a forcement des consequences sur l’economie en general ; et pas juste sur les primes des traders ou les stocks des e-PDG. Et c’est pkoi, bien que rejouissant de prime abord, il est aussi un peu dramatique quelque part...

Des millions de gens ont perdu quelques dizaines de pourcents de leur patrimoine boursier, et cela implique qu’ils depensent moins, engagent moins, investissent moins, etc, et tout cela se diffuse progressivement dans la machine pour la tirer vers le bas...et donc penalisera a terme meme ceux qui n’avaient rien joue en bourse du tout. Ces derniers seront meme peut-etre au final plus penalises que les boursicoteurs, qui ont souvent de quoi assurer leurs arrieres...

Entre parentheses, certains faits dementent la theorie du complot (pigeons-petits-porteurs financant la R&D pour les grands-groupes-machiaveliques) : tout simplement l’immense armee des decideurs, inities et autres friconautes de haut vol qui se sont faits flouer comme le premier neophyte venu. Bernard Arnault, par exemple, a perdu des millions (de son pognon personnel a lui), et il est tres loin d’etre le seul.

calvz

Répondre
> la bourse ou la vie, Antoine, 10 avril 2001

Oui. J’ai même tendance à penser que dans ce genre de fortes agitations
boursières, si on peut penser à première vue que les pertes et gains
de chacun sont répartis aléatoirement, en fait statistiquement c’est
clairement vers certaines catégories (sociales) que le transfert
d’argent s’opère.

Répondre
> la bourse ou la vie, Fab, 10 avril 2001

Alors si je comprends, tu te desoles que les banques ne fassent pas beaucoup de profit pour qu’elles ne puissent pas en repercuter sur les tarifs des services qu’elles proposent aux particuliers et qu’elles ne puissent pas octroyer plus de prets aux entreprises ? Mouiais, j’avoue etre perplexe sur cet effet de vase communicants !

De toute facon, je suis bien convaincu qu’il n’y a pas de souci a se faire pour les profits des banques. Par pitie, remettons les choses en perspectives : un krach boursier n’est qu’un epiphenomene et il suffit simplement d’attendre pour que les cours remontent. Le rendement cumule des placements boursiers a toujours ete, sur le long terme, superieur aux rendements de tous les autres placements quels qu’ils soient. C’est vrai qu’il y a des krach, mais je trouve absurde que des gens crient au loup quand la bourse explose et que les gens decrient les profits indecents des banquiers et que les MEMES gens se mettent aussi a crier au loup lorsque la bourse s’effondre en se mettant a plaindre cette fois les pauvres entreprises auxquelles les banques refuseront desormais de preter.

De toute facon l’effondrement du Nasdaq a ete contrebalance par un relatif regain de vigueur des actions des societes traditionnelles du Dow Jones, c’est la, en partie, que l’argent est passe. Un investisseur avise (et tu peux croire que les banques le sont) aura sagement diversifie son portefeuille et aura regagne d’une main une partie de ce qu’il aura perdu de l’autre. Et arretons de se focaliser sur "la vente d’options pariant sur la baisse de l’indice" qui ne representent qu’une goutte d’eau dans l’ocean des actifs bancaires.

Pour le phenomene que tu decris (plus connu sous la terminologie anglo-saxonne de credit crunch), le nombre de fois dans ce siecle ou on l’a observe se compte sur les doigts d’une main : en 1929 pendant la grande recession, et au Japon aujourd’hui (et encore au Japon, le krach boursier - immobilier en l’occurence - est moins responsable que l’imperitie des banquiers japonais et les relations clientelistes nouees avec la pouvoir politique).

De plus maintenant, la lecon de 1929 a ete retenue, et je pense que les banques centrales sauraient mener une politique monetaire ad hoc pour limiter les degats si un tel spectre venait a se profiler a l’horizon. Mais encore une fois on en est pas la !

Répondre
> la bourse ou la vie, calvz, 10 avril 2001

Les banques ont diversifie leurs investissements, certes, mais ont perdu de l’argent tout de meme. De plus, bcp de particuliers sont durement touches, et ca me parait tout aussi important que les banques sur lesquelles tu te focalises.

Effectivement, celui qui a du pognon a de quoi voir venir en attendant des jours meilleurs, i.e la remontee des cours. Il ira 8 fois par mois au resto au lieu de 15, et n’en mourra pas. Le sous-plongeur adjoint du resto ou il se rend, en revanche, se fera virer si son patron fait 40% de CA en moins, et ca sera deja moins "epiphenomene" pour lui...

Tu as l’air d’oublier que quand une bonne partie de la population, a fortiori ceux qui depensent le plus, perd du pognon, forcement il se serrent au moins un peu la ceinture et cela induit une certaine morosite generale pour au moins quelques mois, au pire quelques annees. N’oublie pas d’ajouter au tableau le spectre de l’UMTS, le ralentissement americain, les banques japs, et surtout, surtout, l’effritement de la confiance des Menages(TM).

Evidemment on ne se dirige pas tout droit vers l’Apocalypse, ni meme vers un scenario a la 29, mais limiter les degats aux portefeuilles des boursicoteurs, ca me parait un peu court.

Amicalement,

calvz

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> la bourse ou la vie, Manu, 11 avril 2001

Analyse pertinente. Il semble donc tres important d’augmenter les revenus des grandes entreprises et de leurs patrons, comme ca ils ne virereont pas les employes à titre d’épiphénomène ...

Répondre
Merci, merci, arrêtez les flashs !, PRIVATE JOKER, 10 avril 2001

Salut,

Je m’aperçois qu’il va falloir que je me calme, on va finir par me prendre pour un libéral : alors soyons clair, le capitalisme C’EST DE LA MERDE ! Voilà pour le manichéisme...

Je considère en fait que quand on s’attaque à un sujet comme "nos amis les marchés financiers" il faut essayer d’être réfléchi car il s’agit d’un sujet extrèmement complexe et faire dans le easy-understanding ne peut que desservir le propos : crier au loup ne sert à rien, à part à fatiguer son auditoire.

Par contre, tu sembles considérer que "les requins plument les requins" et seulement eux : c’est faux ! Ils plument tout le monde, y compris eux-mêmes, et c’est pour cela qu’ils sont dangereux. Ces gens ne vivent pas en autarcie, ce ne sont pas des gamins qui font mumuse dans le bac à sable (quoique...) : ils sont au coeur de l’économie "réelle", où tout est lié même si on l’oublie souvent.

Dans ton post du 10/4 à 10:23:08, tu écris "un krach boursier n’est qu’un épiphénomene et il suffit simplement d’attendre pour que les cours remontent"... Je te rappelle que ce raisonnement ne tient pas si les conditions de remontée des cours n’existent pas : investissement des entreprises, consommation des ménages, inflation , etc... Si un de ces éléments ne suit pas : ralentissement de l’activité. Si, comme après 1929, tous ces éléments s’effondrent : déflation, récession, dépression, gnark, gnark !

Mais il est vrai qu’accuser les krachs de tous les maux est irresponsable, d’autres éléments peuvent déclencher une récession, d’autres encore peuvent devenir insupportables seulement en cas de Krach. Personnellement, j’attend la mise en place de l’Euro avec beaucoup de curiosité : est-ce que ça pourrait fragiliser l’économie ?

A+

Répondre
> Merci, merci, arrêtez les flashs !, Fab, 11 avril 2001

Desole mon cher Private Joker mais je vais en rajouter une couche (la derniere c’est promis, pares mes contributions seront bien incendiaires et bien mechantes comme il est de coutume de l’etre dans un forum).

Je suis encore (desole vraiment) a 100 % d’accord avec toi sur "faire dans le easy-understanding ne peut que desservir le propos : crier au loup ne sert à rien, à part à fatiguer son auditoire.", et surtout sur un sujet ou il y a autant a dire que la speculation financiere.

Ce qui m’horripile au plus au point dans les articles de M. Laime c’est la rethorique absurde "je dis des trucs vrais dans le corps de l’article (sur les grandes manoeuvres a venir en terme de monnaie electronique, ou sur les methodes comptables des operateurs telecom dans un autre article sur le krach de l’UMTS qui m’avait particulierement enerve) et j’en tire tout naturellement la conclusion que c’est la fin du monde" et si quelqu’un a le malheur de dire que la fin du monde n’est pas pour demain, il se voit retorquer "oui mais il y a des trucs vrais dans l’article qu’il etait bon d’expliquer au lecteur". Il reste que l’impression dominante que le lecteur retire de l’article est celle de la conclusion : le message - quasi propagandiste - est passe.

A mon tour maintenant de me prononcer sur "Le capitalisme, c’est de la merde". Avant de signer une petition sur un sujet bien raccoleur ("contre la misere dans le monde" ou "le capitalisme c’est de la merde"), j’aime bien lire le texte de ladite petition.

C’est quoi donc le capitalisme ?

Si le capitalisme, c’est que des entreprises, appelees banques, collectent les economies des petits epargnants pour les investir dans les fonds propres d’entreprises "reelles", en remunerant cet investissement au taux d’interet reel + une prime de risque : je trouve cela tres bien. C’est la definition originelle du capitalisme mais le terme a ete tellement instrumentalise depuis que peu de gens a mon avis s’y referent.

Maintenant, si le capitalisme, c’est se prevaloir du mecanisme du paragraphe ci-dessus, mais avoir des retour sur investissement completement delirants, non parce que on a "investi sur le bon cheval" mais parce que la speculation gonfle artificiellement les cours et que si on revend a temps, on peut s’en tirer les poches pleines sans aucun merite, alors effectivement le capitalisme c’est de la merde.

Les deux mecanismes ci-dessus existent dans l’economie, on parle plus souvent du second parce que c’est plus raccoleur et ca fait plus de messages sur les forums mais le premier existe aussi et j’ai l’impression que les pourfendeur du capitalisme jettent le bebe avec l’eau du bain i.e. mettent dans le meme sac ces deux aspects.

Le Credit crunch (i.e. a cause des pertes sur les marches financier, les banques ne pretent plus rien a personne et l’economie reelle entre en recession) maintenant. De tous les messages de ce forum, le seul mode de transmission evoque de la crise financiere au monde reel est le Credit crunch. Cela me semble juste (je n’en vois pas d’autre, en tout cas pas d’autre avec un effet potentiellement aussi massif). Mais quid du Credit Crunch ?

- La crise de 1929 ! en 1929, la reserve federale americaine avait 20 ans, et donc tres peu d’experience, la connaissance des mecanismes de la politique monetaire etait dans les limbes et ces carences ont laisse se developper le Credit crunch avec une ampleur demesuree. Maintenant, on en est plus la. La peur du Credit crunch hante tous les banquiers centraux et je suis convaincu que les memes erreurs qu’en 29 ne seront pas commises au cas ou une situation similaire venait a se reproduire.

- La crise japonaise actuelle qui releve de ce mecanisme aussi. A gros trait, les creances douteuses des banques japonaises sont dues au fait que les banques ont prete n’importe quoi aux entreprises, non pas en regardant les projets qui leur etaient soumis, mais en regardant les cautions qui leur etaient apportees. Ces cautions etaient des cautions immobilieres et.... l’immobilier s’est effondre. La verite est que les banquiers japonais sont des cretins - pour ne pas dire de filous - et qu’ils ont fait aussi bien leur metier de banquier (estimer le risque inherent a un projet quand un pret est sollicite) que... les dirigeants du Credit Lyonnais. C’est dire !

Alors ? Il ne faut jamais dire jamais et un nouveau Credit Crunch est toujours possible. Mais les gens sont maintenant conscient du danger et Greenspan n’est pas un fou dangereux a qui on aurait donne un joujou qui en ferait le maitre du monde. Le krach Internet est a mon avis un krach comme celui des chemins de fer britanniques (1849 je crois), comme ceux de 1873, 1896 ou 1987. Un krach "mineur" dans le sens ou il aura des effets limites sur l’economie reelle.

Alors discutons calmement des problemes structurels inherents aux marches financiers, des trucs scandaleux observes sur ces memes marches (manipulation des cotations, bonus des traders qui me mettent hors de moi, analyse financiere menee n’importe comment) mais arretons de donner pour preuve de ce qu’on avance "l’inevitable catastrophe a venir sur l’economie reelle". C’est grotesque et cela dessert l’argumentation.

Bon, ben a bientot, j’espere que je n’ai pas ete trop long

Répondre
Des (supposés) bienfaits du capitalisme..., 11 avril 2001

On peut débattre des bienfaits supposés du capitalisme. Soit. On peut déplorer que nous pourfendions les excès du libéralisme. Soit, encore.

Reste que l’actualité nous offre une illustration criante des dérives que nous pointons.

Les opérateurs de telecoms européens se sont donc endettés à hauteur de 2 milliards d’euros pour financer la fameuse téléphonie 3G. (L’équivalent du budget annuel de la France). Voir articles précédents...

Or qu’apprenons-nous ce jour ?

Que la Banque eurpéenne d’investissement, financée par le contribuable européen, s’apprête à voler au secours de nos amis les opérateurs de telecoms...

Le contribuable (européen), va donc bel et bien payer la facture de l’UMTS. Au détriment, par ailleurs des investissements, classiques, de la Banque européenne d’investissement. Infrastructures, grands travaux, développement Nord-Sud, etc...

(Noter que la BEI a déjà financé, à hauteur de 50%, le Fonds de « garantie » du secteur du capital-risque français, créé par l’Etat il y a deux ans, et géré par la CDC !)

Voir :

La brève diffusée ce jour par la newsletter, gratuite, de Digital Business Globe. L’article n’est accessible que par abonnement. Rien encore sur AFP, Reuters, Yahoo... :

« La Banque européenne d’investissement en discussion avec des opérateurs pour l’UMTS. »

Aucune information officielle disponible pour l’instant auprès de la BEI...

Présentation BEI :

http://www.info-europe.fr/europe.web/document.dir/fich.dir/QR000913.htm

http://www.service-public.fr/ARBO/090210-FXEUR118.html

Site Web BEI :

http://www.bei.org/

European Investment Fund (filiale BEI venture-capital) :

http://www.eif.org/

Les financements à l’intérieur de l’UE en 2000 :

http://www.bei.org/loans/cbceu00.htm

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Ce n’est pas sur cet exemple que je vois ses mefaits., Fab, 11 avril 2001

Oui, mais l’argent verse pour l’obtention des licences UMTS surcompense largement la contribution des Etats a la BEI.

Le deroule de l’affaire est le suivant :

- les Etats vendent les licences UMTS aux operateurs de telephone qui payent une fortune pour les acquerir (a ce titre, les premiers Etats arrives sont les premiers servis : l’Angleterre et l’Allemagne beaucoup mieux que le France et l’Italie)

- les operateurs ont eu les yeux beaucoup plus grand que le ventre, entre autres choses parce qu’ils n’avaient pas prevu le krach et que apres que leur actions ont ete divisees par plus de deux, ils n’ont plus les moyens de payer aussi cher les licences

- voyant cela, et pour diverses raisons (peur des problemes consecutifs a une succesions de faillites dans le secteur, volonte - comme en France - que le gouvernement ne perde pas la face et parvienne a ceder deux licences sur les 4 qu’il propose), les Etats mettent en oeuvre une succession de "ristournes" deguisees : artifices comptables, subvention indirectes via la BEI etc...

En poussant l’exemple un peu plus loin, on peut meme saluer cette action etatique hardie pour prevenir un "telecom crunch", i.e. une succesion de faillites dans le secteur des telecoms qui aurait tres certainement des effets deleteres sur l’economie dans son ensemble.

En fin de compte : le gain pour le citoyen est : Prix de la licence UMTS - ristournes diverse.

On ne fera pas croire que l’ecot paye par le citoyen francais pour financer la BEI s’eleve a la hauteur des 64 milliards (2 * 32 si je compte bien) que vont rapporter les licences UMTS. Le contribuable n’est certainement pas perdant dans l’affaire.

Maintenant pourquoi adopter des methodes aussi tordues plutot que d’admettre que les licences ont ete pricees et mises aux encheres n’importe comment ? L’ego, toujours l’ego ! Fabius et Jospin ne veulent pas passer pour des guignols aupres de leurs electeurs, non plus de Michel Bon, Chris Gent (Vodaphone) ou Ron Sommer (Deutsch Telekom) aupres de leurs actionnaires. Orgueil, quand tu nous tient !!

Pas de quoi crier au racket cependant !

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> Ce n’est pas sur cet exemple que je vois ses mefaits., 18 avril 2001

"Maintenant pourquoi adopter des methodes aussi tordues plutot que d’admettre que les licences ont ete pricees et mises aux encheres n’importe comment ? L’ego, toujours l’ego ! Fabius et Jospin ne veulent pas passer pour des guignols aupres de leurs electeurs, non plus de Michel Bon, Chris Gent (Vodaphone) ou Ron Sommer (Deutsch Telekom) aupres de leurs actionnaires. Orgueil, quand tu nous tient ! ! "

Ah ! le retour de la psychologie de bazar... au fait, tu te targues de précision et fustiges les pauvres ignorants - mais avec quelle bonne volonté pédagogique !!-, peu au fait d’un vocabulaire financier aussi abscons et triste qu’un Dalloz, mais écoute un peu ceci : "pricees" se dit : "mises à prix" (même si un "bug" restera à jamais un "bug" ;))

et si tu me permets ce petit retour en arrière de quelques posts :

"
Maintenant, je n’ai pas note de faillites bancaires retentissante consecutive au krach des valeurs Internet. Ce qui prouve que ces braves banques ne sont pas folles : elles savent diversifier les risques et si elles vendent des options a la baisse du Nasdaq, elles se debrouillent pour les recuperer sur d’autre operations. La principale consequence de ces mauvaises affaires sur l’indice Nasdaq sera la baisse du profit de la banque et celle de la prime du trader. J’ai beau me forcer, cela n’arrive pas a m’emouvoir. "

...désolé de te contredire, et même si tu crois que ’ces braves banques ne sont pas folles’, qu’elles ’savent diversifier les risques’, tu seras surpris d’apprendre qu’elles font cela (en France) par obligation légale, et non par choix - que l’on qualifiera de raisonnable si l’on y croit !-, de meme que les assurances et autres établissements de crédit. Quant aux Etats-Unis...!! au milieu des années 1980, un des fils Reagan coula un établissement de crédit à cause de placements hasardeux, dictés certes par les lois du marché, la Bonne Providence, et, sans doute, une efficace lecture du marc de café, autant de méthodes scientifiques éprouvées. Qui donc paya ? pas l’Etat, on s’en doute, ni donc le contribuable, mais bien les milliers d’épargnants qui y laissèrent parfois l’épargne d’une vie. Peu de choses, donc.

Ceci pour souligner simplement que lorsqu’aucune obligation ne s’impose aux acteurs du monde financier - excusez la lapalissade !- ils ne s’obligent eux-mêmes à rien : voyez la COB et ses kilos de décisions, les diverses obligation obtenues au forceps des établissements bancaires (concernant par exemple le crédit aux particuliers, le crédit revolving, et autres saletés qui encombrent les commissions de surendettement !)

ER

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Oh non m’sieur, pas le bonnet d’ane, Fab, 18 avril 2001

Merci beaucoup pour ces enrichissantes critiques de forme (usage de la psychologie de bazar, utilisation de mots franglais), essaye toi aux critiques de fond la prochaine fois. Tu pourrais aussi critiquer l’absence d’accents dans mes contributions mais ca c’est le la faute de mon clavier QWERTY.

Quelques elements de reponse rapides :

- la psychologie de bazar, je crois fondamentalement que dans ce cas precis c’est justifie et surtout pour le monde politique. L’electeur est versatile, a peu de memoire et la hantise de l’homme politique est de perdre la face devant lui et est pret a tous les artifices pour eviter ce cas de figure. Il suffit de regarder le fouilli inextricable qu’est devenu notre loi de finance, le ballet des lettres de cadrage, des autorisations de credit pour comprendre que dissimuler les veritables priorites de finances publiques est devenu un veritable sport national et que la gageure lors de la publication des principaux indicateurs economique est de pouvoir leur faire dire tout et son contraire (voir par exemple "le taux de prelevement obligatoires baisse en pourcentage du PIB" qu’on nous ressort chaque annee dans un sens ou dans l’autre).

- "tu seras surpris d’apprendre qu’elles font cela (en France) par obligation légale, et non par choix" : euuuh non, je ne suis par surpris, je le sais tres bien. La reglementation prudentielle existe presque partout et pas seulement en France, j’en suis un tres chaud partisan et cri au scandale absolu (et je rejoint le ton "anti marches financiers" de ce forum) lorsqu’elle n’existe pas c’est la cas pour certains hedge funds je crois - flute un mot anglais -. Je considere que la reglementation est necessaire (ca aussi c’est une belle lapalissade, a quoi j’en suis rendu pour me justifier !), que les banques ne sont pas naturellement vertueuses et qu’il est bon d’avoir des gardes fous pour les empecher de faire n’importe quoi. D’ailleurs, cela va dans le sens de ce que je dis. En effet, ces reglementations sont filles pour certaines du krach de 1929, preuve que les pouvoirs politiques ont essaye de tirer les lecons de l’evenement pour eviter les futurs Credit Crunch

- Pour l’exemple Reagan, la question "qui paye" doit etre reglee au niveau de l’Etat. Si les citoyens de la nation (exemple les Etats-Unis) estiment que c’est bien fait pour les petits epargnants, eh bien tant pis pour eux. Si dans d’autres pays (exemple, la France), l’opinion se range du cote des petits epargnants et souhaitent qu’ils soient dedommages car ils ont ete floues par des banquiers ou des assureurs sans scrupules, on prevoit un dedommagement aux frais du contribuable, des peines des prisons aggravees pour les fautifs et / ou on renforce les regles de responsabilite sur ses biens propres pour ceux qui montent une affaire financiere ou on renforce les regles prudentielles. Beaucoup de solutions donc dans la main du legislateur pour compenser une injustice. A titre personnel et pour me situer, je suis partisan de la methode francaise par rapport a la methode americaine et aussi de puntions severes pour ces gens sans scrupules, qu’ils soient fils de Reagan ou dirigeant de Credit Lyonnais. Ca te va comme ethique ?

Voila M’sieur le professeur, j’ai essaye d’utiliser le Dalloz le moins possible pour cette contribution, je vais avoir la moyenne ?

Répondre
la pieuvre hideuse du Gross Kapital, PRIVATE JOKER, 11 avril 2001

Hello the Fabulous Fab,

Tu n’as pas à être désolé mon bon, voyons : d’une part tu sais de quoi tu parles concernant le fonctionnement du Marché, d’autre part tu trouves Mr Ledétesté "quasi propagandiste", ce qui n’est pas pour me déplaire !

Mais, das Kapital, Késako ?

Pour moi, ce n’est pas seulement ce que tu décris, c’est bien plus surement une Idéologie Totalitaire (les grands mots sont lâchés) dont voici le message : "consommez, produisez, c’est la clé du bonheur !" (voir Marx-Proudhon-Debord-etc...). En gros, le bonheur et la liberté consiste à accumuler sans fin les items que ce joli système génère. Pourquoi ? Nécessité pour les "biens et services" de base (très bonne façon de rentrer dans le rang), meilleur rang social (un 4*4 pour briller en société, c’est mieux qu’une 2 CV), flattement de l’ego (j’ai économisé pour acquérir cette bicoque, maintenant je suis heureux), cohésion et paix civile (au lieu de réduire en esclavage ceux que je considère plus faible que moi, je deviens plus riche qu’eux, y-z’ont qu’à faire pareil !), etc... Comment ? Obligation d’avoir une activitée rémunérée (assez souvent "productive" et idiote bien sûr, programmeur par exemple ou financier) pour acquérir les items de base, obligation d’acheter ces "biens et services" (qui aujourd’hui saurait coudre, construire une maison, faire la cuisine, ..., à l’age de raison ?), obligation de penser à l’argent à défaut d’autre chose (avez-vous déjà compté le nbre de fois où vos pensées ont à voir avec l’argent dans une journée ?), etc... Autrement dit jouer sur la nécessité puis sur les désirs (qui dégénèrent en besoins) afin d’occuper le corps et l’esprit humain : faut qu’y s’occupe du superflu, pas de l’essentiel, pas qu’y pense au temps qui passe, à la mort qu’arrive, tout ça quoi !

Bon je sais c’est très situ-anarcho-communisal tout ça, très tendance, très commun sur le VebIndep mais on ne se refait pas : tu comprends maintenant de quel côté de la force je me trouve, pour moi c’est "l’économie" qui déjà arrivée comme une "catastrophe".

Alors, tu la signes la pétition ?

A la revoyure.

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La capitalisme a la Private Joker, c’est de la merde, Fab, 12 avril 2001

Vu sous cet angle la, je signe ta petition les yeux fermes, il n’y a aucun probleme.

Mais tu ne m’empecheras pas de deplorer..... l’appauvrissement du vocabulaire francais qui tend a galvauder des termes au sens precis, surtout lorsqu’ils entrent dans les debats politico economiques : voir les termes capitalisme, liberalisme, communisme, totalitarisme, fascime etc... Ce mots n’ont plus aucun sens, la preuve on est oblige de donner plusieurs definitions et d’echanger plusieurs longues contributions au forum avant de pouvoir s’entendre et pour certains d’entre eux (essentiellement ceux charges d’histoire comme "totalitarisme" ou "nazisme"), c’est dangereux. Il ne faudrait pas, sous pretexte de debattre virulemment, perdre a la fois le sens de la mesure et la memoire.

Alors pour me situer :

- je considere comme "ideologie totalitaire" le liberalisme extreme en vogue dans les annees 80 (facon Reagan Thatcher) et la considere comme extremement dangereuse. Cependant, j’ai la conviction que cette ideologie est en perte de vitesse sous sa forme "globalisante", i.e. comme theorie economique s’appliquant a l’ensemble de la societe. On la retrouve mais sous une forme a la fois moins generale mais plus insidieuse (exemple quand on voit les actions de lobbying menees aupres des gouvernements par les grandes multinationales pour faire valoir leurs interets, au mepris des choix democratiques des populations). Je pense que la vigilance citoyenne peut lutter contre ce danger mais il faudrait deja commencer par ne pas avancer n’importe quoi comme argument, au risque de se tirer une balle dans le pied, i.e. de se discrediter dans le debat qu’on mene en avancant des arguments absurdes.

- j’ai un mepris absolument souverain pour les gens "obsedes par l’argent" dont tu parles. C’est meme plus qu’obsedes, c’est "accro" au sens "accro a la drogue" avec la meme connotation quasi-medicale. Et je pense savoir de quoi je parle. Je travailles a Londres (mais PAS dans une banque, pas de faux proces par pitie) et je cotoie inevitablement (sauf a vivre en ermite etne jamais sortir le soir) des banquiers de la City qui pour l’enorme majorite d’entre eux ont perdu tout sens des realites concernant l’argent a un point completement effarant

- moi, j’aime bien sortir du boulot pas trop tard pour aller au cinema, j’adore faire la cuisine et j’ai recousu ce We un bouton de chemise. C’est grave docteur ? Suis-je un dangereux subversif ?

Voila pour "quelques precisions sur la capitalisme".

A +

Répondre
on s’en fout, pas de prophète : autrement dit, à vous de voir..., PRIVATE JOKER, 13 avril 2001

Hello (attention marque à boycotter, oui je sais je me répète...),

Signer "les yeux fermés" : avoir besoin d’un chef ? Bonne question non ? D’où ces quelques crottes :

1) IDEOLOGIE
Définition étymologique la plus approchante : "représenter le monde en idées, concepts, abstractions" (Eidos - Logos).
Piste pour les premiers idéologues : les philosophes "matérialistes" -> les Lumières français(es), l’école anglaise "Hobbes/Locke" -> puis, inventeurs/continuateurs de la Révolution Française, pères fondateurs des USA...
Certainement le plus "moderne" anti-idéologique : Nietzche (oui, je sais, c’est Yzy !).
Tentative de définition : invention d’un système, avec comme moyens ceux cités ci-dessus, et pour but de réguler les relations qui existent entre les humains, entre ceux-ci et la nature, entre ceux-ci et la culture, entre ceux-ci et l’histoire.
Petit jeu (gnark, gnark ) -> définir les mots-clés utilisés au-dessus : définition (!), concepts, abstractions, philosophes, révolution, régulation, nature, culture, histoire, humain, moderne, et j’en passe...

2) TOTALITAIRE
Définition étymologique la plus approchante : "qui tendrait à la globalité, à la totalité, à l’unité" (Totus - Itas).
Piste pour les premiers totalitaires : les systèmes, religions et régimes autoritaires voulant régenter TOUS les aspects de la vie -> puis, les fascistes originels, les communistes devenus omnipotents, les fondamentalistes arrivés au pouvoir...
Certainement l’exemple le plus frappant en littérature occidentale moderne : 1984 (oui, je sais, c’est Yzy aussi... MAIS le totalitarisme va jusqu’à la maîtrise de la sexualité).
Tentative de définition : vouloir, sans admettre aucune forme intelligible/transmissible/visible (ou en l’intégrant/la dénaturant), rassembler et diriger les humains sous ses ordres, jusque dans les moindres détails de leur vie.
Autre petit jeu -> définir les mots-clés utilisés au-dessus : maintenant, à vous de les trouver, bande de dillettantes...

3) PRIVATE JOKER
Espèce de branleur paranoïaque sévissant de façon intermittante sur Uz2, très chiant sur les bords, surtout quand il veut apprendre à tout le monde comment que la VraieVie(TM) elle fonctionne. Signes particuliers : mérite des coups-de-boules, spécialement quand il fait mine de ne pas se prendre au sérieux !

Alors, "au risque de se tirer une balle dans le pied", "la vigilance citoyenne" ne pourra jamais "lutter contre ce danger" qui est le capitalisme. Car le citoyen est un concept issu des "Droits de l’homme et du citoyen" justement, où il a été dit au commencement, et cela pour l’éternité, qu’il possède des drois inaliénables et mis d’ailleurs sur le même plan : la liberté, l’égalité, la sûreté et la propriété.

Sinon pour l’argent, papa Hegel disait que c’est "la vie de ce qui est mort, se mouvant en soi-même". Ce qui indique assez l’état des cerveaux qui y pensent : c’est à dire à peu de choses près celui de tout le monde (vôtre serviteur y compris). Je ne parlais pas de gens "obsédés par l’argent" par avarice/perversité, mais plutôt par "no-choice", d’où cette question que je réitère : "avez-vous déjà compté le nombre de fois où vos pensées ont à voir avec l’argent dans une journée ?"... La réponse est terrifiante, car il ne faut évidemment pas penser aux occasions où l’argent mène le bal, mais aussi à celui où il est sous-jacent : "tiens ce soir, je mangerais bien du foie gras poélé cuisiné à la crème de caviar et essence de safran" -> d’une part, je ne peux me le payer, d’autre part pourquoi l’argent (qui est un concept "appliqué", "idéologique") doit mener mon besoin de manger, enfin ce plat existerait-il sans le capitalisme ?

Quant à savoir si tu es, très cher Fab, "un dangereux subversif" : hé bien, le fait de se poser la question indique déjà la réponse...

Olleh !

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> L’économie d’idées de Marc Laimé, ARNO*, 9 avril 2001

quand on spécule en Bourse™ , on joue à la Hauss, ou à la Baiss, ou les Deu, en cherchant à avoir le plus d’infos dispos mais en n’allant jamais contre le marché : si le marché commence à monter et qu’on y croit, on joue la Hauss, ce qui la conforte ; si ToutLeMonde™ y croit, ça monte de façon exponentielle...

Ce qui ramène à « pas de théorie du complot »...

Sauf que cette approche repose sur l’un des grands dogmes du marché : le marché serait parfait, à la condition justement que la concurrence s’exerce pleinement, que chaque intervenant agisse comme un « imbécile égoïste », et surtout qu’aucun intervenant ne puisse influer seul sur le marché. Un marché est considéré comme « parfaitement liquide » lorsqu’il respecte les conditions suivantes :
- il est exclusivement soumis aux lois de l’offre et de la demande,
- il abrite un nombre suffisant de transactions,
- aucun intervenant n’a un poids suffisant pour influer notablement sur la cotation,
- aucun intervenant ne dispose d’informations privilégiées.

Donc, et sans aller jusqu’à parler de « complot », le poids énorme de certains intervenants sur le marché compromet cette mythique perfection néolibérale, parce que les décisions et les déclarations de quelques intervenants peuvent influer très notablement sur les cotations de l’ensemble. Ne pas perdre de vue que le phénomène de la « nouvelle économie » ne se résume pas à une poignée de start-up ridicules, mais à une théorie économique bien plus ancienne (plus de 10-15 ans) adoptée par les multinationales et les États. Le poids énorme de ces quelques intervenants parfaitement organisés (divers forums économiques et autres lieux de rencontre et de concertation) pour coordonner leurs grandes orientations, cela permet tout de même de penser que le marché n’est pas si « libre » qu’on veut bien le dire, mais que son action peut être notablement orientée.

Dans cette optique, plus largement, l’article de Marc présente non pas seulement une manipulation des cours par quelques intervenants (épiphénomène), mais une recomposition très profonde de l’industrie des services. Notamment : comment les opérateurs de télécoms deviennent, de facto, des banquiers, des assureurs..., et comment on passe d’une culture capitaliste du client à une culture de l’abonné.

Amicalement

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> L’économie d’idées de Marc Laimé, PRIVATE JOKER, 10 avril 2001

Bonjour, Petit (heu non, Grand) Scarabée,

"Les décisions et les déclarations de quelques intervenants peuvent influer très notablement sur les cotations de l’ensemble" : tout à fait d’accord mais cette élite triée sur le volet applique entre elle le principe de Concurrence™... Les requins du système financier international ne sont pas des tendres et ils luttent tous les uns contre les autres : si pour gagner 1 million $ il faut plumer 100000 petits porteurs de 10 $ chacun, bingo on les plume, si pour gagner ce même million il faut plumer le concurrent en exerçant une "option de vente" qui va l’obliger à me vendre 100000 actions de TaMère.Com à 90 $ alors qu’elles sont cotées 100 $, bingo on le plume. Alors ensuite, que ces chers Messieurs-Dames se réunissent dans "divers forums économiques et autres lieux de rencontre et de concertation" (Davos, Club de l’Horloge, etc...) pour se gargariser, faire des affaires, coucher ensemble ou paufiner la Propaganda™ neo-libérale (ach !) cela me semble bien normal : les réunions maffieuses ont toujours existé, le Conseil de Sécurité de l’ONU réunit des états non-amis, quant au panurgisme il touche même les grands de ce monde. Ce n’est pas pour ça qu’il faut faire un remake des X-Files : si "grandes orientations" il y a, c’est plus surement du côté du Politique/Idéologique qu’il faut chercher (faire en sorte que le MondeEntier™ adopte le libéralisme et son "tout homme a droit à la poursuite du bonheur" sous la forme de zolis items) que du côté Matériel/Financier.

Ensuite, que des "opérateurs de télécoms deviennent, de facto, des banquiers, des assureurs", d’une part l’inverse est plus sûrement vrai vu que les portefeuilles de la Bancassurance™ sont pleins d’actions et d’obligations de toutes sortes, d’autre part j’aurai tendance à demander "et alors, qu’est-ce que ça va changer ? est-ce que c’est un problème ?", en dernier lieu l’enjeu est plus "dans la possibilité de mettre en place UNE (au moins) monnaie universelle dans le cyber-monde (...), et par Qui" : ça c’est un vrai combat politique et là se joue l’avenir du pouvoir de l’Etat. Pour le reste, si "on passe d’une culture capitaliste du client à une culture de l’abonné", on reste toujours dans une culture capitaliste, n’est-ce-pas...

Bye, bye.

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> L’économie de guerre de l’Internet
8 avril 2001
 

Admirable, redoutable, prose. Encore des articles comme ceux-là !
Belle écriture, du talent en tout et de la lucidité sur toutes choses. Un article nécessaire.

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> L’économie de guerre de l’Internet
7 avril 2001, message de Croa33
 

Je remercie l’auteur pour la pertinence de sa communication. Il nous change des propagandes idiotes que nous
assènent les grands médias, surtout lorsqu’ils nous parlent d’économie !

Un seul point à reprendre, juste parce qu’il n’est pas rappelé explicitement, concerne l’évidence la plus efficacement
celée par les discours surabondants qui assiègent nos têtes : l’économie n’est pas une science, et encore moins une
science exacte... Sauf une chose : c’est un champ de bataille et les plus gros dommages sont collatéraux !

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