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10 janvier 2001
15 septembre 2000
 
mardi 6 mars 2001

Information et Publicité : repères brouillés

Recherche déontologie, désespérément...
par Marc Laimé
 

Infiniment plus attractive et efficace que sur les supports traditionnels, la publicité sur Internet pourrait à terme transformer le statut même de l’information. Au risque de la voir muer en simple « produit d’appel », qui incite l’internaute à faire l’acquisition d’un produit ou d’un service.

La publicité représente un pourcentage sans cesse croissant du chiffre d’affaires des medias traditionnels, qu’il s’agisse de la presse écrite ou des medias audiovisuels. Reprise économique aidant, les entreprises ont consacré 176 milliards de francs à la publicité en France en 1999, soit plus de 2% du Produit intérieur brut. Les medias ont perçu à ce titre 85 milliards de francs, tandis que 91 milliards de francs ont été affectés aux « mailings » et à diverses opérations de promotion.

En comparaison, le bilan des investissements publicitaires sur Internet en France en 1999, 516 millions de francs, ne représentait que 0,61% du montant total des budgets engagés. Aux Etats-unis ce même taux a déjà dépassé les 2,1%. Mais la croissance enregistrée par rapport à 1998 représentait déjà un bond de 256%. Pour le seul secteur des technologies de l’information, une étude IDC/Hopscotch publiée en novembre 2000 prévoit que le budget marketing et communication des sociétés françaises du secteur pourrait dépasser les 2 milliards et demi de francs pour l’année 2000. Attestant là aussi d’une croissance de 44% des budgets pour l’année 2000. La moitié des entreprises de l’économie Internet prévoient en outre de consacrer plus de 20% de leur chiffre d’affaires à la communication au sens large en 2001.

Les nouveaux outils de la publicité

Au-delà des chiffres, les nouvelles techniques publicitaires déjà expérimentées sur Internet témoignent que nous sommes entrés dans un « nouvel âge » de la communication. Les encarts traditionnels dans la presse écrite ou les « spots » de pub à la télévision visent à faire connaître les produits qu’ils vantent au lecteur ou au téléspectateur. Depuis une bonne dizaine d’années l’inflation des « publi-reportages », encarts spéciaux financés par des entreprises, la sponsorisation d’émissions d’information à la télévision, comme la croissance fulgurante des « consumers-magazines » ont déjà passablement brouillé les frontières entre information, communication et publicité.

Sur la « Toile » les nouveaux outils de la publicité mesurent directement son efficacité puisqu’ils peuvent conduire à un acte d’achat instantané. Formidable innovation que les annonceurs sont tout disposés à payer très cher puisqu’elle leur permet de s’adresser à des clientèles-cibles, par catégories socio-professionnelles, géographiques, tranches d’âges...

Quel que soit le dispositif technique concerné, et il s’en invente sans cesse de plus perfectionnés, l’absolue « traçabilité » de l’internaute qui consulte un site est à la base des stratégies publicitaires sur Internet. Les « bannières » figurant sur tous les sites commerciaux, y compris les sites d’information, ne constituent que la partie visible de l’iceberg. Ces bannières, sur lesquelles il est proposé à l’internaute de cliquer pour accéder à une offre de produit ou de service, sont aujourd’hui déjà qualifiées « d’outils préhistoriques » par les professionnels. Les internautes cédant à cette injonction ne sont pas suffisamment nombreux. Les revenus qu’en retirent les sites, calculés sur la base d’un reversement de 20 à 30 centimes par « clic » demeurent très insuffisants pour assurer un chiffre d’affaire équivalent à celui que la publicité procure aux medias traditionnels.

Pour les spécialistes du marketing et de la publicité sur Internet, l’enjeu consiste à recueillir le maximum d’informations sur l’internaute qui visite un site. Ceci par le biais de questionnaires qu’il est appelé à remplir pour bénéficier d’un quelconque service, le plus souvent gratuit. Ou par la définition très précise de ses centres d’intérêt, aisément circonscrits puisque la trace de sa visite sur l’une quelconque du milliard de « pages web » accessibles sur la Toile sera conservée avant d’être analysée par croisement de toutes les données personnelles qu’il a consenti à fournir à un portail, un fournisseur d’accès, un site d’informations, une plate-forme de jeux, etc.

Sans entrer dans le détail des technologies utilisées, (publicités par e-mail, « customer relationship management » ou « CRM »), il n’en demeure pas moins que se constituent de fantastiques bases de données, extrêmement personnalisées, que peuvent acheter ou revendre tous les acteurs du secteur. Cette activité, en croissance exponentielle, ressortit de plusieurs métiers spécifiques : « data-mining », « datawarehouse », « profiling », « géoéconomie »... Comment cette connaissance extrêmement affinée des profils de consommateurs influe-t-elle sur la production de l’information offerte sur Internet ?

Les pièges de la gratuité

Loin du modèle économique classique, dans lequel un éditeur de journal, une radio ou une chaîne de télévision peuvent s’appuyer sur des sources de revenus diversifiées : vente au numéro, abonnements, publicité, péage..., l’information sur Internet, à de très rares exceptions près, se présente sous l’aspect d’une ressource gratuite, disponible d’un simple clic... Les producteurs d’information, au premier rang desquels les medias traditionnels qui se sont diversifiés sur la Toile, ont donc tenté de construire de « nouveaux modèles économiques. » Prenant acte de cette « gratuité » apparente, ces modèles économiques reposent généralement sur trois sources de revenus : la publicité, la vente de leurs archives et le commerce en ligne, encore embryonnaire.

Et, de fait, les producteurs d’information sur Internet, dans leur immense majorité, et hormis quelques sites spécialisés dans l’information sur les nouvelles technologies ou la finance, s’ils peuvent se féliciter de voir croître l’audience de leur site, sont encore très largement déficitaires. La tentation est donc forte de favoriser le développement de leurs ressources publicitaires ou des « galeries marchandes » qui permettent d’acquérir livres, voyages, services, en plaçant l’activité rédactionnelle sous la dépendance des services de la publicité et du marketing.

On voit ainsi se multiplier les « contenus rédactionnels » qui sont en fait des offres plus ou moins habilement déguisées de produits ou de services. Au point qu’aux Etats-unis des débats virulents y stigmatisent un nouveau « Transaction journalism », qui se résume à la publication de communiqués de presse d’entreprise ou de véritables offres promouvant un produit cosmétique, des aliments pour chat, des billets d’avion, etc.

Hormis les sites de medias disposant antérieurement d’une forte notoriété sur le papier ou sur écran - qui n’hésitent d’ailleurs pas à établir des liens directs entre leurs rubriques d’information, à priori exemptes de toute « pollution » publicitaire, et des offres d’achat de livres, de voyages, de réservation à des spectacles, voire de pizzas..., l’une des difficultés à apprécier l’emprise de la publicité sur l’information offerte à l’internaute réside dans le flou absolu entourant le concept même « d’information » ou « d’éditorial », tels que l’affichent des dizaines de milliers de sites.

Sur la base d’un constat empirique, puis d’analyses plus fouillées, il est clairement apparu en l’espace de quelques années que « l’information » constituait, après l’usage du courrier électronique, le premier centre d’intérêt des internautes. Mais qui définit cette notion même d’information ? Personne. Ou plutôt quiconque souhaite s’en revendiquer... Un individu, une association, un groupe d’intérêt, une entreprise, une collectivité locale, un lobby, une agence de publicité... Légalement rien n’interdit aujourd’hui à qui dispose des moyens, somme toutes modestes, de créer un site internet et de l’alimenter en « contenu » de revendiquer qu’il diffuse de l’information.

Et c’est peut-être cet aspect multiforme de l’offre d’information sur Internet qui y brouille encore un peu plus les frontières entre information, communication et publicité. Car loin de se limiter à un examen des entorses que commettent, ou non, les grands medias sur Internet vis à vis de leur « déontologie » traditionnelle en matière de publicité, la multiplicité des acteurs, les mécanismes mêmes de la création d’une « audience » sur Internet compliquent considérablement l’analyse et la prospective.

Le site créé par une marque de soda mondialement connue qui annonce sur sa page d’accueil offrir un contenu éditorial spécialisé en matière de cinéma et de musique à destination des 15-25 ans est-il un site d’information ou un vecteur publicitaire ? A l’examen les choses se gâtent quand on constate, dans ce cas d’espèce, que les « contenus éditoriaux » n’ont rien à envier à ceux des rubriques spécialisées d’un grand quotidien français accessible en ligne sur Internet...

Il s’agira bien sur, en l’occurence, d’utiliser ce « contenu éditorial » pour inviter le jeune internaute à faire l’acquisition d’un produit ou d’un service. Mais les sites des medias les plus « respectables » agissent à l’identique... Et certains d’entre eux n’hésitent pas à faire « sponsoriser » une rubrique d’information par un annonceur. Cette fois il ne s’agira pas de bannières publicitaires, mais d’un - si plus discret -, omniprésent « bouton marchand » qui renvoie, d’un seul clic, sur le site dudit sponsor. On imagine sans peine que cette « proximité » n’inclinera pas notre respectable « site d’information » à publier des enquêtes explosives sur l’entreprise qui le sponsorise...

De nouveaux « producteurs de contenus »

A revers des analyses classiques qui pèsent au trébuchet l’emprise de la publicité sur les medias traditionnels, et s’efforcent d’évaluer aujourd’hui si Internet les contraint à s’abandonner de plus en plus nettement au publi-reportage déguisé, ce qui est très souvent le cas, n’est-ce pas plutôt la typologie des « nouveaux acteurs » qui produisent des « contenus éditoriaux » pour des milliers de sites de toute nature qui mériterait attention ?

En l’espace de quelques mois viennent ainsi de voir le jour plusieurs dizaines de jeunes sociétés qui alimentent en « contenus rédactionnels » sites para-publics, sites d’entreprises, sites de services en tout genre... Qui offrent tous ostensiblement une rubrique « d’information ». Souvent alimentées par un service spécifique de l’AFP, - un module Internet que diffusent simultanément des centaines de sites français -, ces « rubriques d’actualité » sont le plus souvent complétées par des « articles » rédigés à flux tendus par les dizaines d’entreprises précitées.

Entreprises qui ont dans la quasi-totalité des cas été créées par de grandes agences de publicité ou de marketing. Aucune réglementation particulière, aucune « Charte déontologique » ne contraignent ces nouveaux « producteurs de contenus éditoriaux ». Ils emploient indifféremment des journalistes ou des rédacteurs publicitaires spécialisés. Disputant aujourd’hui aux grands medias traditionnels, à d’anciennes ou de nouvelles « agences de presse », le marché en pleine expansion de la « production de contenus » pour les sites d’entreprises, ils n’apparaissent pas totalement dénués d’atouts. Créés par d’ex-publicitaires, leur connaissance et leur proximité du marché, des portefeuilles-clients déjà constitués, leur confèrent indubitablement un très net avantage compétitif sur les medias « classiques », qui s’efforcent eux aussi de prendre pied sur ce « créneau » de la production de contenus.

Depuis quelques mois en effet, outre l’information qu’ils produisent et dispensent sur leur site « officiel », nombre de medias et d’agences de presse « classiques » s’adonnent à la production d’information « sous marque blanche. » Reprenant le schéma inventé dans la grande distribution, ils revendent à des sites d’entreprise des produits d’information « non signés », que ladite entreprise diffusera sur son site à sa convenance. Encore une novation qui ne contribue pas peu à brouiller les cartes...

Des labels introuvables

Rien d’étonnant dans ce contexte si la Fédération nationale de la presse française, qui a organisé ses Assises à Lille à la fin du mois de novembre dernier aît décidé d’élaborer un « label » de qualité. Qui permettrait à ses membres, grands quotidiens ou chaînes de télévision, de valoriser la qualité de leur information auprès des internautes. On peut malheureusement augurer que le plus respectable « label » ne suffira pas à convaincre l’internaute de « consommer » une information réputée de « qualité ». L’un des handicaps majeurs en la matière étant que les internautes se sont accoutumés à se voir offrir « gratuitement » de l’information. La stratégie des medias traditionnels vise en fait, après création d’un label certifiant l’excellence de leur information, à préparer le passage à l’information payante... Il est à redouter que l’internaute refuse de payer pour ce qu’il obtient gratuitement depuis des années, et se satisfasse peu ou prou d’une « information de second choix », mais qu’il obtiendra toujours
gratuitement...

Et l’avenir ? Plusieurs nouvelles agences spécialisées, fondées par des publicitaires et des professionnels du marketing, offrent désormais aux journalistes de recevoir gratuitement par e-mail les communiqués de presse des entreprises qu’ils auront sélectionnées à raison de leurs centres d’intérêt. On peut ainsi recevoir des centaines de communiqués, gratuitement, chaque jour. L’argumentaire de ces nouvelles agences se résume à quelques mots : « Nous allons vous faciliter le travail... » Plusieurs milliers de journalistes sont d’ores et déjà abonnés à ces nouveaux services.

Aux Etats-unis, « l’économie de l’attention » a déjà fait des ravages. Face à un public sollicité par une masse croissante d’informations, les publicitaires ont imaginé de rémunérer l’intérêt du consommateur. Qui se voit offrir un quart d’heure de comunication gratuite sur son téléphone mobile, s’il accepte d’écouter un clip publicitaire de trente secondes. Un concept qui ne cesse de trouver de nouvelles applications.

A horizon de quelques années ce sont les nouveaux enjeux de « l’Internet à hauts débits » qui vont encore compliquer les choses. Auteur d’un rapport remis en septembre dernier au secrétaire d’Etat à l’Industrie, M. Jean-Charles Bourdier s’y inquiétait notamment des nouvelles perspectives de concentration, d’alliance et de partenariat, susceptibles de menacer le pluralisme de l’information : « Nous pourrions ainsi voir apparaître des acteurs proposant un abonnement unique pour l’eau, le téléphone fixe et mobile (voix), la transmission de données (accès Internet), la fourniture de contenus (télévision, radio), la fourniture de services (de réservation : voyages, cinéma, etc. d’assistance : GPS, aide à la navigation, assurance, etc.) ... La fourniture de ce « bouquet de services » offrirait à cet opérateur un lien privilégié vers une base de consommateurs rendus « captifs » par le coût (financier ou logistique) de changement d’opérateur. » Là aussi on peut sans coup férir supputer que le consommateur « captif » devra, contraint et forcé, s’accommoder d’un déferlement publicitaire sans précédent, quand bien même il ne souhaiterait qu’accéder à une « pure » information.

Apprendre à décrypter l’information

Reste qu’à l’interrogation : la publicité a-t-elle déjà cannibalisé l’information sur Internet (la réponse - positive -, est évidente), on pourrait répondre par une autre question. Face à un brouillage croissant des frontières entre information, communication et publicité, il est vain d’attendre que les acteurs traditionnels du secteur de l’information apportent des réponses satisfaisantes pour le « consommateur » d’information. Tous les « labels de qualité » n’y feront rien.

En revanche, eu égard à l’importance centrale que revêt désormais l’information dans nos sociétés de « communication de masse », il apparaît urgent et vital que la société civile, les associations de consommateurs, se dotent de nouveaux outils qui permettraient au citoyen le moins averti de porter une appréciation sur l’information qui lui sera dispensée de plus en plus par Internet. Le monde de l’éducation est concerné au premier chef par cette problématique.

Le gouvernement français a investi des milliards de francs dans différents programmes d’action pour le développement de la société de l’information. Aucune institution publique ou para-publique, aucune grande association de consommateurs, aucun groupe de citoyens soucieux du pluralisme et de l’éthique de l’information n’ont engagé à ce jour de recherches effectives, ni travaillé à la mise a disposition du public des outils qui lui pemettraient de porter un regard éclairé sur l’information qui lui est offerte, à profusion, sur Internet.

Cette carence en dit peut être davantage sur l’emprise de la publicité sur l’information que les innombrables collloques, rapports savants et séminaires qui sont régulièrement consacrés à la déontologie des medias et des journalistes.

 
 
Marc Laimé
 

Cet article vient d’être publié dans le numéro 430-431 d’Après-Demain, mensuel de la Ligue des Droits de l’Homme, daté janvier-février 2001, et intitulé « Internet et la démocratie ».

Non vendu en kiosque, ce numéro d’Après-Demain est disponible auprès de la LDH au prix de 50 Francs. Paiement par chèque bancaire ou postal à l’ordre de : Après-demain, BP 458-07, 75327 Paris Cedex 07.

Au sommaire de ce numéro :

- Docteur Net et Mister Web, Jean-Pierre Dubois.
- Quelques définitions, Meriem Merzouki.
- Naviguer en solitaire, Ambroise Soreau.
- « Défense d’afficher », Florent Latrive.
- Information et Publicité : repères brouillés, Marc Laimé.
- Responsabilité civile et pénale dans la communication publique sur Internet, Meriem Marzouki.
- Les risques d’un réseau entièrement « marchandisé », Mona Chollet.
- Le bradage des noms de domaine aux marchands, Laurent Chemla.
- Le réseau Echelon, clef de voûte de la surveillance électronique américaine, Alexis Bautzmann.
- Table ronde LDH - Reporters Sans Frontières : Liberté sans limite ou liberté par le droit ?

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Journaliste, coordinateur du dossier « La Folie de l’Internet » du Canard Enchaîné

 
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Web indépendant


> Information et Publicité : repères brouillés
23 juillet 2002, message de pp11
 

Je ne lis pas le New York Times mais j’ai trouvé qq chose d’intéressant : ils ont refusé un contrat publicitaire avec Sony parce que les bandeaux étaient trop proches graphiquement d’un article journalistique. Un lecteur aurait pu confondre les deux... Si c’est pas bô.

 
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> Information et Publicité : repères brouillés
7 mars 2001, message de Greg.fr
 

Désolé Marc, je n’ai pas même dépassé le chapeau de ton article (je continue, promis) : "infiniment plus attractive et efficace" est une fausse proposition. Toutes les études consacrées à ce sujet (et dieu sait s’il y en a) sont unanimes : les revenus issus de la publicité sont en chute libre. Les internautes cliquent de moins en moins sur les bannières (un taux de clic de 0,75% est une moyenne acceptable sur 2000-source Internet Advertising Bureau-, contre 2% en moyenne en 1998 -je cite ici de mémoire). Un fait d’autant plus marquant qu’on pourrait postuler que les nouveaux arrivants, peu au fait des usages d’internet, se laissent tenter par des messages de type "cliquez ici" ayant l’apparence d’une fenêtre Windows. Mais on constate l’effet inverse. Plus il y a d’internautes, plus les taux de clic baissent, ce qui veut dire que le nombre d’internautes cliqueurs croît moins vite que la population totale d’internautes.

Plus efficace et attractive est à mon sens ce que les pubards essayent de coller dans la tête de leurs annonceurs (le pire, c’est qu’ils gobent). Si ces annonceurs commencent à avoir des doutes, ils vont être nombreux à se retrouver au chômedu. Alors ils nous sortent des nouveaux "concepts", comme le "rich media", des saloperies de pop-up bandepassantivores, avec de la vidéo, du son, et autre niaiseries, la rémunération "au résultat" (tu ne banque que s’il cliquent), ou le sponsoring. Autre truc à la mode : la pub par mail, déguisé en newsletters. Avantage du système : plus besoin de faire du "profiling", puisque tu sélectionnes toi-même les thèmes qui t’intéressent. Et comme ils savent sur quels liens tu as cliqué, c’est pas bien compliqué d’en déduire quels sujets te branchent. Et zou ! dans la prochaine niouzletteure, une ch’tite promo. Et ne venez pas ici me casser les choses sur le sempiternel "ouais, mais c’est sympa, de recevoir des promos".

Mais je m’égare. Je continue dont à lire ton papier. Qui commence, malheureusement, un peu maladroitement.

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> Information et Publicité : repères brouillés, Greg.fr, 7 mars 2001

“ Sans entrer dans le détail des technologies utilisées, (publicités par e-mail, « customer relationship management » ou « CRM »), il n’en demeure pas moins que se constituent de fantastiques bases de données, extrêmement personnalisées, que peuvent acheter ou revendre tous les acteurs du secteur. Cette activité, en croissance exponentielle, ressortit de plusieurs métiers spécifiques : « data-mining », « datawarehouse », « profiling », « géoéconomie »..."

Houlala le mélange. Bon, je pense qu’il est utile de t’expliquer simplement deux ou trois trucs. Simplement, on a dit. S’il y a des éditeurs connectés, n’hésitez pas à ajouter votre grain de sel, je sais que mes explications valent seulement ce qu’elle valent.

D’bord, il ne s’agit pas de technologies. Désolé pour l’attaque sur la forme, mais ça m’agace : c’est tout sauf de la techno. C’est du logiciel, tout simplement. Pas la peine d’en faire des tartines sur la techno, le mot n’impressionne plus grand monde.

Pour ta gouverne, on classe généralement sous le vocable CRM trois types d’outils : le SFA, ou automatisation des forces de ventes (les commerciaux ont accès aux comptes client, à leurs bases de prospects, à leurs carnets de rendez-vous, aux tarifs, aux stocks, etc), le décisionnel (analyse multidimensionnelle de données, j’y reviens) et les centres d’appels et logiciels associés (avec justement remontée d’informations quand tu dis “je suis monsieur machin”, ce qui permet de gagner du temps, et de limiter les bourdes côté opérateurs quand on a un gros client en ligne).

CRM, ou gestion de la relation client, est cette série d’outils logiciels utilisés à la base pour connaître un historique client. Pour t’éviter d’avoir à dire, je suis monsieur machin, j’ai acheté tel et tel produit, et je souhaite ceci ou cela. Tu dis juste “je suis monsieur machin”, et l’opérateur que tu as en ligne sait exactement ce que tu as acheté et quand. Pas forcément nécessaire en grande consommation, mais fondamental en entreprise, on a pas de temps à perdre. On donne un numéro de dossier, et l’historique achat, intervention maintenance, achat de pièces détachées, apparaît automatiquement (si le soft est bien foutu, s’entend). Ne diabolise pas trop vite le CRM. 

Mélanger data mining et profiling est encore une erreur. Le data mining consiste à analyser d’une certaine manière une base de donnée (généralement conséquente) pour en retirer des informations. Ce sont des outils destinés initialement aux directeurs financiers, afin de leur permettre d’isoler des “gisements de croissance” (comme je déteste employer un tel vocabulaire), bref voir où ça ne va pas. Analyse difficile à faire quand on a sous les yeux des listings comptables. Si tu veux une définition plus orthodoxe, va voir les gars de Cognos ou de Business Objects (par exemple). Un datawarehouse est, bêtement, un entrepôt de données, désignation pompeuse d’un serveur couplé à de gros disques durs. Ce n’est dont pas un métier. Désolé.

Sous le vocable profiling, pris dans son sens Internet, on entend généralement des outils qui permettent de déduire depuis le chaminement d’une internaute sur un site, quels sont ses centres d’intérêt. Concept à mon sens un peu fumeux, mais il paraît que ça marche (du moins quand on écoute les éditeurs qui vendent de tels logiciels).

Géoéconomie ? On a pas attendu Internet pour en faire. Demande au gars d’Ipsos ou de la Sofres.

“ Hormis les sites de medias disposant antérieurement d’une forte notoriété sur le papier ou sur écran - qui n’hésitent d’ailleurs pas à établir des liens directs entre leurs rubriques d’information, à priori exemptes de toute « pollution » publicitaire, et des offres d’achat de livres, de voyages, de réservation à des spectacles, voire de pizzas..., l’une des difficultés à apprécier l’emprise de la publicité sur l’information offerte à l’internaute réside dans le flou absolu entourant le concept même « d’information » ou « d’éditorial », tels que l’affichent des dizaines de milliers de sites. “

Heu... qui sont les inventeurs du publi-reportage ? Les petits gars du Journal du Net ? J’ai comme un doute, là.

“Mais qui définit cette notion même d’information ? Personne. Ou plutôt quiconque souhaite s’en revendiquer... Un individu, une association, un groupe d’intérêt, une entreprise, une collectivité locale, un lobby, une agence de publicité... “

Tiens, au fait, l’ADN, ça ne serait de l’information, à la base ? Non, je pinaille, désolé. Là on est clairement dans ce que j’essaye d’expliquer à mes proches, la subtile différence entre communication et information. Pas facile.

Finalement, c’est décourageant, un papier comme celui-là. Comment peut-on continuer jusqu’à la conclusion, alors que le premier tiers de ton papier est un douteux mélange de parti-pris et d’interprétations erronées ? Tu as évidemment plus de bouteille que moi en matière de journalisme, mais là, tu as salement caramélisé. Sauf ton respect. Faudrait-il alors que j’en écrive un autre, en reprenant ton argumentaire, mais expurgé de ses erreurs ?

Si je l’écris, je le résumerai à ceci : "vous en avez marre de vous faire fliquer, pister et filmer dans vos centres commerciaux ? Venez sur Internet, on a encore amélioré le système !". Boutade simpliste ? Peut-être, mais ça a le mérite d’être clair.

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> Information et Publicité : repères brouillés, 8 mars 2001

Bonjour,

Merci pour tes précisions. Il ne t’aura tout de même pas totalement échappé que cet article s’adressait à l’origine aux lecteurs du magazine de la LDH, dont je présumais, à tort ou à raison, que toutes ces appellations et ce qu’elles recouvrent leur sont à peu près totalement hermétiques, comme très probablement à quiconque n’est pas expert en ce domaine... D’où de trop rapides approximations, j’en conviens très volontiers. L’ennui avec ce genre d’exercice c’est le risque d’en dire trop ou trop peu. Hermétisme versus superficialité... L’avantage du Forum c’est que tu as pu nous éclairer plus avant. Si tu souhaites revenir sur le sujet, n’hésites surtout pas. Mais il serait plus intéressant de le développer vraiment que de t’en tenir à deux ou trois phrases lapidaires ! C’est à ce moment là que tu vas aussi t’apercevoir qu’il faut parfois suer sang et eau pour essayer, sans garantie de réussite, de surmonter la contradiction évoquée plus haut... Chiche ! Cordialement.

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> Information et Publicité : repères brouillés, 8 mars 2001

Hello !

Juste une remarque : il faudrait, pour bien faire, rappeler exactement, tout en restant simple, ce qu’est le CRM, de data mining, etc. Déjà que ce n’est pas forcément clair pour les éditeurs et les journalistes informatiques, alors de là à expliquer ça à des néophytes...
Ce que je critique, c’est l’emballage d’une argumentation parfois "limite" avec des termes que bien peu de gens finalement comprennent, mais qui font "sérieux" car exotiques.
Marc ferait mieux d’écrire sur des sujets qu’il connaît, plutôt que de s’aventurer sur le versant informatique de la presse, finalement assez glissant. Enfin... s’il a absolument envie de se ridiculiser auprès des confrères de la presse informatique, c’est son problème .

Chiche ? Le manque de temps est un argument éculé, mais c’est le seul que je puisse avancer aujourd’hui.

Greg.

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> Osez citoyens !
7 mars 2001, message de Laurent Martinez
 

« Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent pas pour que ça ne se vende pas ! » [Coluche]

- Y’a pas de pub sur mon Internet ! (c :
Personnellement j’utilise Naviscope qui est très efficace sur ce point et sans liste de serveur à gérer :
http://www.naviscope.com

Y’a encore, entre autres, JunkBuster :
http://www.minirezo.net/article512.html

- Je reçois très très peu de spam mais je dénonce le moindre reçu à abuse@mechant.com + abuse@monFBAL.com.
Aussi, mon e-mail n’est diffusé nul part publiquement.

Anti SPAM working group :
http://www.ripe.net/ripe/wg/anti-spam/

- Dans ma Boite Aux Lettres physique je ne reçois quasiment plus de prospectus depuis que j’ai menacé le responsable du service pub de la poste ( oui, c’est majoritairement LA Poste qui garnit vos BAL ) de venir remplir moi-même quotidiennement la Boite Au Lettre de son service.
Aussi, sur ma boite y’a un petit mot demandant de ne pas mettre de pub.
Une étiquette prise auprès de l’association de Résistance à l’Agression Publicitaire
http://www.antipub.net

- J’me dis que si on veut être en DEMOcratie, il faut prendre le pouvoir dans tous les domaines de la vie.

Les "oligarchique-éléments" ne sont pas les seuls responsables de la sociéé qu’on s’est tous crée ! (c ;

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