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Le ouèbe est-il soluble dans la démocratie et vice-versa ?

Contribution très pédagogique au débat sur la ligne éditoriale d’uZine2.
par Vykinge
 

Inconditionnel du ouèbe indépendant (indépendant des puissances d’argent comme des pouvoirs établis, il ne faudrait tout de même pas oublier de le rappeler de temps à autre), je me pose des questions quant à l’adjectif « démocratique » dont on veut à tout prix l’affubler, sous peine de quoi il serait en danger de mort. Sous peine de paraître gnan-gnan, j’ai voulu traiter ça comme le professeur que j’ai été de longues années et suis encore à mes heures.

Il est préférable, avant tout débat sur la démocratie, de s’entendre sur un des termes les plus galvaudés de ces dernières cinquante années. Simple citoyen, je ne vais pas me lancer dans une analyse approfondie de la démocratie. Pour ce faire on se reportera plutôt, entre autre, aux ouvrages figurant au bas de ce texte. Mais il est vrai qu’il n’est pas facile de s’y retrouver.

On nous invite en effet à naviguer à vue entre une démocratie définie comme « la somme des efforts individuels pour atteindre le bonheur [aboutissant] au bien commun » (Bidet Casserole), une démocratie qui, au contraire, ne vaudrait « que par l’excellence des destins qu’elle vise idéalement pour tous, et ne saurait rester les yeux rivés à la moyenne des égoïsmes et des lâchetés de chacun » (Châtelet), une démocratie arrachée aux élites grâce, entre autre, à l’audimat (Sylvain Marcelli), pour ne pas oublier la démocratie étatsunienne qui enferme ses pauvres (Loïc Wacquant) et que les Etats-Unis entendent imposer au monde entier, manu militari si nécessaire.

De certains dangers qui pèsent sur la démocratie en général et sur le ouèbe indépendant en particulier

« Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer les conséquences » (Lindqvist). Il y a dans cette belle phrase tous les ingrédients d’une analyse de fond de ce qui nous préoccupe ici et une liste (non exhaustive) des dangers que court le ouèbe indépendant si ces ingrédients ne sont pas bien clairs : reconnaissance (information), connaissance, compréhension, action.

Premier danger : confondre reconnaissance et connaissance (Augé). Ce n’est pas parce que l’on peut, à tout moment et en quelques secondes (avec un peu de chance), obtenir un renseignement, une date, le titre d’un livre, le résumé (forcément partiel et partial) d’une œuvre ou l’essence d’une attitude politique à travers un choix de textes, qu’on acquiert un savoir. Savoir, c’est réfléchir, c’est digérer les informations qu’on a pu glaner ici et là, les faire siennes ou non, et tirer de ce processus ses propres idées qui, à leur tour, peuvent être diffusées sous forme d’information. Banalité ? Peut-être, mais certains semblent parfois l’oublier, s’offrant ainsi aux griffes de « nos "démocrates" techno-populistes [pour qui] l’enseignement coûte toujours trop cher puisque de toute manière la crétinisation par la communication remplace avantageusement la caporalisation d’antan » (Châtelet).

Second danger : confondre connaissance et compréhension. Il est évident que le savoir ne devient opérationnel qu’exploité en vue de comprendre le monde. A quoi servent des connaissances approfondies sur la mécanique quantique, la philosophie grecque ou le fonctionnement des réseaux informatiques si elles ne sont pas mises au service d’une meilleure compréhension de soi, des autres et du monde ? A briller, un point c’est tout, et aucun journal, aucun site digne de soi (c’est-à-dire une infime minorité) ne se doit d’ouvrir ses pages à l’expression de telles connaissances.

Troisième danger : confondre compréhension et action. La richesse d’une idée, d’un texte, d’une parole, ne se fait vraiment jour que si elle invite d’une manière ou d’une autre à l’action, c’est-à-dire, si l’idée, le texte, la parole en question peut devenir l’outil d’un changement, d’une mise à l’épreuve de la réalité. Il ne s’agit pas forcément d’un agir concret. Convaincre une seule personne des désastres causés par le « néo »-libéralisme, par exemple, est une action, modeste, certes, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Si tous ces dangers sont écartés, on peut peut-être éviter que la démocratie ne soit cette dictature de la médiocrité qu’elle est malheureusement devenue en Occident.

Elargissement et profondeur

Voilà pour la théorie. Mais ne nous leurrons pas. Un régime authentiquement démocratique reste un idéal plus ou moins lointain, même appliqué à un site ouèbe indépendant. En effet la vraie démocratie exige un apprentissage qui est loin de nous avoir été fourni par les pouvoirs en place (ils en ont peur, bien sûr), et dont il faut avoir l’honnêteté de reconnaître les lacunes en chacun d’entre nous.

S’il faut bien sûr tenter d’élagir au maximum la masse des participants à une structure se proclamant démocratique, il ne faut pas perdre de vue que tout le monde n’est pas forcément en mesure de s’exprimer sur tous les sujets, avec la pertinence et la profondeur voulues. Comme le disait Wittgenstein (pour une fois compréhensible) ce dont on ne peut pas parler, on le tait.

Dans tel ou tel domaine, il existe toujours des personnes qui ont acquis une masse supérieure de savoir à celle des autres et doivent donc jouir légitimement d’un silence attentif, nullement synonyme de passivité, de la part des autres. Savoir se taire intelligemment, voilà la marque d’une humilité qui fait partie intégrante de la liberté (je crois que c’est Spinoza qui a écrit je ne sais où que la liberté est la conscience de la nécessité).

Mais j’entends les critiques hurler : et qui va décider de la « profondeur » ou de la pertinence des contributions ? Soyons honnêtes et sérieux. Les webmestres du ouèbe indépendant ne gagnent pas d’argent pour ce qu’ils font sur leurs sites, et s’ils y gagnent la satisfaction d’ébaucher une utopie, ils y perdent du temps, je pense, et ils le perdent pour nous tous aussi, pas seulement pour eux-mêmes. Tentons de leur faire confiance.

Bibliographie très sommaire mais indispensable

-  J.-L. Beauvois/R.-V. Joule : Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (Presses Universitaires de Grenoble, 1987)
-  G. Châtelet : Vivre et penser comme des porcs. De l’incitation à l’envie et à l’ennui dans les démocraties-marchés (Exils 1998)
-  J.-M. Michéa : L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes (Climats 1999)
-  C. Lasch : La révolte des élites (Climats 1996)
-  M. Augé : Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité (Seuil 1992)
-  S. Lindqvist : Exterminez toutes ces brutes (Le serpent à plumes 1998)

 
 
Vykinge
 

Ce texte manque de "brillant", c’est fait exprès...mais je retrouverai vite le sourire féroce de ceux qui se sentent (re)vivre !

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Enseignant/traducteur

 
SPIP
Web indépendant


> Le ouèbe est-il soluble dans la démocratie et vice-versa ?
2 février 2003, message de jacques
 

Evidement je suis heureux de lire, voir d’autres réflexions, d’autres contributions à ce monde:le web permet cela et cette démocratie dont on parle, bien en mal depuis quelques années chez nous permet cela aussi, on prend la parole par cette petite lucarne ouverte ou tout le monde pourrait s’exprimer ?

1. si c’est vrai chez nous, ça ne l’est pas dans le tiers monde ou un simple PC représente un investissement énorme. Et cela ce n’est pas la conséquence d’un éventuel manque de démocratie dans ces pays, mais plutôt d’une répartitiion des richesses pour le moins inégale entre les pays dit développés et les autres.

2. Même chez nous il y a aussi ces exclus.

3. On devrait peut être trembler à l’idée que ces tuyaux par lesquels on s’exprime sont la propriété de quelques multinationales, eux disposent des robinets et le débat "anodin" sur le controle du web doit nous faire réflechir.

Alors tant que ça dure, profitons en, pour rire, et éventuellement s’organiser ! avant les mauvais réveils !

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> Le ouèbe est-il soluble dans la démocratie et vice
13 juillet 2001, message de Pierre
 

La démocratie est évidemment soluble dans le oueb, comme la saleté l’est dans la lessive ; et le pastis dans l’eau. Quelle drôle de questionnement. Comme si la démocratie n’etait pas autre chose que la forme actuelle de gouvernement, et reconnaissons pourtant que la forme actuelle du régime sous lequel l’occident euro-américain vit est historiquement la forme la plus agréable ou la moins désagréable de régime de toute éternité. On peut répéter ce que disait Churchill à ce propos " c’est la pire forme de gouvernement à l’exclusion de tout les autres". Il faudrait arrêter une bonne fois pour toute de se gargariser avec des notions, du type "c’etait mieux avant". Internet a été produit dans et par un sytème démocratique. Il est tout simplement impensable qu’il en eut put en etre autrement. Internet est un outil et pas un objet de culte. Parmi toutes les qualites et tous les defauts qu’il a, il y en a un qui dérange les professionnels du savoir, c’est le suivant : tout le monde peut écrire et tout le monde peut lire et c’est à tout le monde de faire le tri. Il n’y a plus besoin de leur "nihil obstat", de leur permission. D’ou la question : à quoi servent ils ?

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> Le ouèbe est-il soluble dans la démocratie et vice-versa ?
30 janvier 2001, message de Goulven
 

A propos de démocratie, on peut toujours se plonger et se replonger, et même se perdre (ce qui n’est pas un mal, mais le sens de la complexité) dans "les carrefours du labyrinthe" en 4 tomes, de Cornélius Castoriadis. S’attaquer tout d’abord aux deux derniers permet de ne pas s’essouffler.

Passionnante et une magnifique force de propositions concrètes pour repenser et vivre le politique.

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> Castoriadis, Riki, 31 janvier 2001

Et pour ceux qui n’auraient pas le courage de se farcir Casto dans le texte, l’un de ses fidèles exégèses vient de sortir un ouvrage passionnant : Gérard David, "Cornelius Castoriadis, Le projet d’autonomie", Editions Michalon.

Casto est, il est vrai, la référence en la matière, et son application au Web est riche...

Sinon, un autre livre remarquable, à 2 euros en sus : François de Bernard, "L’Emblème démocratique", Les Petits Libres / Editions Mille et une Nuit (publié juste avant que les insupportables Flammarion ne les achètent)

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> Le ouèbe libre porte en lui l’essence de la démocratie
27 janvier 2001, message de Riki Leroquet
 

Démocratie ? Certes, mais laquelle ? Celle, médiatique, qui sert de cache-sexe aux pourris de toutes obédiences ou l’autre, qui vibrionne en uZine, issue du Net et de son idéal libertaire ?

Car depuis toujours, les politicards n’ont de cesse de confondre démocratie et République. La démocratie, selon eux, se résumerait au maintien au chaud de leurs tickets de représentants, si possible pour de longues années et sans emmerdeurs pour leur rappeler que la démocratie signifie, à la lettre, le pouvoir (kratos) du peuple (demos)…

Non, messieurs les experts patentés, journaleux de salons péteux et tyrans d’entreprises esclavagistes, énarques pustuleux et bureaucrates privés et publics, nous ne sommes pas dupes : nous vivons sous le régime de votre oligarchie, de votre gouvernement (arkhe) du petit nombre (oligoi)…

Au contraire de la pseudo-démocratie que nous vendent ces sycophantes, la démocratie "véritable" suppose une "société se donnant sa propre loi et capable d’une reprise perpétuelle de ses institutions" (Castoriadis). Une situation, des structures voire un État sans dogme et pouvoir calcifié, où la question de la validité de la loi reste en permanence ouverte. Et ce type de société, justement, exige une éducation, une culture telles que décrites dans l’article de Vykinge, selon son tryptique positif : connaissance, compréhension et action.

Alors, oui, par son système ouvert, son refus des hiérarchies et sa mise à distance de cette "motivation économique" qui tue la participation et la construction de collectifs politiques, bien des expériences du Net (et bien sûr uZine et son système libre, égalitaire et coopératif) portent en elles cet idéal de démocratie à l’opposé de l’oligarchie.

L’enjeu, alors, pour uZine et tout le ouèbe citoyen, est triple :
- Tout faire pour ne jamais créer en son sein de nouveaux oligarques sous les oripeaux du gauchisme ou de l’efficacité éditoriale ;
- Se donner les moyens de la croissance sans perte d’identité ni de pertinence ;
- Préserver l’ouverture à tous, afin de convaincre demain le maximum d’internautes, ce qui suppose de ne jamais cesser le dialogue sans dogmatisme ni exclusions, les ennemis d’un jour pouvant devenir les amis d’un autre jour…

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> Le ouèbe est-il soluble dans la démocratie et vice-versa ?
26 janvier 2001, message de paolo
 

Bonjour vykinge

Pour répondre à ton article je dirai que le web n’est pas incompatible avec la démocratie loin de là il ne fait que la prolonger à travers le monde grâce à la rapidité de la connexion. Ceux qui nuient à la démocratie ce sont les hommes,les gouvernements,qui ne puissent maitriser ni l’information ni les personnes qui la font.La tyrannie,l’oppression voilà ce qui tuent la démocratie, non le web. Pour ma part je pense que le web va vers une ouverture des frontières en rapprochant les gens que ne serait ce par un clic de souris.

Donc ne soyons obtus ni rébarbatifs, la démocratie ne court aucun danger.

paolo

 
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> Le ouèbe est-il soluble dans la démocratie et vice-versa ?
26 janvier 2001, message de Antoine
 

Juste réagir sur un point...

A quoi servent des connaissances approfondies
sur la mécanique quantique, la philosophie grecque ou le
fonctionnement des réseaux informatiques si elles ne sont pas mises au
service d’une meilleure compréhension de soi, des autres et du monde ?
A briller, un point c’est tout, et aucun journal, aucun site digne de soi
(c’est-à-dire une infime minorité) ne se doit d’ouvrir ses pages à
l’expression de telles connaissances.

Tu sembles partir du postulat que tout site Web a pour but l’avènement
de la démocratie, tant interne que globale. Pourtant la plupart des sites
Web n’ont pas un objet directement idéologique, et valent principalement
par eux-mêmes... Non ?

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> Ou l’on voit ressurgir l’argument économique
26 janvier 2001, message de Bidet Casserole
 

J’ai longtemps cru que démocrate était une insulte, avant de découvrir que j’essayais moi-même d’en devenir un (la démocratie, c’est comme la perfection, on n’y arrive jamais, on se contente d’essayer de l’approcher - ce qui est en outre un excellent argument pour les nombreuses formes dévoyées de la "démocratie de marché").

Il me semble qu’il y a ici (dans ton texte)une assez bonne définition de la "démocratie informelle". En revanche, la preuve n°1 de l’impartialité du "comité central de sélection" basée sur l’absence de revenus me semble un peu légère. Je te conseille un stage d’observation en milieu associatif et tu verras que beaucoup de gens gaspillent une invraisemblable énergie pour le maigre privilège "d’avoir raison".

Je crois plutôt que l’esprit de respect qui les anime transpire à travers les différents éléments qui contribuent à la singularité de ce site.

En résumé, il y a une petite lumière qui brille dans la maison uZine et les gens qui l’ont allumée doivent avoir très envie de la voir rester allumée et peut-être même grandir. Je pense que rien pour ça on peut imaginer leur motivation à ne pas se louper.

Un détail dans ton discours :

La citation que tu m’attribues, n’est pas du tout de moi, je crois que c’est dans "La richesse des nations" d’Adam Smith (un truc publié l’année de l’indépendance US et auquel se cramponnent les idéologues libéraux)

Il me semble en plus que je n’en disais pas le plus grand bien :

"l’axiome de base de la mystification libérale, qui s’énonce ainsi : « la somme des efforts individuels pour atteindre le bonheur (bonheur s’écrit - profit - en libéral) aboutit au bien commun. » "

Bravo quand même

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Question techenique
26 janvier 2001, message de Goulven
 

Tiens Vykinge, tant que je t’ai à l’écran, peux-tu m’expliquer comment enregistrer un article ou l’envoyer par émail ? ?

Merci d’avance

Goulven

Répondre
Sur l’article, Goulven, 26 janvier 2001

Ceci dit, ça serait super que tu nous parles un peu de ta conception de l’idéal-type de la démocratie, notamment dans sa mise en place sur un site comme celui-ci..

Répondre
> Sur l’article, 26 janvier 2001

Je n’ai pas la moindre idée de la manière dont la démocratie peut être, d’un point de vue pratique, s’entend, mise en œuvre sur un site ouèbe. Je pense de toute façon qu’un "filtre" est nécessaire et que cette fonction est au mieux exercée par ceux et celles 1) qui ont lancé et qui administrent le site ; 2) qui ont fait leur preuve en tant que rédacteurs ou en tant que spécialiste sur l’une ou l’autre question... sans que soit fermé l’accès à de nouvelles voix, nouveaux points de vue, nouvelles manière d’attaquer les problèmes, etc...

Je sais que cela ne constitue pas une réponse satisfaisante, mais on a ici le cul entre deux chaises. D’un côté, on a un site qui souhaite s’ouvrir à tous ceux qui ont vraiment quelque chose à dire, de l’autre on a le danger que ce même site, qui peut représenter une véritable bouée de sauvetage pour certaines personnes qui n’ont pas d’autres canaux de communication (je sais de quoi je parle), croule sous une masse de textes "moyens" et finalement sombre.

Pour ce qui est de type idéal de démocratie ... je ne sais même pas si la démocratie est le système idéal. Le monde est en devenir, et les mots sont ses outils plus ou moins efficaces. Le meilleur des systèmes est en construction (le pire aussi) et on peut l’appeler "bicyclette" pour ce qui me concerne, l’important étant ce qu’il est et non comment le nommer.

Mais dans démocratie il y a demos, le peuple, et c’est bien là que se situe le problème. Le peuple, c’est nous ? Je n’en sais rien. J’ai même plutôt et J’ESPÈRE, J’ESPÈRE vraiment me tromper, l’impression que communiquant comme nous le faisons ici, nous faisons partie d’une élite, quelle qu’en soit les caractéristiques.

Alors, comme Churchill l’aurait, paraît-il, dit : la démocratie est le pire des systèmes ... à l’exception de tous les autres.

Désolé du peu.

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> Le filtre et les tribus, Severino, 26 janvier 2001

<< Je pense de toute façon qu’un "filtre" est nécessaire et que cette fonction est au mieux exercée par ceux et celles 1) qui ont lancé et qui administrent le site ; 2) qui ont fait leur preuve en tant que rédacteurs ou en tant que spécialiste sur l’une ou l’autre question... >>

Tout à fait d’accord. Si le filtre ne convient pas à une ou plusieurs personnes, ce qui ne manquera pas de se produire, il y a la possibilité (le devoir ?) de constituer d’autres sites de publication d’articles avec forum. C’est de plus en plus facile grâce à des logiciels libres comme PHP-Nuke.

Et on peut espérer que l’excellente plate-forme mise en place par l’équipe d’Uzine2 soit diffusée avec son mode d’emploi et donne naissance à plein de rejetons avec des centres d’intérêt et des points de vue variés.

<< ... on a le danger que ce même site, qui peut représenter une véritable bouée de sauvetage pour certaines personnes qui n’ont pas d’autres canaux de communication (je sais de quoi je parle), croule sous une masse de textes "moyens" et finalement sombre. >>

D’où l’intérêt d’un filtre. Mais le filtre n’est pas que le fait de ceux qui ont les clefs d’Uzine2, tout intervenant peut descendre avec pertinence, si possible aussi avec bienveillance, tout article déplaisant ou encombrant, par le biais du forum ou des mails. De critiques en conseils, et à condition d’y être plus sensible que certains éditorialistes :-), les rédacteurs amateurs peuvent s’améliorer. En ce qui me concerne, j’aimerai voir plus de monde oser se lancer dans l’aventure : envoyer un article, même moyen, parceque justement on a pas d’autres canaux de communication. J’ai envie de lire ici ce que je ne lis pas ailleurs. J’apprécie les articles suptilement écrits, mais je préfère encore les points de vue nouveaux, inhabituels, amateurs... Pour commencer les critiques je trouve l’article ci-dessus peu clair, peu accessible, pas assez vulgarisé : on n’est pas en cours de sociologie !

<< Le peuple, c’est nous ? Je n’en sais rien. J’ai même plutôt et J’ESPÈRE, J’ESPÈRE vraiment me tromper, l’impression que communiquant comme nous le faisons ici, nous faisons partie d’une élite, quelle qu’en soit les caractéristiques. >>

Désolé de relativiser, mais j’analyse plutôt le minirezo comme une tribu (ou groupe affinitaire). Chaque individu se reconnait dans plusieurs tribus. Chaque tribu se considère comme une élite puisqu’elle se perçoit à travers son propre système de valeur. Le web a donc un effet très agréable de miroir grossissant. Du coup les individus que nous sommes sont amenés à donner le meilleurs d’eux-même... et tout le monde en profitte. Cela dit le système de valeur qui ressort des discussions menées ici est à prétention universelle, généreuse, et s’appuie sur la reflexion et l’(auto)critique perpétuelle. Bref, sans vouloir hiérarchiser, je trouve cette tribu plus intéressante parceque moins "corporatiste", que celle par exemple des pirates de Dreamcast qui ont découvert que leurs consoles pouvaient lire les fichiers MP3, et s’échangent sans fin des "trucs-et-astuces".

Sur la démocratie : pouvoir du peuple, certains diront dictature de la majorité sur les minorités, le mot sert en tout cas à toutes les sauces : démocratie populaire de Chine, Démocratie libérale... Et ils auront raison. Mais si on entend par démocratie un système où le débat est permis, et où l’opinion de tous est pris en compte, où on essaie de se mettre d’accord, où les décisions de la majorité ne nuisent pas aux minorités... j’achete, et j’en met partout : municipalité, entreprise, OMC... Mais je ne pense pas que l’on puisse théoriser un système, et le mettre en pratique ensuite... C’est en réalité toujours le contraire qui se passe, c’est pour cela qu’il faut pratiquer. Surtout, je crois que l’on perdrait son temps à vouloir repenser le monde autrement dans sa globalité en ce lieu... Ce serait hors-sujet, on verrait débarquer plein de gens qui ont LA solution, etc, etc...

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> mea culpa, severino, 26 janvier 2001

La critique que j’emet à un moment dans le commentaire ci-dessus : "trop sociologique, pas assez vulgarisé", concernait le texte précédent "Pourquoi les journalistes dérapent et comment les en empécher". On peut pas causer tranquille sur le web, tout reste gravé comme dans de la pierre :-(

Alors garre aux gaffes :-)

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> mea culpa, 28 mai 2002

Merci pour toutes vos opinions.
Ca va me servir pour un débat dans la classe

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