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dimanche 1er octobre 2000

Communiquer comme des bêtes

par Max Pétrois

Quand les technopérateurs ont commencé la construction de Babelouèbe dans
notre coin de planète, je m’en souviens, il y a plus d’un lustre de ça, les
niouzpaper-papier, ils en parlaient que dalle ou à peine.
Juste des micro-lignes comme pour dire. Non le top-créme, à l’époque c’était
le boitier à clavier crée par le Caïd de Babelouèbe. Que si t’en avais
pas chez toi t’étais rien qu’un Azbin et que le Caïd t’envoyait ses Brigades
d’Intervention Marketingue pour te briser les genoux à coups de barre de fer.
Y rigole pas le Caïd avec les néo-techniquologies. T’es moderne ou paraplégique,
tu choisis.

Tu parles. Moi j’avais choisi vite fait. D’autant que c’était
utra-pratique, toutes les entreprises avec leur serveur vidéotexte.
Et l’annuaire à porter de clavier et la BAL, aah la BAL, c’en étais
pour communiquer. Et les télédonlod sur trentsiskinz léprodlamstrad.
Bon, ça commencait à craindre question vitesse. Miracle, un tit cordon permettait
de raccorder son ordimatos au boitier à clavier. Aah, les cordons, les fils,
les câbles. Pas comme nao avec leur ouirelaisse, non à l’époque, fallait
avoir son brevet d’électricien pour installer les ordimatos et un max de
multiprises.

Au bout d’un temps, donc, les technopérateurs mettent en place des
boites à communiquer grosses comme des magnétophonapiles ; des modemaiz,
ça s’appelait. Et là, les gars, on en a pris plein l’écran. Les serveurs
BBS, les niouzgroop, les maisons-pages, les mél. Les contenus approximatifs, les discussions
sans intérêt sur les niouzgroop et à qui envoyer des mél, peu de gens en
avait à l’époque. On disait que c’était de la daube ce Ouèbe, que personne l’utiliserait.
Que c’étaient juste des Maousse Bip-Pager, et pis c’est tout. Finalement,
le résodéréso a fini par exploser à la face de tout le monde.
Une bonne partie du populo a eu un mél, le contenu a sérieusement évolué et
les discuts sur les niouzgroop n’ont toujours pas intérêt.
Les niouzpaper-papier on commencé à en parler tous les jours,
certains se sont même spécialisé la dedans, les Tévémédianimés aussi.

C’est à partir de ce moment là que ça a foiré.
Prédestiné à devenir un gigantesque média populaire, le Net, malgré
ses imperfections initiales, permettait au Babelouèbiens de parler le
même language : le numérik. Il s’est vite fait transformé en foire commerciale.
Un triumvirat de cyberbonimenteurs a créé la Compagnie-Ouebe-Multimédia ;
Le Caïd en tête, puis deux nervi, un type qui, dans l’ancien temps,
le temps d’avant Babelouèbe, distribuait de la flotte et un troisième qui distribuait
tout le reste mais en mégaquantité. Ils ont vite compris qu’ils pouvaient se faire
des glandes génitales en métal précieux.

La C-O-M a défini la valeur du contenu qui passait dans le Ouèbe,
la valeur de la gestion du contenu, la valeur de la diffusion du contenu,
la valeur potentiel du contenu à venir. La future valeur du contenu qui
sera diffusée par la NiouTopTechniquologie que personne y avait encore pensé.
Tout ce qui touchait de prés ou de loin aux néo-techniquologies valait un max de koopek
donc devait en rapporter au triumvirat. La C-O-M obligeait les pas-Babelouèbiens
à se connecter. Obligé, c’était gratos. Ils pouvaient pas refuser
les pas-Babelouèbiens, et puis sinon on leur envoyait les Brigades d’Intervention
Marketingue pour s’occuper d’eux. On les payait pour surfer, pour lire des méls,
pour être fidèle à des sitafortpotentiel. On leur offrait même l’ordimatos
pour qu’ils se connectent chez eux. De leur tévé aussi, ou bien de leur
frigogidaire ou bien de leur Autoroul ou bien encore de leur Mégatoaster.

Faut qu’il soit connecté, le pas-Babelouèbien, c’est obligatoire pour que la C-O-M puisse
les pister, les connaitre, les sentir, les palper, les disséquer, leur marketinguer
la gueule à coups de barre de fer. Les obliger à consommer, à acheter,
à manger, à porter, à lire, à conduire tout ce dont ils n’ont pas besoin
mais qui est fabriqué par les sociétés de la C-O-M ou avec lesquelles la C-O-M est
vachement pote. Même si t’es pas devant
ton ordimatos, tu dois avoir ton TéléfonaNet pour qu’on sache où tu es,
ce que tu fait.
Lobotomodemisés. On croyait être tous brother, communiquer sans entrave, s’exprimer face au Monde.
On s’est fait communiqué par le Triumvirat Neotechno.
Et ça c’est aggravé lorsque les gars du Gouvernement de Babelouèbe,
amis de la C-O-M, s’en sont mélé. Mais ça c’est une autre histoire.

Comme disent les big pontes de la C-O-M :
Internet : connecté tu y seras, des achats tu y feras,
le reste, tu ignoreras (tm)

 
 
Max Pétrois
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