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Pavillon noir

1er novembre 2002, 02:17, par Lirresponsable

Ca, ça demeure du piratage (je suis fan et utilisateur compulsif d’Audiogalaxy, ça ne me ferme pas les yeux pour autant).

Piratage est un terme ambigu, car il suppose au delà du pillage (je me sers par la force), un marché dans lequel le pirate est avant tout un auxiliaire de la diffusion payante du produit. D’où la captation de marché de contrefaçons (ou copies), de distribution clandestine (alcool, drogues lors de prohibition) par les mafias...Egalement quand le produit est trop cher (les CD ou les cigarettes par exemple).

Là ce n’est pas vraiment cela, on pourrait avantageusement l’appeler : la collectivisation des moyens de diffusion (tm) :)) Mais attention, sans centralisme étatique (et bureaucratique) ! Ni Art officiel. (c’est pourquoi j’utilise dans l’article le modèle de médiathèque individuelle et fais la distinction avec les vendeurs de dvd pirates).

L’inconvénient bien-sûr, relevé par mon ami Lefayot dans son article : on prolonge l’entertainment ; de même que le piratage de logiciels peut servir à l’avènement de standards (cf. Le piratage au service des monopoles). Cependant, il faut bien commencer par quelque chose ;) et il est temps... A ce propos, car tel me semblait être ton reproche, ce n’est pas démagogique, mais dialectique : on lèse ceux qui investissent d’énormes budgets de promotion en les utilisant, et pédagogique (qui a envie d’installer un logiciel de peer-to-peer pour le plaisir ?...).

Le "piratage" tel que dénoncé par les majors est la réappropriation de l’échange et de la diffusion hors du circuit marchand traditionnel qu’elles contrôlent (comment ? bein avec des capitaux et la propriété :)). Le choix du terme "piratage" se justifie alors par la continuité de l’enjeu essentiel : la perturbation du monopole.

Les majors ont évidemment beau jeu de hurler à la mort des créateurs, alors même que les produits peuvent être déjà amortis, parfois les auteurs morts, et en tout cas dans des marges de profits qui placent le fameux créateur au rang de résiduel (en général 3 ou 5% du prix de vente d’un CD). En fait, le "piratage" lèse peut-être également la SACEM, qui gère admirablement la redistribution des taxes (perçues auprès des radios, commerçants, organisateurs de concerts, sur les supports de stockages etc.) avec des coûts de fonctionnement très économes...

J’ajoute que ces coûts de production (promotion d’un artiste) font vivre des networks aussi cultureux que M6 ou TF1, qui en plus des pubs Universal Music, invitent ces "stars" dans leurs superbes émissions. (C’est pourquoi, je crois, TF1 a "créé" StarAcadamy, autant maîtriser toute la chaîne de production, et la fabrication du produit devient elle-même un produit en tant que spectacle).

Au final, on a donc des CD chers, de la merde en barre à jet continu sur les télés et les radios. On pourrait donc dire que le "piratage" est oeuvre de Salut Public (tm) !

Le paradoxe est dans la diffusion de cette daube, (que tu stigmatises sans doute avec raison :)), mais Pécore Premier s’il a le choix entre Britney à 120 balles ou Britney gratuite, il ne va pas hésiter longtemps (même s’il n’a pas Internet à la maison). Bon, et il a parfaitement le droit d’aimer Britney. Encore mieux s’il fait un site web sur elle ! Oui, oui je m’en fous, comme la télé et la radio, je ne le visiterai pas, mais le truc cool : il apprend à se servir de l’outil et développe le réseau.

Et où cela va te faire plaisir : si le producteur de daube lui, il ne fait plus de pépètes avec mais que ça lui en coûte , bein il y a fort à parier qu’il va arrêter d’en produire ; De plus tous les médias qui vivent de cette promotion, vont également connaître quelques difficultés, sauf notre kikoo pecore qui lui oeuvre pour le fun et échange des mp3 avec ses amis... (le point d’achoppement est dans la circularité du système, qui est déjà en quelque sorte une économie parallèle : le groupe X possède une banque, une maison de disque, des journaux, des radios, des télés, des magasins, des réseaux téléphoniques, etc).

Voilà très très brièvement, en quoi le Net est révolutionnaire, à condition premièrement de respecter le dogme de la gratuité (tm) :)

Je parlais des tentatives de produire un disque et de le vendre uniquement sur le Net : sans notoriété c’est absolument impossible, et Bowie, Public Enemy et d’autres, je crois, ont prouvé que même avec une notoriété énorme, ça ne fonctionnait pas...

d’accord sur les faits, mais pourquoi, nom de nom, vouloir vendre alors que (1) on croule sous les marchandises, (2) ça ne marche pas (encore), (3) le net offre le moyen (l’outil adéquat) pour autre chose (à la fois dans sa structure et ses pratiques) ?

a+