uZine 3

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Il se pourrait qu’il y ait un intérêt au web...

29 juillet 2002, 03:04, par Lirresponsable

Bref, Uzine, c’est Usenet avec un choix éditorial qui prime sur la liberté d’expression (c’est pas une critique, hein !).

Oui mais non ! :)) Le web n’est pas identique aux groupes de discussions. D’accord, on peut consulter/participer aux groupes de discussions, ou autre exemple, lire des archives de ML via le web, mais ce n’est pas la même chose. En général, il n’y a pas de contenu multimédia (images, sons, etc.), sauf sur alt.motherfucker.clara-morgan, et les posts ne sont pas des articles (écrits ou non à plusieurs) mais des échanges de propos plus ou moins élaborés comme on en trouve dans les forums par exemple ici, en bas d’article. D’autre part, on peut concevoir des formes de webzine, de web, qui privilégient la liberté d’expression entendue comme absence de politique éditoriale : on publie tout et seule importe la gestion technique du site ou la mise en place de modules participatifs autonomes. Il y a même des sites webs qui ne se préoccupent pas de liberté d’expression, mais d’information technique, de commerce, etc.

Donc on pourrait dire qu’uZine c’est du web, avec une dose d’Usenet. Rappelons que la spécificité d’uZine, pourtant détaillée ici : l’implication dans la politique éditoriale (choix et travail des articles, brèves, ouverts) et promotion d’un outil de publication (SPIP). Défendre et illustrer la libre publication, ce n’est pas "être tout le web" sur le modèle d’un médias à annonceurs (tendre au monopole et contrôler un marché par des participations dans le capital ou le rachat d’autres titres), mais démultiplier le web, ce qui implique une limitation par définition. Là, le parallèle avec Usenet est éclairant : si vous voulez discuter spécifiquement de tel sujet, vous lancez un AVV pour la création d’un nouveau groupe. Et on ne poste pas des messages à propos de la cryptographie sur un groupe, (qui peut être ou non modéré), consacré à la cueillette des olives en Basse Provence. Bien sûr, c’est terriblement autistique et sectaire...

Or, quitte à avoir un choix éditorial, autant lire des journaux achetés par des centaines de milliers de gens, avec les moyens d’investigations réels qui en découlent, ce dont ne disposent pas les chroniqueurs ici.

Que le support soit payant, subventionné par l’Etat, et beaucoup vendu (ou distribué gratuitement à 20%), implique des recettes, donc la possibilité d’utiliser ces recettes pour mener des investigations réelles. Par exemple, envoyer des reporters au Rwanda ou au Luxembourg, dans les usines Renault, etc. Elles peuvent également servir à prendre des participations au capital d’autres titres. Rien d’automatique, cela relève de la politique de développement. Donc on peut se dire : autant payer pour avoir de l’information car cette dernière a un coût (et oui c’est loin le Rwanda). Par contre croire que la non gratuité d’une information garantie sa qualité ou prouve son degré d’investigation...

Les services gouvernementaux (officiels) ont eux-aussi un choix éditorial et des moyens d’investigation (un peu plus poussés d’ailleurs que le quatrième pouvoir (tm)). Donc si on développe l’argument : pourquoi par exemple lire le Monde (ou autre) plutôt que défense.gouv.fr ?

"Le Monde" devient donc comparable en terme de liberté d’expression à Uzine, car dans les deux cas c’est le choix éditorial unique qui prime (pour "l’identité" du journal ou du site).

Oui et Bilto Magazine devient comparable au Monde (et à Uzine) car dans les deux cas c’est le choix éditorial unique qui prime. Certes. Donc si on tient pas compte des spécificités (participation, négociation, forums), des rapports économiques (diffusion, vente, publicité), de la nature du support etc. on peut dire que c’est comparable pour conclure à l’identité de principe et un classement des produits. Pourquoi acheter le Monde si seul le PMU intéresse ? On peut conclure qu’il est préférable d’acheter Bilto Mag, en effet.

Mais en plus, on a affaire a de vrais enquêteurs qui font l’actualité, et non plus à des spectateurs qui la commentent !

Bon, on va faire comme si la dichotomie Vrais enquêteurs vs Spectateurs commentateurs était sérieusement affirmée. Voilà donc pourquoi il faut lire les médias à annonceurs : parce qu’ils nous révèlent des choses que nous cache le vilain Pouvoir...Là, nous sommes dans la croyance, alors allons-y.

A titre personnel, je crois plutôt que la plus grande partie du travail rédactionnel de la presse généraliste consiste à reformuler des dépêches d’agence (comme l’AFP, Reuters qui effectuent déjà en amont un travail de mise ne forme de l’Actualité ou la construction des faits qui vont servir de matériaux), à signaler des communiqués ou des décisions officielles (c’est à dire reprendre les topos de divers services de communication), publier des commentaires divers (déclarations périodiques d’intellectuels professionnels qui sont contre la misère dans le monde, point de vue, analyse, édito du rédac’ chef), et promouvoir des produits de consommation (critiques culturelles, art de vivre), promotions plus ou moins distinctes des publicités soumises à la TVA. Parfois rependre au conditionnel des fuites d’instructions judiciaires.

Il est vrai que de temps en temps, il y a des gros scoops : le public apprend ébahi ce que savaient déjà les professionnels (tel président qui a une fille), puis que ce dernier écoutait ces profesionnels en utilisant les moyens de l’Etat. Ah oui, il y a eu aussi l’incroyable révélation : la DGSE a coulé le Rainbow Warior, puis le stupéfiant "J.Halliday a pris de la coke"...

Dans l’article d’Arno*, on a un exemple ; ce serait peut-être bien aussi d’en parler plutôt que de broder par défaut sur l’inutilité d’uZine. Qui n’est pas totale puisque l’on peut parler de tout sous cet article sauf du sujet de l’article :)) Donc pour rester dans l’angle choisi : où est l’investigation du grand enquêteur dans cet article du Monde ? Quelle est l’intérêt et la validité de l’actualité présentée ?

Pour d’autres exemples :

- Acrimed
- PLPL

Donc, bis provocant, quel intérêt voyez-vous à Uzine quand on sait que Usenet d’un côté, et les grands médias de l’autre, existent ?

Le site Uzine en soi, n’est pas significatif sans une perspective globale (l’ensemble du web), de même pour tel titre de presse abstrait du système médiatique (par exemple quel intérêt au Nouvel Obs’ puisque le Point et Usenet existent). Toujours sur jeu entre la partie et le tout, hein !...L’intérêt d’Internet et des webzines est très simple : la fin des grands médias. :)

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