Les écoles vallent-elles vraiment le coup ? : article du monde diplo de février
7 février 2003, 18:38, par Fabien Richet
L’article sur le CFJ de Paris de F.Ruffin,lui même ancien diplômé de l’école,laisse entendre que le formatage néo-libéral d’ étudiants en journalisme bourgeois ,serait désormais devenu général,forcé,et par-dessus tout,définitivement décomplexé.Je ne vais pas raconter tout le contenu de l’article,je vous laisse le soin de le lire.L’auteur,s’il semble décrire assez bien la ligne de conduite des écoles privés élitistes,a quand même le tort de généraliser,assez rapidement et maladroitement,d’ailleurs,aux écoles publiques,qui ont l’air,d’après les témoignages que j’ai vu sur ce site,un peu moins castratrices et ouvertes aux classes populaires,même si les médias nationaux ne recrutent pas beaucoup dans ces dernières.
is pour moi,le problème n’est pas là:je voudrais savoir si ça vaut vraiment le coup de subir tous ces concours si sélectifs,simplement pour avoir la chance d’apprendre le métier de journaliste,alors que la très grande majorité des professionnels ou des gens qui se consacrent plus occasionnellement au métier(universitaires,écrivains,et pas forcément les moins connus n’y ont pas eu recours)je crois que seulement 400 des 2000 nouveaux journalistes qui se présentent chaque année sur le marché sortent des écoles.
Pour moi,venant d’une famille d’enseignants,réussir un concours après plusieurs années universitaires est traditionnelement:1.difficile mais accessible:presque tout le monde finit par avoir son CAPES,même en 2 ou 3 ans,2:signifie avoir un emploi.
Or dans le journalisme,même si les diplômés en école de J.ont évidemment un gros avantage sur les autres(quoique qu’on peut se demander pourquoi un étudiant en Science Politique,qui a subi une filière difficile(il faut les avoir les exams !)mais non séléctive,ne pourrait pas avoir le même niveau après quelques stages pour apprendre la technique.)
J’avoue que les concours me font peur:je suis actuellement en maîtrise d’Histoire,et je compte continuer l’année prochaine en Science Pô,voire sur un Capes.Je suis arrivé jusque là non pas par une aisance démesurée à l’écrit et à l’oral:j’écris comme un cochon et tous les concours écrits sont "à la main",même ceux de journalisme,et à chaque exposé,je rougis,et regarde ma feuille continuellement,sinon je perds tous mes moyens(sauf quand j’ai le temps de "répéter" que je connais vraiment bien mon contenu,ou que je me sens très à l’aise avec mon public)mais parce que l’université reconnait la valeur d’un travail soutenu,construit,fouillé:le fond,quoi.
Alors faire face à un jury sans pitié..
Je pense pourtant que j’ai du potentiel:je suis assidument l’actualité,surtout politique j’ai une bonne culture G,j’aime dialoguer,rencontrer les gens,exposer mes arguments,polémiquer,mais j’ai besoin de me sentir en confiance,soutenu,comme à la fac,en gros.De plus,j’ai besoin de temps et de réflexion:donc TV,Radio(en dehors des reportages d’investigation,très intêressants),faut pas y compter,presse écrite quotidienne,non plus.
De plus,je ne veux pas faire du journalisme pour le métier même :être ou ne pas être journaliste,la belle affaire ;et pour me vendre à n’importe qui:TF1,ça me ferait mal.
Je veux être utile à la construction du débat public,à la résistance de la pensée intellectuelle critique et de la société civile ,dites "alternatives"face au néant cynique néo-libéral :à la fois à côté des gens :AVEC les pauvres,les chômeurs,les révoltés, en les aidant à se faire entendre,à s’exprimer,pas seulemtent en se servant de leur mal-être pour faire du pathos ou du populisme électoral("Les Français se sentent de plus en INSECURITE,c’est prouvé(par qui,les flics,les instituts de sondages et leurs questions orientées ?),ils veulent de la REPRESSION",les politiques doivent leur en donner,point barre.Et en même temps ,en liant une société civile contestataire avec le monde un peu fermé des sociologues,politistes,historiens... qui s’engagent avec eux dans des organisations comme ATTAC.
J’ai grandi avec Le Vrai Journal,Charlie,Le Canard Enchaîné,Le Monde Diplo,Politis,Courrier International,ARTE-Info et ses sujets souvent si différents des autres chaînes,qui s’épient mutuellement pour surtout faire la même daube:le sexe en vacances,ça fait de l’audience,les exactions de l’armée russe en Tchétchénie,les gens s’en foutent.Je participe régulièrement,même modestement c’est vrai, à des syndicats,des collectifs,etc...(C’est d’ailleurs ça mon problème,je suis bien trop politisé et idéaliste pour faire du journalisme "sérieux")
Pour moi,ma place est plus avec les journalistes indépendants présents avec les sans-papiers expulsés,les chômeurs ou les smicards qui galèrent(voir le saisissant portrait de quatre smicards parisiens,passés sur Canal il ya quelques semaines)à Porto-Allegre ,ou appartenant au Contre-Forum de Gênes(2001) qui se sont fait tabasser par la frange fasciste des carabiniers ,plûtot qu’aux journalistes "officiels" qui ont fait passer l’assassinat par un garde mobile italien de C.Giulani,le jeune étudiant pacifiste italien,pour la mort accidentelle et malencontreuse d’un anarchiste violent,qui soit-dit en passant,l’avait bien cherché, et relayant ainsi docilement la propagande du gouvernement de Berlusconi.
Je rejoins également beaucoup des excellentes critiques que j’ai vues sur ce Forum sur la manque de connaissances précises des journalistes sur des sujets compliqués,et une interprétation souvent convenue et pas très courageuse(de toute façon ton patron veille à ce que tu respecte la "ligne" éditoriale),ainsi que la propension à choisir des sujets "accessibles au grand public",autrement de la merde pour des cons.
Je consens que le journaliste doit "faire vendre"le journal,et torcher à la chaîne des articles,mais sa première mission n’est-il pas d’informer,donc de rendre plus cultivé et intelligent son "lecteur-citoyen",par des sujets originaux,des commentaires construits,des prises de positions décalées mais sérieusement étayées ?
Je ne sais pas ce que je dois faire:de la recherche engagée en Science Politique ou en Sociologie tout écrivant des articles pour les journaux indés,seulement je n’ai quand même le profil de l’intello pur et dur,ou du journalisme indépendant:seulement comment gagner son beurre en rejetant le carriérisme et en suivant une ligne politique préétablie,tenter ou non une école de journalisme,tout ça à la fois ?
Merci d’avoir eu le courage et le gentillesse de me lire jusqu’au bout,et de m’éclairer dans mon brouillard.
Fabien
L’article sur le CFJ de Paris de F.Ruffin,lui même ancien diplômé de l’école,laisse entendre que le formatage néo-libéral d’ étudiants en journalisme bourgeois ,serait désormais devenu général,forcé,et par-dessus tout,définitivement décomplexé.Je ne vais pas raconter tout le contenu de l’article,je vous laisse le soin de le lire.L’auteur,s’il semble décrire assez bien la ligne de conduite des écoles privés élitistes,a quand même le tort de généraliser,assez rapidement et maladroitement,d’ailleurs,aux écoles publiques,qui ont l’air,d’après les témoignages que j’ai vu sur ce site,un peu moins castratrices et ouvertes aux classes populaires,même si les médias nationaux ne recrutent pas beaucoup dans ces dernières.
is pour moi,le problème n’est pas là:je voudrais savoir si ça vaut vraiment le coup de subir tous ces concours si sélectifs,simplement pour avoir la chance d’apprendre le métier de journaliste,alors que la très grande majorité des professionnels ou des gens qui se consacrent plus occasionnellement au métier(universitaires,écrivains,et pas forcément les moins connus n’y ont pas eu recours)je crois que seulement 400 des 2000 nouveaux journalistes qui se présentent chaque année sur le marché sortent des écoles.
Pour moi,venant d’une famille d’enseignants,réussir un concours après plusieurs années universitaires est traditionnelement:1.difficile mais accessible:presque tout le monde finit par avoir son CAPES,même en 2 ou 3 ans,2:signifie avoir un emploi.
Or dans le journalisme,même si les diplômés en école de J.ont évidemment un gros avantage sur les autres(quoique qu’on peut se demander pourquoi un étudiant en Science Politique,qui a subi une filière difficile(il faut les avoir les exams !)mais non séléctive,ne pourrait pas avoir le même niveau après quelques stages pour apprendre la technique.)
J’avoue que les concours me font peur:je suis actuellement en maîtrise d’Histoire,et je compte continuer l’année prochaine en Science Pô,voire sur un Capes.Je suis arrivé jusque là non pas par une aisance démesurée à l’écrit et à l’oral:j’écris comme un cochon et tous les concours écrits sont "à la main",même ceux de journalisme,et à chaque exposé,je rougis,et regarde ma feuille continuellement,sinon je perds tous mes moyens(sauf quand j’ai le temps de "répéter" que je connais vraiment bien mon contenu,ou que je me sens très à l’aise avec mon public)mais parce que l’université reconnait la valeur d’un travail soutenu,construit,fouillé:le fond,quoi.
Alors faire face à un jury sans pitié..
Je pense pourtant que j’ai du potentiel:je suis assidument l’actualité,surtout politique j’ai une bonne culture G,j’aime dialoguer,rencontrer les gens,exposer mes arguments,polémiquer,mais j’ai besoin de me sentir en confiance,soutenu,comme à la fac,en gros.De plus,j’ai besoin de temps et de réflexion:donc TV,Radio(en dehors des reportages d’investigation,très intêressants),faut pas y compter,presse écrite quotidienne,non plus.
De plus,je ne veux pas faire du journalisme pour le métier même :être ou ne pas être journaliste,la belle affaire ;et pour me vendre à n’importe qui:TF1,ça me ferait mal.
Je veux être utile à la construction du débat public,à la résistance de la pensée intellectuelle critique et de la société civile ,dites "alternatives"face au néant cynique néo-libéral :à la fois à côté des gens :AVEC les pauvres,les chômeurs,les révoltés, en les aidant à se faire entendre,à s’exprimer,pas seulemtent en se servant de leur mal-être pour faire du pathos ou du populisme électoral("Les Français se sentent de plus en INSECURITE,c’est prouvé(par qui,les flics,les instituts de sondages et leurs questions orientées ?),ils veulent de la REPRESSION",les politiques doivent leur en donner,point barre.Et en même temps ,en liant une société civile contestataire avec le monde un peu fermé des sociologues,politistes,historiens... qui s’engagent avec eux dans des organisations comme ATTAC.
J’ai grandi avec Le Vrai Journal,Charlie,Le Canard Enchaîné,Le Monde Diplo,Politis,Courrier International,ARTE-Info et ses sujets souvent si différents des autres chaînes,qui s’épient mutuellement pour surtout faire la même daube:le sexe en vacances,ça fait de l’audience,les exactions de l’armée russe en Tchétchénie,les gens s’en foutent.Je participe régulièrement,même modestement c’est vrai, à des syndicats,des collectifs,etc...(C’est d’ailleurs ça mon problème,je suis bien trop politisé et idéaliste pour faire du journalisme "sérieux")
Pour moi,ma place est plus avec les journalistes indépendants présents avec les sans-papiers expulsés,les chômeurs ou les smicards qui galèrent(voir le saisissant portrait de quatre smicards parisiens,passés sur Canal il ya quelques semaines)à Porto-Allegre ,ou appartenant au Contre-Forum de Gênes(2001) qui se sont fait tabasser par la frange fasciste des carabiniers ,plûtot qu’aux journalistes "officiels" qui ont fait passer l’assassinat par un garde mobile italien de C.Giulani,le jeune étudiant pacifiste italien,pour la mort accidentelle et malencontreuse d’un anarchiste violent,qui soit-dit en passant,l’avait bien cherché, et relayant ainsi docilement la propagande du gouvernement de Berlusconi.
Je rejoins également beaucoup des excellentes critiques que j’ai vues sur ce Forum sur la manque de connaissances précises des journalistes sur des sujets compliqués,et une interprétation souvent convenue et pas très courageuse(de toute façon ton patron veille à ce que tu respecte la "ligne" éditoriale),ainsi que la propension à choisir des sujets "accessibles au grand public",autrement de la merde pour des cons.
Je consens que le journaliste doit "faire vendre"le journal,et torcher à la chaîne des articles,mais sa première mission n’est-il pas d’informer,donc de rendre plus cultivé et intelligent son "lecteur-citoyen",par des sujets originaux,des commentaires construits,des prises de positions décalées mais sérieusement étayées ?
Je ne sais pas ce que je dois faire:de la recherche engagée en Science Politique ou en Sociologie tout écrivant des articles pour les journaux indés,seulement je n’ai quand même le profil de l’intello pur et dur,ou du journalisme indépendant:seulement comment gagner son beurre en rejetant le carriérisme et en suivant une ligne politique préétablie,tenter ou non une école de journalisme,tout ça à la fois ?
Merci d’avoir eu le courage et le gentillesse de me lire jusqu’au bout,et de m’éclairer dans mon brouillard.
Fabien