(NB : Je réponds à un message qui était paru sur le forum interne, avant que
l’article ne soit validé)
"Mais les sciences sociales, humaines, l’histoire, les arts, la littérature
valident la capacité à reproduire des manières de s’exprimer, de considérer
le monde, d’exposer un point de vue, dans des domaines où l’objectivité
n’existe pas. Les critères sont issus des présupposés et de l’éducation des
sélectionneurs, eux-mêmes passés au filtre des critères de la génération qui
précédait. "
Tu peux développer ce point de vue, donner des exemples "concrets" ? Je
trouve cet aspect des choses intéressant.
Exemple : pour remonter au lycée (puisque je n’ai pas fait d’études littéraires),
l’exercice de la dissertation, où la plupart des professeurs
s’attachent en critère primordial à certains contraintes rigoureuses :
faire preuve d’une culture livresque : toute idée doit être agrémentée
d’exemples précis et érudits, comme si la culture « naturelle » - i.e. sans gavage
scolaire, apprentissage artificiel de citations... - d’un gamin de 17 ans permettait cela ;
et comme si savoir faire montre de cette culture était plus important
que de savoir créer un raisonnement,
être capable de présenter sans rechigner et sans prendre parti
un argument et son contraire (en gros, avoir déjà été familialement
formaté à une objectivité de pacotille qui ressemble furieusement
à du conservatisme et de l’indifférence),
utiliser un type de langage, des tournures, un ton, dont on
sait bien qu’ils sont inculqués dans certains milieux et pas dans d’autres....
Ceci indépendamment de l’intelligence et de la pertinence
des idées exprimées ; même, il ne vaut mieux pas faire preuve de
trop de personnalité dans les idées qu’on exprime, sinon on ne
rentre plus dans le cadre des réponses que le professeur considère
comme allant de soi, ce qui rend la copie suspecte et donc jugée
beaucoup plus sévèrement.
Il est certainement déconseillé d’aborder un texte ou une idée
sur un plan politique, quelle que soit la justesse de l’approche.
Plutôt ressortir, en les personnalisant éventuellement,
les approches canoniques du sujet. Plutôt régurgiter fadement
des corrigés centenaires qui ne feront pas tiquer l’oeil
blasé du correcteur que se risquer à exprimer des idées
personnelles, qui au moindre faux pas s’attireront les
foudres vengeresses du prof vexé de s’être laissé surprendre.
C’est bien pour ça qu’il y a
tant de « guides du bac » et assimilés.
Comment peut-on prétendre valoriser l’esprit critique et
l’expression d’une pensée personnelle si le meilleur moyen
de réussir est d’utiliser des catalogues de citations et d’idées
communes ?
Et de génération en génération, évidemment, les nouveaux profs
validés par les raisonnements-types, les corrigés-types, valideront
tout naturellement leurs futurs successeurs sur la base des mêmes
raisonnements, des mêmes corrigés.
(NB : Je réponds à un message qui était paru sur le forum interne, avant que
l’article ne soit validé)
"Mais les sciences sociales, humaines, l’histoire, les arts, la littérature
valident la capacité à reproduire des manières de s’exprimer, de considérer
le monde, d’exposer un point de vue, dans des domaines où l’objectivité
n’existe pas. Les critères sont issus des présupposés et de l’éducation des
sélectionneurs, eux-mêmes passés au filtre des critères de la génération qui
précédait. "
Tu peux développer ce point de vue, donner des exemples "concrets" ? Je
trouve cet aspect des choses intéressant.
Exemple : pour remonter au lycée (puisque je n’ai pas fait d’études littéraires),
l’exercice de la dissertation, où la plupart des professeurs
s’attachent en critère primordial à certains contraintes rigoureuses :
d’exemples précis et érudits, comme si la culture « naturelle » - i.e. sans gavage
scolaire, apprentissage artificiel de citations... - d’un gamin de 17 ans permettait cela ;
et comme si savoir faire montre de cette culture était plus important
que de savoir créer un raisonnement,
un argument et son contraire (en gros, avoir déjà été familialement
formaté à une objectivité de pacotille qui ressemble furieusement
à du conservatisme et de l’indifférence),
sait bien qu’ils sont inculqués dans certains milieux et pas dans d’autres....
Ceci indépendamment de l’intelligence et de la pertinence
des idées exprimées ; même, il ne vaut mieux pas faire preuve de
trop de personnalité dans les idées qu’on exprime, sinon on ne
rentre plus dans le cadre des réponses que le professeur considère
comme allant de soi, ce qui rend la copie suspecte et donc jugée
beaucoup plus sévèrement.
Il est certainement déconseillé d’aborder un texte ou une idée
sur un plan politique, quelle que soit la justesse de l’approche.
Plutôt ressortir, en les personnalisant éventuellement,
les approches canoniques du sujet. Plutôt régurgiter fadement
des corrigés centenaires qui ne feront pas tiquer l’oeil
blasé du correcteur que se risquer à exprimer des idées
personnelles, qui au moindre faux pas s’attireront les
foudres vengeresses du prof vexé de s’être laissé surprendre.
C’est bien pour ça qu’il y a
tant de « guides du bac » et assimilés.
Comment peut-on prétendre valoriser l’esprit critique et
l’expression d’une pensée personnelle si le meilleur moyen
de réussir est d’utiliser des catalogues de citations et d’idées
communes ?
Et de génération en génération, évidemment, les nouveaux profs
validés par les raisonnements-types, les corrigés-types, valideront
tout naturellement leurs futurs successeurs sur la base des mêmes
raisonnements, des mêmes corrigés.