uZine 3

Accueil > ... > Forum 105825

> Ecoles de journalisme : p

11 mars 2002, 17:05, par motilili

Critiques, critiques et encore critiques ! Ce qui ressort des articles écrits par ces anonymes profanes c’est un ressentiment vis-à-vis des écoles de journalisme, de la formation journalistique en général ; une critique accrue de ceux qui à priori ne sont jamais passés par ces écoles, qui n’en connaissent même pas les directives, les objectifs ou le programme : souvent significatif de la spécialisation ou non, de la pertinence ou encore de la crédibilité de leurs futurs diplômés. En un mot, la plupart de ces "rédacteurs" affichent ce qui leur fait défaut : l’impartialité, l’objectivité qui est un des critères du bon journaliste : j’entends par-là le professionnel qui transmet l’information sans la dénaturer pour avoir pris position sur telle ou telle réforme législative, parti politique, événement diplomatique... qui n’incorpore pas ses opinions propres comme l’ingrédient classique dans la recette connue de l’information, espérant ainsi créer des adeptes qui n’identifieront pas le message subtil qui parsème une information anodine !
Il ne s’agit pas ici de faire le procès de ces lecteurs qui participent et diffusent leurs opinions, d’autant plus que la démarche journalistique est assurément critiquable : de la sélection dans les écoles en passant par l’embauche au tri même de l’information en prêchant une hiérarchisation de l’information que tout le monde accepte en s’accordant sur la suprématie de certains sujets sur d’autres dits mineurs, marginaux ou ne concernant pas la clientèle visée.
Arnaud Gonzague à qui l’on doit indirectement ce débat, constate que les journalistes actuels sont tous issus de grandes écoles, ce qui implique des cursus semblables, des connaissances semblables aussi… hélas cette similarité, ce traitement "généralisé" prend fin à la fin des études lorsque la différence se fait entre les talentueux, les vrais penseurs et les conditionnés à vendre de l’information, elle se fait à un autre niveau également, plus pratique allons-nous dire, les pistonnés, les heureux bénéficiaires d’un lien quelconque avec Monsieur le Directeur, ou le DRH… Il y aurait une critique à apporter à cette volonté, de la part de toute entité vouée à la formation des journalistes, d’inculquer des connaissances générales, d’encadrer les pensées des futurs journalistes par des enseignements un peu trop communs ou qui ne répondent pas aux prédispositions très variées de tous ces étudiants pour un domaine ou un autre… D’un autre côté, comment assurer des formations qui conjuguent les connaissances générales nécessaires et des approches spécialisées pour satisfaire un étudiant ou un groupe d’étudiants dont les idéaux et les ambitions sont déjà sources de confrontation ? Là aussi il faudrait considérer la faisabilité de ces propositions, ce qui me semble personnellement être déraisonnable, au mieux une exigence qui passera pour caprice ! Car n’oublions pas que les théories et la culture générale permettent de développer des idées qui seront propres et tendront, dans de rares cas c’est vrai, à confronter ce qui apparaît comme acquis, vrai, indéniable… bref ! comme la vérité à savoir, comme la seule ! Mais faut-il encore connaître les théories, le passé dans sa plus grande partie pour encore oser le critiquer ! Combien sont-ils à attaquer, remettre en question la ou les idée(s) dont ils ne connaissent ni l’auteur ni le fondement mais qui la rejettent car inadaptée à une situation personnelle, actuelle… quel manque d’intelligence dans toutes ces manifestations !
Il y a des lacunes dans l’enseignement des écoles de journalisme, la tendance au général, à l’enseignement massif (former des prêt-à-informer, au pire des encyclopédies mobiles, des endoctrinés voués à une forme de propagande, de diffusion d’idées toutes faites) est peut-être le grand handicap de ces dernières mais il faut avouer que la concordance (relative), l’encadrement des matières enseignées ne vise qu’à rendre pertinent le diplôme ainsi obtenu ; imaginez que chaque école ait son programme, elle le revendiquerait adapté et original, la sélection diffère, les débouchés s’en ressentent… ne risque-t-on pas d’assister à une guerre subtile, platonique, de ces écoles ? C’est partiellement le cas avec les écoles dites reconnues par la profession (elles ont le label des patrons de presse et des syndicats de journalistes) et celles qui lorsqu’elles ne le sont pas sont en passe de le devenir et jouent la carte attrayante des frais de scolarité avantageux. Sur quels critères se base-t-on ? Sur quels critères se baser pour privilégier une école sur l’autre ? L’ancienneté, alors que de jeunes font leurs preuves ? La notoriété, mais n’est-ce pas là également discriminer les nouvelles ?
Enfin, le métier est ouvert mais dans la majorité les journalistes ont fait de longues études ; notons que les journaux n’ont pas attendu ces écoles pour exister (confère M. Claude Sales)… Difficile néanmoins de se frayer un passage lorsque nous sommes trop talentueux, trop marginal ou lorsque nous refusons simplement d’intégrer une promotion qui adoptera les mêmes idées pour valider son année… Il faut être free lance, autodidacte ce qui ne représente qu’une minorité dans la profession, ou serrer les dents pour mieux s’affirmer dans la presse une fois diplômé (une fois embauché aussi car il ne faut pas crier les envies de révolution trop vite !) ou espérer une fois un DEA ou doctorat en poche, que sa position affirmée des années plus tard sa notoriété incontestée développée, sera remarquée dans les revues rarissimes !
Bref, la guerre des positions est à peine entamée, le débat est complexe ! Les écoles de journalisme demeurent le moyen le plus pertinent de s’assurer un avenir dans le journalisme même si d’autres formations existent. Aucune d’entre elles n’est mauvaise, à nous de déterminer, de localiser les lacunes (qui avouons-le sont minimes), ces prétendus manques et les combler intelligemment par nos propres moyens, le résultat ne sera que bénéfique ; savoir tirer avantage d’une situation problématique, se servir du contestable pour proposer des solutions, les adopter, c’est là aussi le rôle du journaliste qui au-delà d’un travail d’investigation et d’information doit analyser et proposer ses observations… de préférable à posteriori !
Quoi qu’il en soit, je suis la première à tenter les concours dans quelques-unes de ces écoles reconnues par la profession, leur étant reconnaissante de ce qu’elles me proposent : la concrétisation de ma passion !