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> Et toi, t’es un humain ou un client ?

23 novembre 2000, 21:34, par Greg.fr

Au-delà de l’article publié voici quelques semaines par Marc Laimé sur l’auteur de "99 francs", il y a une chose qui m’a frappé dans ce roman, c’est le constat désabusé que dresse Octave (le héros) quand il range la subversion parmi les outils qu’utilise volontiers la publicité pour parvenir à ses fins. Critiquer la pub, relève-t-il, c’est la faire accepter par un peu plus de gens. La décrier est de bon ton, surtout si on arrive à en faire une pub. Et ainsi de suite. Triste constat. J’en veux pour preuve ces pubs qui se veulent choquantes, comme la dernière de Transfert (le bébé avec la manette de jeu au bout du cordon ombilical, à gerber).

Le détournement semble une bonne arme, mais n’est-ce pas finalement une pub en elle-même ? On ne sort pas de considérations comme celles-ci.

J’avais été effaré de voir ces sociétés qui proposaient des logiciels PAYANTS pour débarrasser les navigateurs des bannières publicitaires. Un monde sans pub sera-t-il dans l’avenir réservé à quelques nantis, qui pourront aligner les billets pour acheter leur non-agression ?

Soit dit en passant, sur statisticator.com, ils publiaient il y a peu un manière simple (à zéro francs, en plus) pour se débarasser de la pub en ligne.

Dans la série des informations consternantes, une nouvelle rapportée par transnationale.org, à propos de l’entrée des télévisions privées dans les écoles, avec des mômes obligés de regarder la téloche pendant leurs heures de cours. Intérêt principal pour les publicitaires : une audience "ciblée" (pan, t’es mort), un taux de retour imparable (paf, je ramène ton cadavre au siège de la société), etc.

A mon modeste niveau, je me contente de bannir la téloche de mon quotidien, je vire les pubs des magazines que je lis, je désactive les images sur mon navigateur, j’ai toujours un bouquin dans le métro, bien barricadé derrière mon balladeur (un MD, pratique pour copier les fichiers "sécurisés" au format RealAudio), etc. Et je rêve de taguer les affiches dans le métro. France Télécom, et tout Paris commence à communiquer... comme une bête (merci encore, Max Pétrois). Peugeot, la première voiture équipiée d’un filtre à particules... mais pas d’un filtre à chauffard-à-fond, portable vissé à l’oreille (ça tue mes copains motards sur les routes, ces conneries). Et j’en passe.

Mais que suis-je, seul face à une horde de publicitaires sur-payés ? Comme le soulignait justement Henri Laborit, dans "Eloge de la Fuite", un homme seul ne peut pas se mesurer à des corporations. Il n’affronte jamais dans ce cas un autre homme seul, il affronte une armée organisée, laminante. Heureusement, il donne un embryon de réponse : le salut est DANS LA FUITE. A chacun de trouver sa fuite.

Note à destination de ceux que la lecture de ce livre intéresserait : il faut vraiment s’accrocher, c’est l’un des bouquins les plus complexes que j’ai lu dans ma petite vie, du haut de maon Bac+0.