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> La musique en ligne ? Un service public !

14 novembre 2000, 11:15, par romain

Au lieu de cracher aussi délibérément sur la SACEM, il serait plus judicieux, et intelligent d’essayer de trouver des interlocuteurs intelligents (dans le sens, qui aient un minimum d’accord avec vos idées) chez eux, et de tâcher de discuter de la chose.

Que faites-vous des droits que les chaines de radio et de télé, voir les entreprises de festivités doivent payer lors de l’utilisation ou la production d’oeuvres musicales ? La SACEM est là pour ca, et si elle ne fait pas l’unanimité, il faut savoir que nombre d’auteurs tiennent a un juste retour de leurs droits.
C’est peut-être un mastodonte, pas très efficace, c’est cependant le SEUL moyen qu’ont des auteurs de récupérer des droits sur leurs oeuvres.

Récupérer ses droits par internet ? Comment ?
En faisant payer au téléchargement, au forfait, ou par un système de don ?
La première solution n’est pas celle que vous voulez, ni celle qui "marchera" de toutes facons. La seconde ne sera malheureusement jamais qu’une demi-solution.

La musique gratuite, c’est très bien. Mais les auteurs, que recoivent-ils ? Des dons de la part de leurs auditeurs ? Il ne faut pas se leurrer. J’y ai cru un temps, mais personne n’ira se fatiguer à aller donner de l’argent à un artiste, alors qu’il a si facilement accès à sa musique.

Il ne faut pas oublier que si le but de la musique, c’est de faire la fête, et de s’éclater, même pour l’auteur et les interprètes, il faut aussi que ces auteurs et interprètes aient de quoi vivre.

Dire qu’ils ont assez de revenus avec les droits qu’ils reçoivent déjà témoigne de l’inconsistance du discours ; les droits actuellement perçus proviennent des ventes de supports physiques, de diffusion radio et télé, et de diffusion publiques.
Le net va devenir le média numéro 1 d’ici quelques années. C’est à dire : plus de support physique, ou plutot, plus de support physique taxable pour rémunérer les auteurs (à très faible proportion) comme cela est suggéré.
Ce qui sera taxable, alors, c’est directement soit l’accès à un site, soit carrément l’accès au réseau.

Et si aucun droit n’est perçu sur Internet, quid de la légitimité de ces droits ? Et pourquoi alors les chaines de télé, de radio payeraient elles encore leurs forfaits aux organismes percepteurs de droits ?
Et dans ce cas, quid des inventeurs de ces musiques ?

Si les auteurs ne peuvent pas percevoir de droits, ne serait ce que minimes, sur internet, ils ont intérêt à se trouver un autre job pour vivre (si ça n’est pas déjà ce que font certains).

Du point de vue du consommateur, de l’auditeur, du fan, c’est vrai que c’est génial la musique gratuite. Du point de vue de l’auteur aussi ; dans une certaine mesure.
Mais ce dernier doit bien recevoir quelquechose en échange de ce qu’il a produit, si cela est exploité, et/ou apprécié.
Si ce n’est pas du vol, ne pas rétribuer un artiste pour son travail, d’une facon ou d’une autre, c’est de la pure ingratitude.

Entendez bien le sens de mon message ; je suis partisan de la musique libre (qui n’est pas, à mon sens, LA solution. C’est une possibilité, c’est tout) ; je fais partie de Copyleft Attitude. Je ne dis pas cela pour me "mettre en valeur", mais pour faire comprendre que la situation n’est pas : "les grosses majors de l’industrie capitaliste de la musique d’un côté" et "les gentils auteurs qui veulent diffuser librement leur musique de l’autre côté".

La situation n’est pas aussi simple que ça, et elle mérite une profonde réflexion ; pas une diatribe "anti-profit".

Si des sociétés comme la SACEM ont été créées, c’est pour protéger les auteurs de l’exploitation qu’en faisaient les sociétés d’édition et leur assurer une juste rétribution.

Avant que les auditeurs pensent à eux, il faudrait qu’ils pensent aux créateurs de ces musiques, qui ne vivent pas seulement de l’air du temps et du sourire des gens.