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> Gros et gras, le teint frais, et la bouche vermeille

3 avril 2004, 02:41, par Sakhaline

Salut Lorenzo,

J’ai eu l’adresse de ton site grace à ce message anti-piratage que tu as laissé sur Uzine le 23.02.04. Note bien à cette occasion l’intérêt de l’existence de ce type de forum, qui existe en dehors du système commercial traditionnel. Faire ta propre pub dans le cadre de ce message précis n’était pas d’une élégance folle, mais bon, toutes les occasions sont à saisir, j’imagine...
Comme tu as mis des extraits mp3 en libre accès, j’ai pu écouter gratuitement ce que tu produits, c’est pas mal. Pour l’instant, c’est vrai, je ne t’ai pas rapporté d’argent. Mais tu as fait un tout petit pas de plus vers la notoriété. Tout artiste a besoin de partager son oeuvre...

Bien, c’est surtout ta philosophie sur le partage de fichiers qui m’interpelle, et la raison de ces quelques lignes. Avant tout, il est bien sûr évident, je pense que tu seras d’accord, que si l’on doit désigner des voleurs, on peut regarder d’abord en direction du business musical : la liste des musiciens spoliés, ruinés, laissés exsangues, parfois même morts, est tellement longue qu’on arriverait presque à parler de génocide, si on pouvait en rire. Nous tous, en revanche, les vrais gens, on pourrait plutôt se considérer appartenir à la catégorie Vaches-à-lait.

Aujourd’hui, j’écoute plus beaucoup de musique, en comparaison avec mes jeunes années, du coup j’en achète plus beaucoup non plus, j’ai d’autres préoccupations moins agréables, faut croire que c’est ça devenir vieux, enfin, non, je suis pas si pessimiste.
Mais à l’époque ou je faisais que ça, écouter de la musique, je copiais pas mal de vinils empruntés sur des cassettes, et puis j’achetais des dizaines de disques, que je prêtais pour copie. On n’avait pas les moyens d’acheter tout ce qu’on aimait, moi j’ai jamais trop osé piqué dans les magasins, juste une cassette de Noir Désir dans un Carrefour, une fois, mais y a prescription. MAIS JE TE JURE, à l’époque, si Peter Gabriel , ou Robert Smith, ou Joe Strummer, dont j’avais acheté bravement toutes les oeuvres, avait répandu l’info comme quoi, faute de soutien financier, il n’avait plus les moyens de sortir un nouvel album, j’aurais revendu aussitôt mon 103 peugot et trouvé un moyen de lui faire parvenir la thune. Et je suis sûr que pas mal de gens auraient fait pareil, en tout cas suffisamment pour placer l’artiste à l’abri du besoin pour une paire de siècles. Et à cette époque là, cette musique ne passait ni en radio, ni à la télé, ou à peine, en tout cas on était à l’abri du matraquage, et y avait pas de spots de pub.

Et maintenant je fais ce rêve : de nos jours, avec les possibilités de distribution qu’offre le net, c’est clairement la mort des majors. Très vite, on va se rendre compte que ce type d’intermédiaires ne représente qu’une nuisance à éradiquer. Sur le principe du shareware, les talents seront amplement récompensés. Le bouche à oreilles, les concerts, tellement efficaces pour tous ces artistes qui se sont construits en dehors des médias traditionnels, permettront de faire connaître les meilleurs, ceux qui ont vraiment quelque chose à partager.
Ce sera la fin des "stars" kleenex. Et, putain, tant mieux.