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> la fête du travail

18 juin 2004, 11:05

Tu écris :
"Ensuite les-dits musiciens ne touchent plus rien. Pourtant quand on achette le disque de monsieur X, on achette aussi le travail des musiciens non ?
Pourquoi monsieur X devrait il toucher de façon réccurente sur les ventes, et pas les autres musiciens ?!?"

Tout à fait d’accord, il faut que les sociétés de production réduisent leurs marges pour payer davantage l’auteur et ses musiciens, qui doivent être intéressés aux ventes. Ce qui est rarement le cas.

Tu écris :
"Le plus problématique, au fond, est que cela nie la valeur du travail du musicien.
- Non ! Qui a décidé que sous prétexte qu’un jour un gars à pondu un disque alors il va gagner sa vie dessus le restant de ses jours ?
Le travail du musicien se résume t’il à avoir un jour enregistré une chanson ?"

Cela revient à nier toute valeur au disque, comme objet artistique. Un disque a sa cohérence. C’est un acte artistique en soi. On peut penser à Sergent Pepper, des Beatles. Dans un autre registre, les albums d’IAM, quoique commerciaux, explorent des pistes différentes à chaque fois, qui sont datées historiquement, constituent des avancées, un témoignage d’une époque et donnent naissance à de nouveaux projets, ailleurs, par essaimage.
Si on ne rémunère pas ce travail, on sacrifie des pans entiers de la création artistique.

Tu écris :
"J’ose espérer que tu savais qu’il y a aujourd’hui des musiciens qui vivent de la musique sans vivre de la vente de CDs ?"

Tout à fait d’accord avec toi sur le système des intermittents, mais il est gravement insuffisant. Il faudrait également un système du type "avance sur recettes", comme dans le cinéma, pour financer des projets. Par ailleurs, oui, il y a des artistes qui vivent sans faire de disque, mais pourquoi ériger leur mode de vie en système...?
En quoi cela ferait-il progresser la musique, l’art...?

Tu écris :
"je dirais que l’on peut considérer le disque en téléchargement comme une démo destinée à faire connaitre le musicien pour qu’ensuite ce dernier puisse gagner sa vie en donnant des concerts."

C’est un peu autoritaire comme démarche. Un peu dogmatique, même. Tu choisis le mode de vie des artistes à leur place, tout ça pour permettre aux internautes d’écouter leur musique sans payer. Je crois que je préfère que les artistes soient libres de choisir, de créer, dans la diversité.
Un disque est une démo...?
Le "Concert à Cologne" de Keith Jarret, c’est une démo...?
Les disques de Grapelli, ce sont des démos...?

Tu écris :
"Le problème ne concerne pas seulement les plus fortunés loin de la :
-  tu peux commencer à télécharger en partant de 0 pour moins de 50 euros par mois, coût du PC inclus (ie 10 paquets de cloppes)
-  ceux qui n’ont pas de pc équipé à domicile ont souvent des amis qui en ont ou peuvent se regrouper
 - S’il ne concernait que les plus fortunés, je pense que personne ne considèrerait le piratage comme un problème grave."

Les sociétés de production exagèrent l’impact du piratage pour légitimer des mesures de licenciement et de dégraissage, tout en maintenant leurs marges. C’est ce système qu’il faut attaquer. Le problème du piratage est un faux débat, qui arrange bien les maisons de disque.
Par ailleurs, 50 euros par mois... Tu as déjà vécu avec le RMI...? Tu sais ce que c’est, 50 euros par mois...? Qu’on le veuille ou non, Internet n’est pas un outil démocratique. Pas pour l’instant. Il faut avoir un capital économique et culturel (alphabétisation, maîtrise de l’outil, des habitudes...).

Tu écris :
"Bref, je ne sais pas trop ce qu’il faudra faire, ce qui est clair c’est que le phénomène de la copie numérique et du téléchargement n’est pas prêt de s’arreter. Le problème n’est plus de dire "olala, c’est mal, et en plus c’est pas bien", mais bien d’essayer de s’adapter : quand la pluie tombe, plutôt que de l’interdire, il vaut mieux se couvrir !"

Il n’y a absolument pas de fatalité. Les choix collectifs ne sont pas "la pluie qui tombe". Ce sont des choix. Nous en sommes, toi et moi, responsables.