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Ah ça par exemple !

31 décembre 2003, 04:02, par Lirresponsable

Salut,

Tu écris :

aller hop un exemple d’une contre-vérité : quand un artiste signe dans un salon, bien souvent il est payé...pas par son éditeur ok , mais par le salon (pas tous le temps )...et c’est même une bonne source de rémunération.

On écrit : « Chose amusante quand on y songe : voilà encore un coût, pour l’auteur lui-même, qui n’est généralement pas intégré dans le prix du livre, puisqu’un auteur ne se fait pas payer ses nombreuses journées de signatures et de présentations [sur le prix du livre], alors qu’un éditeur qui achète un encart publicitaire dans la presse répercutera cet investissement sur le prix du livre. »

La formulation est faiblement ambigüe : il s’agit, dans une comparaison éditeur/auteur, du coût de promotion qui n’est pas payé par l’éditeur (par opposition au bandeau ou encart répercuté sur le prix du livre), ce qui illustre l’inégalité entre éditeur et auteur relativement au produit livre. Cela ne veut évidemment pas dire que l’auteur ne peut jamais être payé pour sa prestation dans un salon par les organisateurs d’une telle manifestation (j’en parle dans un autre post), ou que l’auteur ne peut jamais manger des chips à la crevette en signant "pour momo" sur la page de garde (pas tout le temps, ça arrive des fois). Le point important est le coût de la promotion assumé par l’auteur (temps / déplacement), il vend son produit, en assure la promotion et ne touche quand même que 10% par exemplaire (l’éditeur continue à toucher 15%, sans faire le planton pendant toute la journée). Qu’il bénéficie d’une rémunération (à rapporter aux nombre d’heures) en plus de sandwitchs saucisson à volonté, c’est-à-dire une faible partie du prix des billets d’entrée payés par les visiteurs du festival + Subventions diverses allouées à la manifestation, heureusement pour lui ! Quoique...vendre un livre c’est un métier, non ? ;-) Et puis lorsqu’il vend son produit, il ne paie pas de charges, de location pour l’emplacement de son stand, alors qu’un libraire lui, hein, c’est dégueulasse cette concurrence sauvage ! :))

un fantasme bien connu en communication, celui de l’auto production, celui qui vise à faire croire que , c’est la structure et les coût qui empéchent de créer.

Nous ne développons pas ce fantasme (le génie bridé par la vilaine Structure), puisque l’on n’aborde pas les affres de la création dans cet article, pour au contraire étudier l’aspect économique (la note 6 de l’article nuance d’ailleurs l’interprétation courante de censure économique). Ainsi on essaie de montrer simplement que l’on peut se passer de l’éditeur, et que plus généralement l’industrie culturelle de production, diffusion, promotion des livres, repose sur un processus obsolète au désavantage des auteurs. (il y a bien entendu des différences de coût, entre un livre, un disque, et un film pour le cinéma).

C’est l’évidence toujours occultée par des considérations annexes et parasites sur la "création", le valeur des oeuvres et la culture-en-péril (tm). On comprend que les intervenants de ce processus industriel préfèrent parler ainsi, car il est plus gratifiant de proclamer : "j’oeuvre à la diffusion citoyenne de la culture et je garantis le pluralisme démocratique, amen", plutôt que "je prends 90 % de la galette, merci à tous et n’oubliez pas hein, il faut défendre les auteurs !".

L’exemple de la vidéo à été la, elle rendait la possibilité à n’importe qui de devenir Godard, et de faire ces films tous seul dans son coin.....ben vingt ans apres, le systéme n’a pas vraiment changé.

Oui bien sûr...voyons tout de même quelles conditions il faut remplir, en plus de réaliser des vidéos, afin d’être JLG, grâce à cette courte biographie :

« Jean-Luc Godard est né à Paris le 3 décembre 1930. Son père, brillant médecin et sa mère, issue d’une très riche famille de banquiers, lui donnent une éducation au milieu des livres. Il fait ses études d’abord à Nyon, en Suisse, puis au lycée Buffon à Paris. Durant toute sa jeunesse, il sera partagé entre la Suisse et la France et par la différence de classe sociale de ses parents (grande bourgeoisie pour sa mère et moyenne bourgeoisie pour son père).

En 1949, il suit des cours de lettres et de sciences à la Sorbonne puis prépare un certificat d’ethnologie. Ses études se partagent entre la peinture, la littérature, l’ethnographie et le cinéma (il suit des cours de l’Institut de filmologie de la Sorbonne). Parallèlement, il est très souvent au Ciné-club du Quartier Latin (où il fait la connaissance de Jacques Rivette, d’Eric Rohmer et de François Truffaut et à la Cinémathèque Française. Dès 1950, il écrit dans La Gazette du Cinéma, créée par Jacques Rivette. En 1952, par l’intermédiaire de sa mère qui connaît Jacques Doniol-Valcroze, le fondateur, avec André Bazin, des Cahiers du Cinéma, il écrit pour la première fois dans la revue (n°8 de janvier 1952) sous le pseudonyme de Hans Lucas. Il est alors très proche de Paul Gégauff et d’Eric Rohmer. »

Cela fait tout de même beaucoup de propriétés ! Et tout le monde, avec son camescope en 1954 pouvait tourner un court-métrage, puis dénicher par la suite sans le moindre mal, par exemple ce genre de producteurs afin de réaliser :

- PIERROT LE FOU Rome-Paris-Films, Cinematografica, S.N.C. Producer : Georges de Beauregard, Dino de Laurentis.

- LE MÉPRIS Rome-Paris Films, Films Concordia, Compagnia Cinematografica Champion. Producer : Georges De Beauregard, Carlo Ponti, valamint Phillip Dussart és Carlo Lastricati.

- HISTOIRE(S) DU CINÉMA : LES SIGNES PARMI NOUS
Gaumont, J.L.G. Films, La Sept, FR3, Centre National de la Cinématographie, Radio Télévision Suisse

Un auteur qui publie sur internet, il va falloir qu’il fasse un site beau, vendeur, fonctionnel...mais un romancier, n’est ni un graphiste, ni un programeur, ni un marketeur.

Son roman, il l’écrit à la plume d’oie à la lueur (vacillante) d’une chandelle ? Plus probablement, son format de travail est déjà numérique, et transférer des fichiers par FTP et réaliser des pages HTML ne demande pas des compétences de programmeur. Le marketeur n’apparaît pas utile, contrairement au graphiste. Donc soit il fait appel à un tiers, soit il acquiert ces compétences.

Un exemple : Hogarth Press II.

Les entreprises payent tres chére leur site internet, surtout quand elles font de la vente en ligne, alors je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour un auteur...

Tout simplement dans un premier temps parce que l’auteur n’a pas 100.000 € à cramer, ni de temps à consacrer aux quatorze réunions afin de déterminer si le bouton en haut à gauche, on le fait bleu ou bleu foncé, voire violet (et donc payer le staff qui va avec). Notre ami l’auteur va s’autoproduire : réaliser lui-même son site, (en se faisant aider ou non), comme des millions d’utilisateurs avant lui (qui ne réalisent pas nécessairement des sites immondes). Raison pratique donc, et le coût d’équipement, hébergement est très économique. Ensuite lorsqu’il aura dégagé beaucoup de profits (ou hypothéqué sa maison ou vendu un rein), rien ne l’empêche de faire appel à de vrais professionnels (tm), s’il s’estime incapable de réaliser la présentation de sa production (ce qui est dommage, car comme le souligne L.B. c’est un aspect de son travail de créateur qui lui revient de droit).

a+