A propos du cae : Le plagiat peut être vu aussi sous cette angle idée/expression d’une idée. Si j’affirme que Dieu est ceci ou cela ; j’exprime quelque chose sur cette idée et peut demander que cette expression soit protégée. Par contre l’idée de dieu appartient, elle, à tout le monde.
C’est un très bon exemple ! :))
Il y a le problème du l’idée et de ses attributs (bonté, unicité, etc.), ce que tu appelles "idée" et "expression de l’idée". Je peux définir un objet qui possède telles et telles propriétés. Et je pense alors un type d’objet comme conjonction d’un certain nombre de propriétés.
Un théologien négatif dirait que l’on ne peut rien dire de positif du concept car notre nature finie, imparfaite, ne saurait penser l’infini et la perfection ; on peut juste tenter une approche par élimination (ce que le concept de Dieu ne recouvre pas).
Mais d’où vient l’idée de Dieu ? Notre ami Descartes, dans sa célèbre troisième méditation métaphysique, apporte la solution suivante :
« Et certes on ne doit pas trouver étrange que Dieu, en me créant, ait mis en moi cette idée pour être comme la marque de l’ouvrier empreinte de son ouvrage ; »
Une bien belle solution ! Et très ancienne d’ailleurs.
Ensuite se pose le problème de la propriété de l’idée et des modes de diffusion. Tu remarqueras, pour rester dans le sujet, que ceux qui reconnaissent une Révélation (les trois monothéismes), enfin plus particulièrement pour les deux versions universalites (Christianisme et Islam) il y a prosélytisme, justement parce que cette idée s’adresse (et s’impose) à tous. D’où des distributions gratuites de textes et des cérémonies publiques et gratuites (la quête est optionnelle et les gris-gris non obligatoires).
L’idée de confisquer la parole reçue (fixer le canon et docteurs de la Loi pour l’interprétation), et d’organiser un clergé (hiérarchie) vient historiquement plus tard. D’où ensuite toutes les hérésies et tous les schismes. Dans le logiciel libre et les diverses tribus des adorateurs du Pingouin, on appelle ça des forks je crois :))
Plus sérieusement, je ne crois pas qu’il y ait de propriété sur la sphère d’idéalité (les idées), et là encore, la propriété c’est le vol (tm).
Ainsi, on dit le théorème de Pythagore voulant signifier par là que c’est Pythagore de Samos qui le premier a démontré que le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. Mais il ne viendrait à l’idée de personne de verser des royalties aux habitants actuels de l’île de Samos à chaque fois que l’on écrit : BC² = AB² + AC² . Et surtout, chacun peut consituer comme objet de sa pensée ce théorème, c’est ce qui fait sa valeur (objectivité et idéalité). La référence au nom propre est là par commodité (une abréviation).
Mais, il y a souvent un mais, les idées ne sont pas infinies. Et souvent une idée regroupe plusieurs concepts en elle-même.
On peut voir le problème ainsi : qu’est-ce que je pense quand j’ai l’idée de cercle ? Une définition : ensemble des points équidistants d’un même point, ou pour suivre Euclide : un cercle est une figure plane, comprise par une seule ligne qu’on nomme circonférence telle que toutes les droites qui y sont menées à partir d’un des points placés dans cette figure sont égales entre elles. Cette pensée n’a pas grand chose à voir avec la représentation (image mentale) de quelque chose de rond, ou l’intuition (sensible) quand je regarde une assiette ou un houla hop.
Et le plus intéressant, à l’aide d’un ensemble limité de notions (point, droite, équidistant, etc.), je vais pouvoir construire beaucoup de figures (une infinité à vrai dire), m’en servir pour d’autres définitions, par exemple : la bissectrice d’un angle est l’ensemble des points équidistants des côtés de cet angle, et étudier les propriétés de ces figures.
Enfin bref, on ne va pas se taper toute l’axiomatique de la géométie, il suffit juste de remarquer qu’à partir d’un nombre fini d’éléments on peut produire à l’infini (les types de figures, les figure particulières). Autre exemple pour ceux que la géométrie ne passionne pas, à partir d’un nombre fini de lettres (alphabet), la production de mots et de phrases est infinie. Ou également avec les opérateurs dans un langage formel pour la programmation, par rapport à tous les programmes réalisables.
Après il y a le sens ordinaire de "idée" appliqué à une région particulière comme la représentation picturale, et l’on peut se demander qui le premier, a eu l’idée de peindre des cercles et des triangles, puis qui le premier a eu l’idée de peindre un carré noir sur fond blanc (mais légèrement bleuté quand même), puis qui le premier a eu l’idée pour des rectangles bleus, rouges et jaunes, etc.
Je ne crois pas que "idée" ait ici le même sens, ni d’ailleurs que l’art en général ait la même valeur que la géométrie. Pour paraître tout à fait monstrueux ;), je préfère un exemplaire des Elements d’Euclide ou des Fondements de la Géométrie de Hilbert à une toile originale de Malevitch ou de Mondrian.
Pour finir : le logiciel libre accepte, en quelque sorte, que les idées ne soient pas infinies mais transfère la notion d’infini non plus sur une ressource, une matière première (l’idée et son expression) mais sur une communauté qui trouvera toute une série d’adaptation à des environnements spécifiques
Ouais mais ces adaptations se traduisent par des lignes de code ajoutées à la source (ou retranchées), et l’idée d’implémenter une nouvelle fonction à tel logiciel marque plutôt le caractère ouvert et non limité. C’est un principe d’économie, par exemple : je ne vais pas réécrire tout le système d’exploitation pour gérer tel périphérique mais un driver à intégrer.
Donc le LL accepte justement l’infinité des adaptations qui demandent modifications, reformulations, d’où l’utilité d’avoir accès à la source et d’avoir le droit de s’en servir. Ces adaptations, il faut bien les penser et les programmer (avoir des idées) ! :)) Et elles se pensent en fonction d’usages relevant de communautés distinctes (besoins spécifiques, etc.).
Ensuite, il y a la communauté du LL, dans le sens d’un principe de réciprocité : il serait quand même fort de café que je confisque un travail collectif parce que j’y ai ajouté une petite modificiation de mon cru. Et puisque j’ai bénéficié d’un accès à la source (j’ai fait l’économie de tout reprogrammer), il est normal qu’en retour d’autres puissent utiliser mes ajouts.
C’est l’idée ancienne d’un travail collectif avec comme modèle celui de la communauté scientifique : publicité des résultats et des démarches dans une logique de progrès des connaissances.
La propriété intellectuelle pour l’écrit est quelque chose de récent, et lié à l’apparition du marché de la presse et de la littérature avec la technique de l’imprimerie. Bon, ça a commencé avec le marché du théâtre, et c’est d’emblée un problème économique comme pour Corneille (la rémunération des auteurs).
A propos du cae : Le plagiat peut être vu aussi sous cette angle idée/expression d’une idée. Si j’affirme que Dieu est ceci ou cela ; j’exprime quelque chose sur cette idée et peut demander que cette expression soit protégée. Par contre l’idée de dieu appartient, elle, à tout le monde.
C’est un très bon exemple ! :))
Il y a le problème du l’idée et de ses attributs (bonté, unicité, etc.), ce que tu appelles "idée" et "expression de l’idée". Je peux définir un objet qui possède telles et telles propriétés. Et je pense alors un type d’objet comme conjonction d’un certain nombre de propriétés.
Un théologien négatif dirait que l’on ne peut rien dire de positif du concept car notre nature finie, imparfaite, ne saurait penser l’infini et la perfection ; on peut juste tenter une approche par élimination (ce que le concept de Dieu ne recouvre pas).
Mais d’où vient l’idée de Dieu ? Notre ami Descartes, dans sa célèbre troisième méditation métaphysique, apporte la solution suivante :
« Et certes on ne doit pas trouver étrange que Dieu, en me créant, ait mis en moi cette idée pour être comme la marque de l’ouvrier empreinte de son ouvrage ; »
Une bien belle solution ! Et très ancienne d’ailleurs.
Ensuite se pose le problème de la propriété de l’idée et des modes de diffusion. Tu remarqueras, pour rester dans le sujet, que ceux qui reconnaissent une Révélation (les trois monothéismes), enfin plus particulièrement pour les deux versions universalites (Christianisme et Islam) il y a prosélytisme, justement parce que cette idée s’adresse (et s’impose) à tous. D’où des distributions gratuites de textes et des cérémonies publiques et gratuites (la quête est optionnelle et les gris-gris non obligatoires).
L’idée de confisquer la parole reçue (fixer le canon et docteurs de la Loi pour l’interprétation), et d’organiser un clergé (hiérarchie) vient historiquement plus tard. D’où ensuite toutes les hérésies et tous les schismes. Dans le logiciel libre et les diverses tribus des adorateurs du Pingouin, on appelle ça des forks je crois :))
Plus sérieusement, je ne crois pas qu’il y ait de propriété sur la sphère d’idéalité (les idées), et là encore, la propriété c’est le vol (tm).
Ainsi, on dit le théorème de Pythagore voulant signifier par là que c’est Pythagore de Samos qui le premier a démontré que le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. Mais il ne viendrait à l’idée de personne de verser des royalties aux habitants actuels de l’île de Samos à chaque fois que l’on écrit : BC² = AB² + AC² . Et surtout, chacun peut consituer comme objet de sa pensée ce théorème, c’est ce qui fait sa valeur (objectivité et idéalité). La référence au nom propre est là par commodité (une abréviation).
Mais, il y a souvent un mais, les idées ne sont pas infinies. Et souvent une idée regroupe plusieurs concepts en elle-même.
On peut voir le problème ainsi : qu’est-ce que je pense quand j’ai l’idée de cercle ? Une définition : ensemble des points équidistants d’un même point, ou pour suivre Euclide : un cercle est une figure plane, comprise par une seule ligne qu’on nomme circonférence telle que toutes les droites qui y sont menées à partir d’un des points placés dans cette figure sont égales entre elles. Cette pensée n’a pas grand chose à voir avec la représentation (image mentale) de quelque chose de rond, ou l’intuition (sensible) quand je regarde une assiette ou un houla hop.
Et le plus intéressant, à l’aide d’un ensemble limité de notions (point, droite, équidistant, etc.), je vais pouvoir construire beaucoup de figures (une infinité à vrai dire), m’en servir pour d’autres définitions, par exemple : la bissectrice d’un angle est l’ensemble des points équidistants des côtés de cet angle, et étudier les propriétés de ces figures.
Enfin bref, on ne va pas se taper toute l’axiomatique de la géométie, il suffit juste de remarquer qu’à partir d’un nombre fini d’éléments on peut produire à l’infini (les types de figures, les figure particulières). Autre exemple pour ceux que la géométrie ne passionne pas, à partir d’un nombre fini de lettres (alphabet), la production de mots et de phrases est infinie. Ou également avec les opérateurs dans un langage formel pour la programmation, par rapport à tous les programmes réalisables.
Après il y a le sens ordinaire de "idée" appliqué à une région particulière comme la représentation picturale, et l’on peut se demander qui le premier, a eu l’idée de peindre des cercles et des triangles, puis qui le premier a eu l’idée de peindre un carré noir sur fond blanc (mais légèrement bleuté quand même), puis qui le premier a eu l’idée pour des rectangles bleus, rouges et jaunes, etc.
Je ne crois pas que "idée" ait ici le même sens, ni d’ailleurs que l’art en général ait la même valeur que la géométrie. Pour paraître tout à fait monstrueux ;), je préfère un exemplaire des Elements d’Euclide ou des Fondements de la Géométrie de Hilbert à une toile originale de Malevitch ou de Mondrian.
Pour finir : le logiciel libre accepte, en quelque sorte, que les idées ne soient pas infinies mais transfère la notion d’infini non plus sur une ressource, une matière première (l’idée et son expression) mais sur une communauté qui trouvera toute une série d’adaptation à des environnements spécifiques
Ouais mais ces adaptations se traduisent par des lignes de code ajoutées à la source (ou retranchées), et l’idée d’implémenter une nouvelle fonction à tel logiciel marque plutôt le caractère ouvert et non limité. C’est un principe d’économie, par exemple : je ne vais pas réécrire tout le système d’exploitation pour gérer tel périphérique mais un driver à intégrer.
Donc le LL accepte justement l’infinité des adaptations qui demandent modifications, reformulations, d’où l’utilité d’avoir accès à la source et d’avoir le droit de s’en servir. Ces adaptations, il faut bien les penser et les programmer (avoir des idées) ! :)) Et elles se pensent en fonction d’usages relevant de communautés distinctes (besoins spécifiques, etc.).
Ensuite, il y a la communauté du LL, dans le sens d’un principe de réciprocité : il serait quand même fort de café que je confisque un travail collectif parce que j’y ai ajouté une petite modificiation de mon cru. Et puisque j’ai bénéficié d’un accès à la source (j’ai fait l’économie de tout reprogrammer), il est normal qu’en retour d’autres puissent utiliser mes ajouts.
C’est l’idée ancienne d’un travail collectif avec comme modèle celui de la communauté scientifique : publicité des résultats et des démarches dans une logique de progrès des connaissances.
La propriété intellectuelle pour l’écrit est quelque chose de récent, et lié à l’apparition du marché de la presse et de la littérature avec la technique de l’imprimerie. Bon, ça a commencé avec le marché du théâtre, et c’est d’emblée un problème économique comme pour Corneille (la rémunération des auteurs).
Cf. Petite histoire des batailles du droit d’auteur
par Anne Latournerie.
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