Je suis heureux d’avoir votre avis sur la question ; plus précisément un avis construit et argumenté, sans volonté polémique.
Je ne possède pas de connaissances économiques suffisantes pour juger de la validité de l’aspect économique de cet article.
C’est la raison pour laquelle le "pour faire réfléchir" de ma brève présentation était une invitation à réfléchir sur une tentative (peut-être malheureuse) de donner un sens à l’affaissement du système éducatif.
Il est indéniable que les enseignants reçoivent une formation professionnelle très pauvre (je n’insisterai pas beaucoup) : l’IUFM nous noie dans un jargon abstrait et nous infantilise ; nous aimerions des cours sur la psychologie des enfants/adolescent (totalement absents), une mise en question réelle de la pédagogie (donc une réflexion) et de ses pratiques, plutôt que d’imposer une méthode unique (en partie contestable) et d’associer à l’échec de cette méthode la culpabilisation de l’enseignant.
Les tables de réflexion de l’IUFM n’ont d’autre but que d’amener, par une subtile méthode socratique, à adopter leur point de vue (tout autre étant inacceptable et nécessairement faux — ce n’est pas de la paranoia).
Personnellement, si je juge que certaines pratiques nouvelles de l’éducation sont intéressantes, il me semble dangereux de les généraliser à outrance, de manière à créer une école exactement inverse de celle de Jules Ferry (laquelle n’est pas un modèle non plus).
La difficulté dans laquelle nous nous trouvons, c’est qu’il n’existe aucun débat sur ce qu’est l’enseignement et sur ce qu’il pourrait être, entre les chercheurs du ministère ou des IUFM, et les enseignants (qui sont, ce me semble, les premiers concernés — les élèves venant en second, puisqu’ils ne sont pas encore censé élaborer les programmes et juger du réglement intérieur de l’établissement — je parle ici du collège et de lycée).
Le fait que la nouvelle pédagogie soit en bloc incontestable, et que l’ancienne soit, en bloc, mauvaise, ne peut faciliter la réflexion sur le sujet.
Il s’en suit différentes attitudes : la soumission aveugle, la soumission incrédule, la prise de conscience progressive d’un débat inexistant, la résistance, et la colère.
A partir du moment où l’Etat (?, l’IUFM en tout cas) engage notre reconnaissance professionnelle comme enjeu (résister = être vieux-jeu, comme si tout était tout blanc ou tout noir), il s’ensuit que les enseignants tentent de réagir alors même que leur position forcée les empêche d’être totalement objectifs.
Nous tentons de comprendre pourquoi cette politique absurde, nous voudrions ouvrir le débat sur le système éducatif et pouvoir être réellement consulté. Nous souhaiterions que l’on comprenne qu’il n’y a pas UN enseignement, mais DES enseignements (en fonction de la matière, du public visé, etc).
Les syndicats sont hors-jeu : il n’y existe que deux solutions : grêve ou soumission (ce qui ne semble pas très différent d’autres corps de métier, d’ailleurs). Nous voudrions une réelle réflexion sur le sujet ; nous aimerions que l’on nous explique les raisons profondes des réformes, que l’on nous donne les références des travaux universitaires à l’origine des nouvelles pédagogies, que l’on évalue sérieusement leur impact — et que l’on dise clairement quels adultes nous devons former.
Nos élèves ne sont pas des cobayes.
Je me pose également la question de la place exacte que l’informatique doit prendre à l’école, et du but de son introduction, qui pose d’innombrables difficultés.
Pour répondre à vos derniers arguments, j’ajouterai ceci :
je ne fais personnellement JAMAIS d’interrogations surprises, inutiles à mes yeux. Je vais parfois même jusqu’à donner certaines questions de manière à être certain que l’essentiel soit su. Le but des contrôles est de permettre l’acquisition des connaissances à mes yeux, et non de donner une sanction.
le décloisonnement est une porte (enfoncée) ouverte à mes yeux : pour comprendre un texte du XVIème siècle, il est nécessaire de connaître un minimum d’histoire, etc. Le problème, c’est que le décloisonnement tel qu’il est imposé par l’IUFM provoque l’appauvrissement du cours, et surtout, empêche la structuration de l’enseignement. Ainsi, au collège, à vouloir faire de la grammaire une simple observation de texte au cours d’une étude de texte, on l’enseigne de manière non-linéraire, en sorte que l’élève possède une vision morcellée de celle-ci.
enfin, l’objectif de ceux qui résistent pour l’école est avant tout une volonté de donner à l’élève une formation dont il puisse être fier, quel que soit le niveau, et non un diplôme dont les élèves eux-même (!) disent qu’il ne vaut rien (le Bac !), ayant constaté qu’il était possible de l’obtenir quasiment sans travail (exemple vécu lors des résultats du Bac de l’an passé).
Nous voulons que le passage en classe supérieure témoigne de l’acquisition des compétences et des savoirs requis, et non de l’influence des parents (j’ai eu l’exemple avant-hier d’un élève de terminale S noyé, dont le conseil d’orientation en fin d’année était :
. fin de seconde : STT ou redoublement
. fin de première : redoublement ;
les parents l’ont fait appel systématiquement : voilà le résultat).
Quant à notre statut, c’est le statut de fonctionnaire, indépendant des entreprises, que nous souhaitons garder.
Vous constaterez que cette revendication (syndicale) n’a aucun rapport immédiat avec ce qui précède.
Si vous parlez d’autorité, certes, nous jugeons que l’autorité est nécessaire, et plus encore lorsque celle des parents est absente chez les élèves. Nous ne souhaitons pas garder NOTRE autorité, mais contester l’idée que le professeur n’est pas un garant de l’autorité, ni un représentant de la loi. Contrairement à ce que dit l’IUFM, l’enseignant n’est respecté que s’il sait imposer son autorité (sans autoritarisme, en expliquant les choses si nécessaire, bien sûr) et s’il est le détenteur du savoir (on voudrait que ce soit l’élève, selon la méthode socratique — ce qui impliquerait, chez les réformateurs, une croyance en la transmigration des âmes...).
J’espère avoir, par cette réponse, relativisé votre déception ; par ailleurs, je serais très intéressé par votre avis sur l’origine et le but des réformes qui minent notre métier.
Je suis heureux d’avoir votre avis sur la question ; plus précisément un avis construit et argumenté, sans volonté polémique.
Je ne possède pas de connaissances économiques suffisantes pour juger de la validité de l’aspect économique de cet article.
C’est la raison pour laquelle le "pour faire réfléchir" de ma brève présentation était une invitation à réfléchir sur une tentative (peut-être malheureuse) de donner un sens à l’affaissement du système éducatif.
Il est indéniable que les enseignants reçoivent une formation professionnelle très pauvre (je n’insisterai pas beaucoup) : l’IUFM nous noie dans un jargon abstrait et nous infantilise ; nous aimerions des cours sur la psychologie des enfants/adolescent (totalement absents), une mise en question réelle de la pédagogie (donc une réflexion) et de ses pratiques, plutôt que d’imposer une méthode unique (en partie contestable) et d’associer à l’échec de cette méthode la culpabilisation de l’enseignant.
Les tables de réflexion de l’IUFM n’ont d’autre but que d’amener, par une subtile méthode socratique, à adopter leur point de vue (tout autre étant inacceptable et nécessairement faux — ce n’est pas de la paranoia).
Personnellement, si je juge que certaines pratiques nouvelles de l’éducation sont intéressantes, il me semble dangereux de les généraliser à outrance, de manière à créer une école exactement inverse de celle de Jules Ferry (laquelle n’est pas un modèle non plus).
La difficulté dans laquelle nous nous trouvons, c’est qu’il n’existe aucun débat sur ce qu’est l’enseignement et sur ce qu’il pourrait être, entre les chercheurs du ministère ou des IUFM, et les enseignants (qui sont, ce me semble, les premiers concernés — les élèves venant en second, puisqu’ils ne sont pas encore censé élaborer les programmes et juger du réglement intérieur de l’établissement — je parle ici du collège et de lycée).
Le fait que la nouvelle pédagogie soit en bloc incontestable, et que l’ancienne soit, en bloc, mauvaise, ne peut faciliter la réflexion sur le sujet.
Il s’en suit différentes attitudes : la soumission aveugle, la soumission incrédule, la prise de conscience progressive d’un débat inexistant, la résistance, et la colère.
A partir du moment où l’Etat (?, l’IUFM en tout cas) engage notre reconnaissance professionnelle comme enjeu (résister = être vieux-jeu, comme si tout était tout blanc ou tout noir), il s’ensuit que les enseignants tentent de réagir alors même que leur position forcée les empêche d’être totalement objectifs.
Nous tentons de comprendre pourquoi cette politique absurde, nous voudrions ouvrir le débat sur le système éducatif et pouvoir être réellement consulté. Nous souhaiterions que l’on comprenne qu’il n’y a pas UN enseignement, mais DES enseignements (en fonction de la matière, du public visé, etc).
Les syndicats sont hors-jeu : il n’y existe que deux solutions : grêve ou soumission (ce qui ne semble pas très différent d’autres corps de métier, d’ailleurs). Nous voudrions une réelle réflexion sur le sujet ; nous aimerions que l’on nous explique les raisons profondes des réformes, que l’on nous donne les références des travaux universitaires à l’origine des nouvelles pédagogies, que l’on évalue sérieusement leur impact — et que l’on dise clairement quels adultes nous devons former.
Nos élèves ne sont pas des cobayes.
Je me pose également la question de la place exacte que l’informatique doit prendre à l’école, et du but de son introduction, qui pose d’innombrables difficultés.
Pour répondre à vos derniers arguments, j’ajouterai ceci :
je ne fais personnellement JAMAIS d’interrogations surprises, inutiles à mes yeux. Je vais parfois même jusqu’à donner certaines questions de manière à être certain que l’essentiel soit su. Le but des contrôles est de permettre l’acquisition des connaissances à mes yeux, et non de donner une sanction.
le décloisonnement est une porte (enfoncée) ouverte à mes yeux : pour comprendre un texte du XVIème siècle, il est nécessaire de connaître un minimum d’histoire, etc. Le problème, c’est que le décloisonnement tel qu’il est imposé par l’IUFM provoque l’appauvrissement du cours, et surtout, empêche la structuration de l’enseignement. Ainsi, au collège, à vouloir faire de la grammaire une simple observation de texte au cours d’une étude de texte, on l’enseigne de manière non-linéraire, en sorte que l’élève possède une vision morcellée de celle-ci.
enfin, l’objectif de ceux qui résistent pour l’école est avant tout une volonté de donner à l’élève une formation dont il puisse être fier, quel que soit le niveau, et non un diplôme dont les élèves eux-même (!) disent qu’il ne vaut rien (le Bac !), ayant constaté qu’il était possible de l’obtenir quasiment sans travail (exemple vécu lors des résultats du Bac de l’an passé).
Quant à notre statut, c’est le statut de fonctionnaire, indépendant des entreprises, que nous souhaitons garder.
Nous voulons que le passage en classe supérieure témoigne de l’acquisition des compétences et des savoirs requis, et non de l’influence des parents (j’ai eu l’exemple avant-hier d’un élève de terminale S noyé, dont le conseil d’orientation en fin d’année était :
. fin de seconde : STT ou redoublement
. fin de première : redoublement ;
les parents l’ont fait appel systématiquement : voilà le résultat).
Vous constaterez que cette revendication (syndicale) n’a aucun rapport immédiat avec ce qui précède.
Si vous parlez d’autorité, certes, nous jugeons que l’autorité est nécessaire, et plus encore lorsque celle des parents est absente chez les élèves. Nous ne souhaitons pas garder NOTRE autorité, mais contester l’idée que le professeur n’est pas un garant de l’autorité, ni un représentant de la loi. Contrairement à ce que dit l’IUFM, l’enseignant n’est respecté que s’il sait imposer son autorité (sans autoritarisme, en expliquant les choses si nécessaire, bien sûr) et s’il est le détenteur du savoir (on voudrait que ce soit l’élève, selon la méthode socratique — ce qui impliquerait, chez les réformateurs, une croyance en la transmigration des âmes...).
J’espère avoir, par cette réponse, relativisé votre déception ; par ailleurs, je serais très intéressé par votre avis sur l’origine et le but des réformes qui minent notre métier.
Sincèrement