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> Contre la fatalité de Finkielkraut

9 août 2002, 11:41, par elmer

Bien que n’étant pas dupe du procès d’intention que tente M. Finkielkraut à l’égard d’internet, il me semble qu’il faudrait nuancer la critique d’un pauvre con pour se pencher sur les ruptures qu’entrainent l’utilisation généralisée du média web. Dans une société qui par ailleurs, vante (et vend) l’utilisation de ce média particulier dans une optique qui lui est propre, il faut se dégager de l’hypocrisie qui règne et qui peut nous conduire à construire une éthique de l’internaute, comme on tente encore, malgré tout de construire celle du téléspectateur.

Il me semble qu’internet brouille les cartes, et déconcerte l’intellectuel ou le "cultureux" de base dans le nouveau rapport qu’entretient l’individu avec la source d’information consacrée par l’ère technologique. Notre société démocratique se délite, non parce qu’elle crée l’illusion de la toute-puissance de l’internaute, mais parce qu’elle n’arrive que difficilement à s’adapter à un progrès technologique dont s’est très vite emparé la sphère marchande.

De là, on découvre que "l’avènement" de la Toile développe de nouvelles pratiques riches d’un potentiel pour de réelles avancées démocratiques auxquelles le système politique actuel à du mal à s’adapter. La démocratie contemporaine s’accomode très bien des "spectateurs-internautes" comme des téléspectateurs, surtout lorsqu’ils sont persuadés du potentiel économique qui lui a été attaché (style "autoroute de l’information" et blablas du même genre).

Internet donne les moyens nécessaires à ceux qui ont comme optique un dépassement ou un approfondissement de la démocratie dans ce qu’il permet dans l’échange, la transmission et le dialogue. Or, ce sentiment de "fatale liberté" n’est pas lié à intenet, mais à l’illusion de l’offre illimitée telle que le monde économique et libéral le conçoit pour l’ensemble de la société.

Il importe peu qu’un pauvre type déboussolé veille défendre son bif-steak face à un concurrent sérieux sur son propre marché (l’édition comme sa "diginité" d’intellectuel). Soyons ensemble lucides sur l’essentiel : le web est utile en tant que nouvelle possibilité offerte d’agir de manière efficace contre le système, et c’est là-dessus que se construit la résistance à la "régulation" en marche dont vous participez, à mon grand plaisir. Nous ne pourrons faire l’économie d’un travail sur le rapport à l’information que nous permet cet outil, pour renouveler la démocratie et lutter contre la totalisation voulue par la sphère néo-libérale mondiale...