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> Petit guide typographique à l’usage de l’internet

5 août 2002, 10:01, par Phynette

Vous m’impressionnez. Vous méritez un beau code typo pour Noël, votre intérêt pour le sujet fait plaisir à voir.

Je recompose votre phrase en la rendant conforme aux usages typo (attention les yeux !) :

Le Dr Malpa fut nommé responsable du Centre de thérapie par torsion progressive des oneilles et pratiques connexes en 1912. À cette époque, les feuilles de l’acacia dans la cour du centre étaient encore vertes.

Passons brièvement sur l’abréviation "Dr", qui suit la règle des M. , Mme, etc. Vous savez, l’application des capitales est un art zen : on en met le moins possible car elles sont rarement nécessaires. Dans le cas présent, il n’y a besoin que d’une capitale différenciatrice : à la première occurrence de "centre", puisqu’il s’agit du terme principal de l’appellation officielle de ce centre de thérapie. Aucune capitale n’est requise dans le reste du nom puisqu’il ne s’y trouve pas de nom propre. La longueur ou la brièveté n’y sont pas des éléments décisifs.

"et pratiques connexes" fait-il partie du nom du centre ? Apparemment oui, d’après la formulation de votre phrase. Mais là c’est une question relevant de l’information, pas du choix. En d’autres termes, on composera le nom officiel après l’avoir vérifié. Le travail de correction consiste pour une grande part à vérifier des sources, selon le principe "un bon correcteur ne sait rien et doute de tout".

Enfin, votre remarque sur la seconde occurrence de "centre" est pertinente - or vous proposez une capitale surtout à celle-ci alors que la typo demande exactement l’inverse : la seule capitale nécessaire est sur l’appellation officielle, tandis que dans le second cas "centre" reste nom commun. Le contexte, ici, renseigne sur le sens. Vous avez raison sur le risque de confusion, mais il y a aussi fâcheux qu’une confusion : une répétition. C’est pourquoi un correcteur rectifiera (ou proposera) : "les feuilles de l’acacia dans la cour de l’établissement étaient encore vertes". Et là, c’est non seulement plus clair, c’est aussi mieux écrit.

Non seulement les capitales n’élèvent pas le terme, mais en plus elles ne rendent pas la lecture plus fluide par leur multiplication. Bien au contraire, comme la pléthore d’italiques inutiles (ceux qui insistent lourdement) ou les ponctuations asthmatiformes. Un travail sur un texte consistera non à le baliser de ces pavés qui font buter l’oeil à la lecture, mais au contraire à réduire les obstacles visuels. C’est exactement en cela que le code typo est précieux, mais cet effet est en quelque sorte "secret" : son emploi juste fluidifie la lecture mais on ne s’en aperçoit pas quand il est bien appliqué (justement parce que la lecture est fluide). Un texte mal typographié, même si sa correction semble s’exercer au niveau des chiures de mouches, sera moins vite lu et moins bien compris qu’un texte correct.

Ah oui, la plaque à l’entrée. Evidemment qu’il y a des capitales partout, c’est normal, comme pour Monsieur le Chef de la Circonscription Urbaine de Friville-Escarbotin et du Val de la Haute-Radibulle, ou l’Association des Filles-Mères Cyclistes de Sassetot-Le-Mauconduit (Seine-Maritime) - mais là c’est pas du code typo, c’est la typo telle que tout le monde l’imagine et l’applique spontanément, hors de tout code. Aucun mal à ça, mais en situation de travail sur un texte il est évident qu’on ne procède pas ainsi. Et puis le code typographique est un outil pour la publication de textes, pas pour la peinture de pancartes par exemple. On ne peut s’attendre qu’il s’impose partout.