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> Pourquoi critiquer l’action de l’UEJF et de la Licra ?

18 septembre 2000, 23:35, par Ariel Kyrou

Pourquoi est-ce difficile de réagir au sujet de cet article ? Pourquoi l’internaute a-t-il du mal à se prononcer de l’affaire qui oppose la Licra et l’UEJF d’une part à Yahoo d’autre part ? Le point Goldwin ne suffit peut-être pas à l’expliquer.

Il y a, je crois, une raison culturelle qui s’ajoute à cette cause bien humaine... Les juristes et autres Knobel de l’UEJF et de la Licra ne fonctionnent qu’à la mémoire. Pas aux actes ici et maintenant. Ils n’imaginent pas une réaction démocratique, de dizaines et de dizaines d’internautes, à des excès nazis sur le Web. Cette pratique est pourtant commune. Mais ils ne veulent voir de la pédagogie que tournée vers le passé. Point à la ligne. De l’autre côté, les zozos de Yahoo ne croient qu’au présent, et si possible de la couleur du dollar. Ils n’ont pas assez de mémoire pour, d’eux-mêmes, allumer les contre-feux à la vente d’objets nazis. Ils auraient pu décider de faire des liens hypertextes vers des sites anti-nazis, pédagos en diable, d’organiser eux-mêmes une réponse sans pour autant arrêter la vente. Je ne rentre évidemment pas là dans les arguties techniques : je reste sur le terrain des principes, et je constate une opposition radicale d’approche entre, d’une part l’européen fier de sa mémoire, d’autre part l’américain fier de son esprit d’initiative, d’une part des associations tournées exclusivement vers le passé, d’autre part des marchands qui ne se soucient guère de culture...

Et nous dans tout ça ? On ne peut s’inscrire dans le débat qu’en refusant le choix manichéen de l’un ou de l’autre camp, en ne refusant rien de la complexité du problème, et en réservant nos boulets aux deux camps. Sans pour autant nier la réalité que souligne Arno* : comme souvent dans ce genre de débat, le danger que représente le combat des archaïques à la mémoire si juste est sans doute plus grand que celui des marchands au portefeuille si largement ouvert, car on peut s’engouffrer dans une porte ouverte, alors qu’une porte, une fois fermée à clef, ne laisse plus passer personne. Dur Dur. Pour nous et pour le débat.

Ariel Kyrou