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mardi 23 janvier 2001

Dix questions à M. Jean-Marie Messier

Memento à l’usage des journalistes enclins à la révérence
par Marc Laimé
 

Très cyniquement titré « J6M.com », l’ouvrage que M. Jean-Marie Messier a publié à l’automne dernier a bénéficié d’une exceptionnelle « couverture médiatique. » Il ne se passe pas une semaine sans que le « grand patron » de Vivendi ne délivre dans les gazettes et sur les plateaux de télévision ses prêches futuristes. La révérence avec laquelle ses interlocuteurs accueillent le nouveau messie n’a d’égale que l’obstination avec laquelle ils se gardent de sonder autre chose que la circonférence du très célébré accroc qui adorne sa chaussette. Il vous est néanmoins loisible de vous inspirer des questions ci-après et d’interpeller ledit M. Jean-Marie Messier, à l’occasion d’une séance de signature de l’opuscule précité. Séances dont la récurrence devrait interpeller les actionnaires de Vivendi, à raison des inquiétudes que peut susciter une très étonnante propension au culte de la personnalité, vestige baroque d’une idéologie en tous points opposée aux « valeurs » libérales du champion de la création de ladite valeur.

1 - Le responsable du service de sécurité de Vivendi se nomme M. Alain Marsaud. M. Alain Marsaud est un ancien magistrat du pôle anti-terroriste, classé très à droite, qui s’était illustré dans les années 80, quand le ministre de l’Intérieur de l’époque, M. Charles Pasqua, clamait qu’il fallait « terroriser les terroristes ». Quelles sont les fonctions précises de M. Alain Marsaud au sein du groupe Vivendi ? Combien d’ex-magistrats spécialisés dans la lutte anti terroriste ou la
répression de la délinquance financière ont-ils été recrutés par Vivendi ces dernières années ?

2 - Vivendi affronte à l’échelle mondiale des concurrents extrèmement puissants et agressifs. Vivendi a-t-il été victime d’opérations d’espionnage industriel ? Comment s’en défend-il ? Vivendi pratique-t-il l’intelligence économique ? Quels sont les critères « éthiques » de Vivendi en la matière ?

3 - Quel est le cabinet de lobbying bruxellois à qui Vivendi a confié la défense de ses intérêts auprès des fonctionnaires de la Commission européenne ?

4 - Comment expliquez-vous à vos enfants que la création de valeur pour l’actionnaire de Vivendi s’appuie aussi sur les bénéfices réalisés par le site internet pornographique créé par Canal Numedia, filiale qui regroupe les activités Internet de Canal Plus ?

5 - M. Alain Le Diberder est généralement considéré par ses pairs comme l’un des journalistes français les plus compétents en matière d’Internet. Il a dirigé pendant plusieurs années les activités Internet de Canal Plus. Pourquoi a-t-il été limogé en moins d’une demi-heure en novembre 2000 ?

6 - Le Groupe Expansion est l’une des filiales d’Havas, groupe appartenant lui-même à Vivendi, producteur de contenus à « forte valeur ajoutée », déclinés notamment par des magazines comme l’Expansion ou la Vie financière. Comment expliquez-vous que les journalistes qui étaient les plus hauts responsables de ces deux titres aient démissionné de leurs fonctions en novembre 2000 ?

7 - Vivendi a dépensé plusieurs dizaines de millions de francs pour promouvoir son portail Vizzavi, accessible via un téléphone mobile aux normes WAP. L’accès à l’Internet via la norme WAP est un échec cinglant. Quelles sont les statistiques de fréquentation dudit portail Vizzavi, et
les pertes globales de l’opération à ce jour ?

8 - Vous avez répété à l’envi que le développement de Vivendi reposait notamment sur l’explosion de l’accès à Internet via les téléphones mobiles de 3ème génération à la norme UMTS,
réputés être opérationnels dès 2002. L’expert qui avait conseillé le gouvernement britannique lors de la mise aux enchères des licences UMTS en Grande-Bretagne a établi en décembre 2000 que les spécifications retenues par les opérateurs détenteurs d’une licence UMTS en matière d’implantation de relais ne permettaient pas au dit réseau de fonctionner. Il faudrait multiplier par deux ou par trois lesdits relais UMTS. Le coût du réseau, initialement estimé à 30 à 35 milliards de francs pour chaque pays européen, s’établirait donc à 60 ou 90 milliards de francs. Vivendi a-t-il intégré cette nouvelle donne dans ses plans de développement ?

9 - Vivendi a créé le site « Powow.net », présenté comme un forum de l’éthique sur Internet. On s’attendrait à ce qu’un forum fonctionne sur le mode de contributions volontaires d’internautes, qui débattent de l’ensemble
des questions afférent à l’éthique sur Internet. Or la quasi-totalité des contributions mises en ligne sur Powow.net sont des interviews réalisées par une filiale d’Havas Advertising. Interviews réécrites avant d’être validées par différents responsables de Vivendi. C’est donc Vivendi qui décide de l’opportunité de publier ou non une contribution lui paraissant digne d’intérêt. Il s’agit donc d’une très banale opération de communication de Vivendi, étroitement contrôlée, qui n’a donc rien à voir avec un « forum »... Comment légitimez-vous ce mode opératoire ?

10 - Vous avez écrit dans votre ouvrage « j6m.com » (p. 211), qu’en matière de régulation : « Il faut organiser une démarche consumériste. Arrêtons de demander à l’état ce que nous devons faire. Engageons un vrai débat entre internaute et entreprises du Net. » Si le débat éthique ne relève plus du citoyen et de ses représentants, mais du consommateur, l’éthique devient une marchandise, dont la « valeur » fluctue au gré des votes, en ligne, desdits consommateurs. Que se passera-t-il le jour où une majorité d’internautes n’estimeront pas répréhensible la propagande raciste sur internet ou le commerce sexuel des enfants ?

 
 
Marc Laimé
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Journaliste, coordinateur du dossier « La Folie de l’Internet » du Canard Enchaîné

29 août 2000
 
SPIP
Web indépendant


> Dix questions à M. Jean-Marie Messier
1er août 2002, message de Biligha serge christian.
 

J’admire énormement Jean-Marie Messier,malgré sa chute.
La manière avec la quelle il a dirigé vivendi universal et sa recherche permanente du profit par ses stratégie m’ont impressionné mais aussi souvent fait rire.On ne peut pas gagné à tous les coûts.

J’aimerais savoir si c’est possible qu’un groupe comme vivendi universal s’étende en afrique subsaharienne ?.Car je suis convaincu que c’est un marché potentiel.
Je crois aussi que pour des raisons stratégiques et pour faire des profits il faudrait prendre de l’avance sur les concurrents avant que le vent du multimedia ne souffle en Afrique.

je vous remercie.

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> Dix questions à M. Jean-Marie Messier, OUEDRAOGO SOUKEYNA, 15 novembre 2002

J’admire aussi beaucoup Jean Marie Messier. J’ai toujours été enormement touchée par sa franchise et la manière dont il a toujours presenté ses strategies de manière limpide, sans équivoque meme si certaines peuvent parraitrent naives. Je ne connais pas trés bien cet homme (je n’aime pas parler de ce que je ne connais pas), mais d’après ce que j’en ai lu, je pense que c’est un homme sincère et intelligent et qu’il trouvera un moyen de prouver tot ou tard ce dont il est capable. Je crois en lui.

Je pense aussi que l’Afrique subsaharienne dont je suis originaire est un marché porteur mais seulement à condition que des entreprises morales et éthiques s’y investissent, des entreprises dirigées par des hommes tels que Jean Marie Messier.

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> Deux infos archi fausses
23 janvier 2001, message de Ariel
 

Marc écrit à propos de powow.net :

Interviews réécrites avant d’être validées par différents responsables de Vivendi. C’est donc Vivendi qui décide de l’opportunité de publier ou non une contribution lui paraissant digne d’intérêt. Il s’agit donc d’une très banale opération de communication de Vivendi, étroitement contrôlée, qui n’a donc rien à voir avec un « forum »
Première information archi-fausse : aucun texte de powow.net n’est validé par quelque responsable de Vivendi que ce soit. Le rédacteur en chef, Albano Saldanha, n’y a jamais mis les pieds, et n’a jamais rencontré ne serait-ce qu’une fois un quidam de Vivendi. Il n’y a pas de relecture. Le site est réalisé par des journalistes qui ne répondent de leurs écrits que devant leur rédacteur en chef. Point à la ligne.
En conséquence, deuxième info fausse : à aucun moment Vivendi ne décide de publier ou non une contribution. Ils ne relisent rien. Nada. La rédaction fait ce qu’elle veut. Preuve en est le dossier Hacker. Si Vivendi relisait, j’aurais honte de m’exprimer ici, ou en tout cas je le ferais sous pseudo ( ;-))))).
Il ne s’agit donc pas d’une "banale opération de com", et le terme "étroitement contrôlé" est absurde.
Quant aux fleurs à Alain Le Diberder, je me demande si elles auraient été aussi jolies s’il n’avait été limogé.
L’intention du texte est juste, mais, en dehors de toute polémique perso (que j’invite les lecteurs d’Uzine à éviter), avant d’attaquer, ne vaut-il pas mieux s’informer comme tu le fais généralement, Marc ? Ne crois-tu pas que tes propos auraient été plus forts sans ses grossières erreurs ? Et ne me dis pas que tu ne pouvais pas vérifier...

Dommage.

Bises

Ariel

 
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Bye bye, 24 janvier 2001

Ce site est-il fait pour regler des petits comptes entre amis ? Amusez-vous bien.

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> Bonjour, Ariel, 24 janvier 2001

Il ne s’agit pas de règlements de comptes, mais de la crédibilité des articles d’uzine.

Que l’on frappe sur Vivendi, parfait, mais qu’on le fasse en se trompant lourdement, c’est donner des armes à nos adversaires.

Frapper suppose de tirer juste.

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> Deux infos archi fausses, Mona, 24 janvier 2001

Le dossier de Powow sur les hackers, "à l’opposé des thèses de Vivendi" ?

Ben, c’est bien la moindre des choses... C’est pour ça qu’il te paie, non ?

Encore une fois, c’est toute la perversité de la stratégie de Messier : c’est justement en étant "indépendant" que tu fais son jeu. Que ça t’arrange de ne pas vouloir le voir, c’est autre chose...

J’en veux pour preuve le passage récent de Messier à "Arrêts sur image", où, soupçonné par la journaliste d’avoir influé sur la ligne éditoriale de Powow, il garantissait la main sur le coeur que ton équipe travaillait en toute indépendance, que vous n’aviez aucun contact, aucune directive, aucune relecture, etc. (Tout ce que tu t’époumones à nous dire sur ces forums depuis 5 mois, assurant sa com’ à merveille.) Tout pour que le téléspectateur se dise "ouf ! quel gars bien, ce Messier, finalement ! Quel type sympa et ouvert ! On a tort de nous dire qu’il représente un danger pour le pluralisme et l’impartialité de l’information, c’est pas sérieux..."

Et puis, derrière tout ça, il y a... la réalité de ce qu’est Vivendi.

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> De la poule et de l’oeuf, Harry Hell, 24 janvier 2001

Que Powow.net serve aujourd’hui la stratégie personnelle du boss de Vivenduche, cela va de soi. Tes arguments se tiennent. Sa stratégie (qui n’est pas celle de son service com’ mais vraiment la sienne) a d’ailleurs beaucoup évolué en un an (cf son attaque hallucinante contre le Medef). Pour aller plus loin que toi, Mona, et renverser le rapport entre la poule et l’oeuf, je crois que la révolution Powow a contribué à cette évolution de l’homme et de ses vues en la matière.

Après, la différence se fait entre nous sur l’évaluation du contrat (alimentaire comme le rappelle si bien Lirresponsable) : est-ce un donnant / donnant comme je le défends ou un simple asservissement ? Le Powow indépendant est-il utile, inutile ou dangereux ? Question de jugement. Pas la peine d’en débattre à nouveau ici. Mon sentiment est que Powow n’est qu’un épiphénomène enrichissant dont nous verrons l’évolution ou la fin, et que le fer doit être porté ailleurs.

A ce titre, la lettre de Marc Laimé est efficace lorsqu’elle s’attaque à la façon dont VidenVice ne semble pas respecter sa propre Charte Internet Confiance, par exemple avec un Marsaud, ou un Canal Numédia et son site porno. Il frappe juste quand il pose la question de l’argent dépensée sur le Wap ou Vizzavi. Notre presse serait bien faite qu’elle se saisirait de ces sujets et lanceraient des enquêtes sur ces thèmes, justement dévoilés par Marc. Le problème, c’est que les grossières erreurs du point 9 (n’oeuf mais pas neuf) risquent de décrédibiliser ce travail de fourmi de l’ami Marc. Tel était mon unique propos. Sous ma casquette d’individu libre et plutôt radical choisissant de s’exprimer sur Uzine, et pas sous le micro chapeau de numéro (décalé mais prisonnier) tentant de créer des trous esthétiques dans le mur (d’argent ?) du Village souriant dont il ne peut s’échapper.

Bises

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