La notion de communication est aujourd’hui l’une des plus en vogues. L’imprécision de ce concept explique en grande partie son succès.
De la sphère entrepreneuriale aux hommes politiques en passant par les administrations et les organisations non gouvernementales, tout le monde communique, ou plus exactement tout le monde se doit de communiquer « pour répondre, nous dit Erik Neveu, à l’impératif catégorique de modernité ».
Afin de distinguer les activités humaines qui relèvent de la communication, Daniel Bougnoux propose d’associer le concept de communication à toutes les formes d’action de l’homme sur l’homme, par opposition à la relation sujet/objet. L’action communicationnelle, affirme Bougnoux, ne met pas en relation le sujet et l’objet mais le sujet avec le sujet. S’il fallait définir ce terme par une simple formule, on pourrait ainsi affirmer que la communication, c’est l’homme agissant sur les représentations de l’homme par le détour des signes.
A partir de cette première définition, on peut envisager d’approfondir la notion moderne de communication. Pour ce faire, un réflexion préalable sur les contours de cette notion s’impose. Daniel Bougnoux a très bien mis en évidence la multiplicité des niveaux de communication. D’autres chercheurs en sciences sociales ont essayé d’en déterminer plus précisément les contours. Sans prétendre à l’exaustivité, on essaiera plutôt de montrer la diversité de leurs propositions afin d’insister sur l’ambiguïté fondamentale de la notion de communication.
En permettant d’agréger des représentations, des valeurs et des croyances différentes autour d’un référent commun, l’ambiguïté de la notion de communication n’est, bien sûr, pas étrangère au succès phénoménal de l’idéologie du même nom. Ce succès tient sans doute également à la symbolique même du mot communication. Il se matérialise en tout cas par la place de plus en plus centrale accordée à la communication dans la manière d’appréhender l’étude des phénomènes sociaux
La communication, un « mot-valise »
Partant du principe énoncé plus haut que la communication relève de l’action de l’homme sur l’homme par le détour des signes, Daniel Bougnoux propose de distinguer différents niveaux de communication.
L’homme, cet animal social
Au premier niveau, remarque Bougnoux, on trouve toutes les expressions de comportement qui ne relèvent pas d’une forme ou d’une autre de langage « construit » (on peut rapprocher ces expressions de comportement à la communication animale ou à celle de l’enfant qui n’a pas encore appris à parler). Ce socle primaire des « signaux indiciels » ne doit surtout pas être négligé. Bien au contraire. Il constitue la base permanente de nos relations. C’est en effet à ce niveau que les séductions aussi bien de la culture de masse que de nos relations interpersonnelles, nous touchent.
Au commencement, constate Bougnoux, n’était pas le verbe mais la chair. Les corps se touchent avant les esprits. Toute communauté est tissée d’un maillage de relations non langagières, d’autant plus efficace (surtout dans le cas de la publicité ou la communication politique) qu’il demeure largement inconscient ou primaire, enfoui sous les messages.
Socialisation domestique
Au niveau de la sphère domestique, on se trouve dans un espace à la fois « fermé » et « ouvert » essentiellement en raison de la présence des « médias ». Bougnoux relève en trois catégories principales :
Certains appareils servent à augmenter le rayon des relations interpersonnelles. C’est le cas par exemple du téléphone, du fax, du courrier postal, et aujourd’hui du courriel. Les messages sont ici acheminés d’individu à individu.
Dans le cas de la télévision, de la presse écrite et de la radio, on est en présence de médias qui diffusent un flot de messages produit à une échelle « massive » qui ne nous sont pas spécifiquement destinés, même s’ils sont de mieux en mieux ciblés. Ces messages circulent d’un centre vers une périphérie largement anonyme et ils autorisent peu de fonction de retour ou de « feed-back ». Ces médias traditionnels diffusent selon un schéma « un/tous » des messages impersonnels et fortement standardisés.
Derniers médias au sein du foyer, les livres, les disques ou les tableaux sont généralement classés dans la catégorie des oeuvres (éventuellement des oeuvres d’art). La différence principale de ces oeuvres comparativement aux médias de masse, tient au fait que leur temps n’est pas celui du flot. Alors que la diffusion en temps réel de l’information et de la communication contribue à leur valeur, les oeuvres sont dotées d’une aura qui s’accroît proportionnellement à leur capacité à résister au temps.
Socialisation scolaire
Espace transitionnel entre le foyer domestique et la réalité du monde extérieur, l’école est également, selon Bougnoux, un intense lieu de communication.
Le savoir véhiculé par l’école relève largement de la « graphosphère » (en langage médiologique, la graphosphère renvoie à une période historique ouverte par la généralisation de l’imprimerie durant laquelle le livre est devenu l’outil par excellence de l’autorité symbolique. Il faut également savoir qu’historiquement, la graphosphère précède la vidéosphère qui ne se substitue pas à la première mais la concurrence fortement. Cette vidéosphère est née avec les écrans de T.V. puis d’ordinateur).
A l’intérieur même de l’enceinte scolaire, « la majesté de la chose écrite » est aujourd’hui de plus en plus concurrencée par d’autres outils : l’audiovisuel, la télévision, le multimédia et les différentes techniques d’enseignement à distance.
Si ces nouveaux outils du savoir ont mis longtemps avant de s’implanter dans les écoles, on considère désormais que leur coexistence avec les anciens outils de connaissance est non seulement irréversible mais annonce des formes inédites de savoir. En effet, ce ne sont pas simplement les contenus qui changent mais aussi leur modalité de production, de transmission et de stockage.
Socialisation dans l’espace public
Immédiatement après avoir franchi le seuil de ces deux univers protégés que sont le foyer domestique et l’école, on est automatiquement « projeté » dans un inextricable réseau de communication, rues et routes, voies ferrées, couloirs aériens, etc., doté d’une intense accumulation de signes.
Mais l’un des lieux où la communication s’est développée de la manière la plus spectaculaire est sans doute celui du travail, désormais soumis à l’impératif communicationnel. Communication interne ou externe, publicité, marketing : partout où il faut vendre une marchandise, un dirigeant, son entreprise, la panoplie publicitaire se déploie et tente de nous séduire.
L’Etat moderne n’échappe évidemment pas à cet impératif communicationnel. Mais, s’interroge Bougnoux : peut-on produire de la croyance comme on fabrique des « produits manufacturés » ?
Les conseillers en communication pullulent autour des hommes politiques, des chefs d’entreprise ou de tous ceux qui détiennent aujourd’hui une parcelle d’autorité : ils rêvent de programmer techniquement une interaction pragmatique, c’est-à-dire de contrôler, maîtriser, orienter, le déroulement des relations d’homme à homme en fonction de leurs intérêts. Pourtant, et c’est sans doute préférable pour tout le monde, la compétence de ces experts, affirme Bougnoux, dépasse à peine celle des « faiseurs de pluie ».
Socialisation planétaire
Ultime espace de communication, celui qui se développe à l’échelle de la planète, dont les dimensions semblent chaque jour se réduire sous nos yeux. Mais il s’agit sur ce point de faire la distinction entre un processus bien réel d’intégration et de standardisation, et celui, tout aussi réel, d’affirmation et de réaffirmation identitaire dans des espaces communautaires beaucoup plus circonscrits.
L’extension planétaire de la « culture de masse » n’a pas totalement vérifié les craintes de ceux qui dénonçaient les dangers d’une standardisation engendrée par la mondialisation.
Les contours de la notion de communication
Au regard de cette petite promenade, avec Bougnoux, dans la diversité des espaces où « ça communique », personne ne peut douter de la pluralité des usages mêmes du terme de communication. A tel point que ce terme offre une parfaite illustration de l’aphorisme du philosophe autrichien Wittgenstein pour qui « un mot n’a pas de sens mais seulement des significations ». En effet, le sens de ce mot n’est pas fixé une bonne fois pour toute dans la mesure où il dépend directement du contexte dans lequel il est utilisé. Dit autrement, il n’est pas aberrant d’affirmer que le terme de « communication » n’a pas pas de sens mais seulement des usages qui varient en fonction des situations.
Si le flou de la notion de communication ne fait aucun doute, on peut tout de même tenter de discriminer les principaux domaines auxquels elle se rapporte de manière un peu plus précise que Bougnoux nous le suggère.
A titre d’exemple, voici trois propositions pertinentes de définition de la notion de communication proposées par des chercheurs et universitaires en sciences sociales :
Dans un livre intitulé L’explosion de la communication, Serge Proulx et Philippe Breton sépare le champ de la communication en trois grands domaines distincts :
La communication médiatisée, qui implique généralement des messages circulant entre des groupes de personnes ou d’une personne à un groupe ;
La communication interpersonnelle, c’est-à-dire tout le domaine de la communication directe entre les personnes ;
Les communications au sens des moyens de transport physique des individus.
Dans un petit livre intitulé Une société de communication ?, Erik Neveu propose trois définitions concentriques de la notion de communication :
La communication est en premier lieu un secteur d’activités économiques ;
Elle englobe en outre tous les instruments et réseaux qui font circuler les hommes, les informations et les savoirs - la communication est ici envisagée de manière instrumentale, c’est à dire à travers les dispositifs qui la rendent possible ;
A un troisième niveau, qui recouvre les deux autres et les dépasse, la communication fonctionne comme une grille de lecture des pratiques sociales. Ces pratiques sociales sont alors perçues comme comportant une dimension symbolique de travail sur les représentations que mettent en scène les institutions et les individus dans tous les domaines de l’existence.
Selon Dominique Wolton, l’analyse de la place et du rôle de la communication dans une société repose sur la prise en compte de l’articulation entre les trois dimensions suivantes.
La dimension anthropologique ou culturelle
La dimension politique ou normative
La dimension technique ou fonctionnelle
Si l’internet est aujourd’hui souvent présenté comme une véritable « révolution » qui va donner naissance à une nouvelle société, c’est parce qu’on suppose que la technique peut changer la société. Pour bien comprendre les enjeux de l’internet, il s’agit plutôt de vérifier s’il existe un lien entre l’évolution de ce système technique et un changement de modèle culturel ou un projet politique. Si ce n’est pas le cas, alors l’internet ne peut pas à lui seul déboucher sur une révolution communicationnelle et encore moins sur une nouvelle société.
Aussi pertinentes soient-elles, ces tentatives de délimitation des contours de la communication ne permettent pas de dépasser l’ambiguïté fondamentale de cette notion. En fait, il n’existe pas de vraie définition de cette dernière.
Symbolique du mot « communication » et idéologie du même nom
Malgré ce constat, cela n’a pas empêché de nombreux penseurs de réfléchir sur la communication, ou tout du moins sur l’un ou l’autre de ces aspects. Si on a parfois eu recours à la « raison » pour penser la communication, cette dernière est surtout porteuse d’une idéologie que le développement actuel des TIC tend aujourd’hui à renforcer encore un peu plus.
Si on parle tant aujourd’hui de communication, c’est bien sûr parce que les techniques d’information et de communication (TIC) sont partout présentes. Notre univers quotidien est désormais peuplé de satellites et d’ordinateurs, de nouvelles chaînes de télévision, de téléphone portable, du minitel, de l’internet et autres « autoroutes de l’information ». L’abondance d’ouvrages, de rapports, de discours, d’articles de presse contraste d’ailleurs avec une focalisation à la fois très nette et très dommageable sur les aspects techniques de la communication. Or, comme le remarque à juste titre Dominique Wolton, la communication, c’est aussi, et même avant tout, du lien social.
Aussi omniprésentes soient-elles, les TIC ne suffisent cependant pas à elles seules à expliquer l’abondante littérature qui accompagne leur développement. De tout temps, les techniques de communication ont en effet existé, et surtout bien avant que l’on évoque l’existence d’une hypothétique « société de l’information ». C’est pourquoi il faut chercher une autre explication à l’omniprésence de la notion de communication.
Comme nous le suggère Daniel Bougnoux dans son dictionnaire sur les Sciences de l’information et de la communication, pour comprendre le succès de ces discours, il est nécessaire de partir de la symbolique du terme de communication qui s’oppose à celui de violence. Cette alternative entre communication et barbarie, affirme Bougnoux, remonte au temps de la Grèce ancienne. Les grecs qualifiaient en effet de barbares, c’est-à-dire, étymologiquement, ceux qui parlent par borborygmes, toutes les populations qui ne parlaient pas leur langage, donc qui ne pouvaient pas communiquer avec eux et accéder, du même coup, à la raison.
Cette opposition entre communication et barbarie indique clairement que la communication n’admet pas d’adversaire et qu’on ne peut être contre, à moins d’accepter de passer pour un sauvage. C’est pourquoi, comme l’explique Philippe Breton, la communication constitue aussi la dernière et la meilleure des idéologies ou des religions de rechange : idéologie du consensus ou, dit autrement, de la conciliation universelle, elle ne connaît en effet pas d’ennemi. Se réclamer de l’idéologie de la communication revient finalement à en appeler à la communion de l’humanité toute entière à l’intérieur d’une communauté partagée.
Hélas, cet optimisme a bien sûr son revers, celui de camoufler en simples malentendus des violences trop réelles. La lutte de l’occupé contre l’occupant par exemple, mais aussi et surtout, pour reprendre un vocabulaire aujourd’hui bien daté, la lutte des opprimés contre les oppresseurs, des exploités contre les exploiteurs, ou en version actualisée à la mode bourdieusienne, des dominés contre les dominants ; cette lutte, donc, du faible contre le fort, ne sera pas réglée par une meilleure communication, dont la phraséologie envahissante constitue « l’opium de notre temps ».
Penser la société à travers le prisme de la communication
Si les propriétés symboliques du terme « communication » explique en partie l’idéologie du même nom, la plupart des chercheurs en sciences sociales sont aujourd’hui d’accord pour reconnaître que le discours qui fait de la communication une valeur centrale est historiquement daté, c’est-à-dire qu’il est le résultat d’une construction sociale dont on peut essayer de restituer la genèse et le développement.
C’est sans doute, écrit Erik Neveu, la pensée libérale qui, dès la fin du XVIIIe siècle a développé la première formulation théorique des enjeux politiques de la communication. Selon l’article 11 de la déclaration française des droits de l’homme, « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ». C’est donc bien à l’époque des Lumières que la liberté d’expression et de communication des opinions acquiert une place centrale.
L’un des grands mérites de Jürgen Habermas aura justement été de mettre en lumière dans notre perception du modèle libéral, dont les contours ont précisément été définis à cette époque, un éclairage communicationnel et non uniquement juridique. En effet, explique Neveu, là où la pensée juridique décrit l’Etat de droit avec ses seules notions - Séparation des pouvoirs, Garantie des droits, Représentation - Habermas nous invite très judicieusement à penser la construction de L’Etat de droit sous l’angle communicationnel.
Sans l’affirmation du principe de publicité et l’organisation d’un espace public où circulent les jugements et opinions sur les affaires publiques, ce sont les conditions mêmes de l’existence d’un Etat de droit qui ne sont pas réunies. L’espace public est en effet le lieu par excellence à l’intérieur duquel les opinions reçoivent une libre amplification par la presse et sont soumises à la confrontation publique. L’espace public est également, et peut-être surtout, ce lieu où les opinions sont susceptibles de pénétrer jusque dans l’appareil d’Etat par le biais du parlement pensé à la fois comme le coeur de la délibération politique et le relais des débats de la « société civile ».
Pensée au siècle des Lumières, la place stratégique des processus de communication sociale ne se démentira pas ultérieurement. D’ailleurs, la séquence historique des régimes totalitaires vient manifester a contrario la centralité du statut de la communication pour un classement et une compréhension des différents régimes politiques. L’une des principales leçons d’Orwell dans 1984, écrit Neveu, est de bien mettre en évidence que la dynamique totalitaire ne réside pas seulement dans la répression violente des paroles hérétiques, subversives. Cette dernière vise également à un mode de domination total sur les appareils de communication dans le même temps où elle brise les outils symboliques d’une pensée critique du monde social.
L’association fortement ancrée dans les esprits entre libre communication et modèle idéal de la démocratie remonte, comme nous venons de le voir, au développement de la pensée libérale dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Cette affinité entre la pensée libérale et les discours sur la communication explique sans doute en partie le succès actuel de l’idéologie de la communication.
Toutefois, si l’on en croit Philippe Breton, le discours qui fait de la communication une valeur centrale à laquelle il est nécessaire de recourir systématiquement pour résoudre toutes sortes de problèmes sociaux et économiques est, lui, d’apparition historique plus récente. Selon lui, ce qu’on appelle l’idéologie de la communication est née en occident dans les années comprises entre 1940 et 1950.
L’origine de cette nouvelle idéologie serait à chercher dans la création d’une nouvelle science, la cybernétique, dont le père fondateur est le mathématicien Norbert Wiener. Ce dernier a commencé par critiquer la méthode traditionnelle des sciences classiques. Ces dernières, affirme-t-il, ne sont pas satisfaisantes car elles s’interrogent exclusivement sur ce que contiennent les phénomènes qu’elles étudient, sur l’intérieur des objets. Or, pense-t-il, ce qui compte le plus, ce sont les relations qu’entretiennent les phénomènes entre eux. Selon Wiener, les relations qui existent entre les phénomènes doivent être considérées non pas comme un aspect parmi d’autres, mais comme étant intégralement constitutives du mode d’existence des phénomènes eux-mêmes.
D’où la proposition épistémologique suivante : le réel peut tout entier s’interpréter en termes d’information et de communication.
La portée de cette rupture paradigmatique constitutive de la cybernétique est double : la nouveauté n’est pas tant que soient mis en scène l’information et le mouvement de son échange comme nouvel objet de science mais bien que ce mouvement d’échange d’information soit présenté comme constitutif intégralement des phénomènes aussi bien naturels qu’artificiels. Là est l’origine de la notion moderne de communication qui constitue la base ultérieure du discours utopique sur la communication.
Peut-on « rendre raison » aux phénomènes de communication ?
Deux constats s’imposent à nous. Premièrement, sans doute en raison du caractère flou de cette notion, la communication est aujourd’hui omniprésente. On ne peut pas échapper à l’injonction communicationnelle. Deuxièmement, si la communication tend effectivement à occuper une place de plus en plus importante dans nos existences, elle semble également avoir été élevée au rang de nouvelle idéologie dont la force principale est qu’on peut difficilement s’opposer ouvertement à elle.
Toute la difficulté réside aujourd’hui dans le fait qu’on s’imagine pouvoir régler les conflits par une meilleure communication. Or cette croyance est non seulement illusoire mais également dangereuse, dans la mesure ou cela revient à nier que toutes les sociétés sont traversées par une multitude d’antagonismes bien réels qui renvoient à des conflits d’intérêts, donc à des rapports de force au sein desquels la communication ne peut occuper qu’une place trompeuse ou dérisoire.
D’où la question suivante : face au succès actuel de l’idéologie de la communication, vers qui se tourner pour en démonter la mécanique et en dénoncer les effets néfastes ?
Au regard de notre évocation sommaire de la cybernétique, il ne fait aucun doute que la frontière entre la « pensée communicationnelle » et l’utopie du même nom est parfois très poreuse. Ce sont hélas souvent les mêmes penseurs qui réfléchissent aux phénomènes de communication et qui sont à l’origine des discours les plus utopiques sur ces derniers.
Bibliographie
Bougnoux Daniel, Sciences de l’information et de la communication, éditions Larousse, 1993.
Bougnoux Daniel, Introduction aux sciences de la communication, éditions La Découverte, 1998.
Breton Philippe, L’utopie de la communication, éditions La Découverte, 1995.
Mattelart Armand et Michèle, Histoire des théories de la communication, éditions La Découverte, 1995.
Wolton Dominique, Penser la communication, éditions Flamarion, 1997.