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> c’est du brutal

19 août 2004, 09:56, par lepetitnicolas

ça finit par produire ça, l’homophobie au quotidien.
ce n’est pas un cas isolé. jusqu’ici, aucun homo n’a encore
agressé un couple d’hétéros sur un de leurs "lieux de rencontre" (c’est-à-dire partout, pour les hétéros).

Un étudiant homo agressé sauvagement à Marseille

David a été attaqué par un groupe de jeunes, vendredi soir au Prado.
Par Didier ARNAUD

jeudi 19 août 2004 (Liberation - 06:00)

endredi soir, quartier de Saint-Giniez à Marseille. David, 26 ans, étudiant en AES, et son ami Alain, qui mesure 1,95 mètre, se promènent au Prado. On est à quelques pas du parc Borély, du parking de l’école de danse et de la cité Etienne-Milan, hauts lieux de rencontre nocturne de la cité phocéenne. On y croise des hommes qui cherchent des hommes. Plus loin, c’est un lieu prisé par les échangistes. Le quartier, de l’avis d’un connaisseur, est « assez chic, arboré, on peut facilement s’y planquer ». Un autre Marseillais le décrit comme un secteur assez « chaud ».

Course poursuite. Pour David, ce soir-là, c’est allé bien au-delà de l’adjectif. « Nous marchions dans la cité Etienne-Milan, quand un groupe de huit à dix jeunes déboule entre deux immeubles, a écrit David dans un communiqué, qui a servi au dépôt de plainte. Ils sont âgés de seize à vingt ans. Vu leur agressivité à mon égard, je prends peur et me mets à courir pour tenter de rejoindre ma voiture. » Alain connaît David, il sait qu’il court vite. Il pense qu’il va pouvoir les semer. Il ne s’inquiète pas outre mesure.

Mais David ne connaît pas bien le quartier. Il se retrouve rapidement dans une impasse. Et ses agresseurs s’en donnent à coeur joie. Ils lui tombent dessus, le passent à tabac. Courageusement, à huit contre un, en lui lançant notamment : « Sale pédé, on va t’arranger. » La violence des coups ne lui laisse aucune chance. Ils le frappent à l’aide de casques de moto et de barres de fer. Ils se concentrent sur le visage. Bilan : nez cassé, quadruple fracture à la mâchoire, pommette enfoncée. « Cela a été très violent, note une source proche de l’enquête. Il a toute la face cassée. » « Ils l’ont laissé raide mort, il avait perdu connaissance », complète l’avocat de David, Alain Molla.

Gueule cassée. Alain, l’ami de David, qui devait être entendu hier, a rapidement alerté d’autres homosexuels qui se trouvaient sur place, pour leur demander de l’aider à le rechercher. Finalement, trois jeunes qui « sortent d’une voiture » alerteront les secours. David a été conduit à l’hôpital Sainte-Marguerite par les pompiers. Hier, il devait subir une opération de chirurgie maxillo-faciale à l’hôpital de la Timone. « Il aura les mâchoires collées pendant quatre semaines. Je ne sais pas s’il pourra bouger les lèvres », dit un de ses proches, qui ajoute qu’il n’a pas de lésion au cerveau, mais l’oeil gauche bien amoché. David doit s’alimenter en mangeant des bouillies à la paille.

Il a porté plainte mais son avocat veut rester « prudent » sur le caractère homophobe de l’agression. Même si, selon lui, « avant les coups il y a peu de mots, il n’y a pas de mobile, pas de vol et cela se passe sur les lieux de drague homosexuelle : c’est une agression qui sent de très près l’agression homophobe ». Il avait un portefeuille, un téléphone portable avant l’agression. Après aussi. Une enquête préliminaire a été ouverte, pour « violence volontaire en réunion avec armes ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours ». En l’occurrence un mois.

La semaine dernière (Libération du 13 août), une agression de voisinage avait eu lieu dans le quartier du Panier, mais son caractère homophobe restait plus que sujet à caution. Ce type d’agression « n’arrive pas toutes les semaines, mais reste ponctuelle », précise une source policière. L’avocat : « Ce n’est pas une caractéristique marseillaise, même s’il y a un machisme ambiant, l’homophobie ne s’y exprime pas plus qu’ailleurs. »

Insultes. Pourtant, le communiqué rédigé par les amis de David fait état d’une autre agression « dernièrement » dans le même quartier, et de témoignages où il est question d’« insultes, de jets de pierre et crachats » auprès d’homosexuels. Dans ce quartier, les riverains se disent « excédés » par les allées et venues des voitures et de ceux qui les conduisent. « Nous prenons l’affaire au sérieux dès lors qu’il s’agit d’une atteinte à personne d’une particulière gravité », a expliqué une source judiciaire. Qui a ajouté : « L’enquête doit permettre d’identifier les auteurs et de déterminer le mobile. »

Le responsable de la Ligue des droits de l’homme de Marseille, Philippe Dieudonné, s’est déclaré « choqué de ce qui vient d’arriver ». Il a ajouté : « Nous sommes profondément révoltés de cette barbarie pratiquée par des jeunes et cette haine homophobe. »